Dix-sept arrestations au lendemain du coup d’État manqué en Bolivie – .

Dix-sept arrestations au lendemain du coup d’État manqué en Bolivie – .
Dix-sept arrestations au lendemain du coup d’État manqué en Bolivie – .

Dix-sept personnes ont été arrêtées et présentées au public par la police bolivienne le jeudi 27 juin 2024.

AFP

Les autorités boliviennes ont présenté jeudi des détenus menottés devant les médias, annonçant 17 arrestations à la suite du coup d’Etat manqué dans un pays en proie à une grave crise économique.

La tempête institutionnelle n’a soufflé que quelques heures, mais suffisamment pour révéler la fragilité du pays à l’heure où les appétits s’aiguisent pour la présidentielle de 2025. Les motivations du chef de l’armée, Juan José Zuniga, qui avait déployé hommes et véhicules blindés sur la place Murillo, face au Parlement et au palais présidentiel, restent floues.

Avant son arrestation par la police, puis celle du chef de la Marine, Juan Arnez Salvador – les deux hommes sont poursuivis pour « soulèvement armé et terrorisme » et risquent jusqu’à vingt ans de prison – le général Zuniga avait déclaré vouloir « une restructuration » démocratie, en faire une vraie démocratie (…) Pas celle de quelques-uns, pas celle de quelques maîtres qui ont gouverné le pays pendant trente ou quarante ans.»

« Prévu depuis mai »

Il a également affirmé avoir agi sur ordre du chef de l’Etat qui lui demandait de « mettre en scène quelque chose pour accroître sa popularité ». Le président Arce, dégradant le général Zuniga et investissant mercredi un nouveau commandement des forces armées, a affirmé au contraire qu’il s’agissait d’une « tentative de coup d’État de la part de soldats qui salissent l’uniforme ».

Son ministre du Gouvernement (Intérieur), Eduardo Del Castillo, a fustigé « deux militaires putschistes qui voulaient détruire la démocratie ». Jeudi, il a présenté aux médias 15 autres personnes arrêtées, menottées, encerclées par la police. “Cette opération était prévue depuis le mois de mai”, a-t-il précisé, précisant que trois autres suspects étaient recherchés.

Selon Eduardo del Castillo, le plan visant à renverser Luis Arce « a été mené par Juan José Zuniga et Juan Arnez ». Les Nations Unies ont appelé jeudi à « une enquête approfondie et impartiale sur les allégations de violence ».

“C’est un ordre”

Même si l’ordre institutionnel n’a que légèrement vacillé, des images fortes demeurent. Celle d’une porte du palais présidentiel forcée par un véhicule blindé et l’entrée dans la foule du général Zuniga, la sécurisation de la place et les tirs de gaz lacrymogènes par les militaires, blessant huit personnes, et les images de la conversation entre Luis Arce et Juan José Zuniga, diffusés par la présidence.

« Je suis votre capitaine (…) ramenez toute la police militaire à sa caserne (…) retirez toutes ces forces maintenant. C’est un ordre général, tu ne vas pas m’écouter ? Le président Arce réprimande alors. Le général le regarde et répond par un « non » catégorique.

Après le retrait des militaires de la place Murillo, le président Arce est apparu sur le balcon du palais présidentiel pour saluer la foule qui s’y était rassemblée. « Personne ne peut nous enlever la démocratie que nous avons conquise », a-t-il scandé. Les condamnations des actions du général Zuniga ont afflué de tous les pays d’Amérique du Sud, ainsi que d’Espagne, de France et des États-Unis.

La Russie, qui avait reçu Luis Arce, rare visite d’un chef d’Etat étranger dans le pays depuis le déclenchement du conflit avec l’Ukraine en février 2022, a souligné jeudi sa “solidarité avec la Bolivie, pays frère et partenaire fiable et stratégique”, selon le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Crise économique et querelles politiques

Mais pour Gustavo Flores-Macias, de l’Université Cornell aux États-Unis, « le fait que le coup d’État ait échoué ne signifie pas que la situation en Bolivie soit résolue, au contraire : c’est le symptôme d’un mécontentement très important qui existe dans de larges secteurs ».

Car cet épisode intervient dans un contexte de fortes turbulences économiques provoquées par la chute des revenus due à la faible production de gaz, sa principale source de devises jusqu’en 2023, une flambée des prix et une rareté du dollar provoquant la colère des commerçants de tous. tandis qu’une pénurie de carburant allonge les files d’attente devant les stations-service.

Et surtout, en toile de fond, le conflit entre Luis Arce et son mentor politique, l’ancien président Evo Morales (2006-2019), tous deux désireux de se présenter au nom du parti au pouvoir, le Mouvement vers le socialisme (MAS), à l’élection présidentielle de 2025.

(AFP)

 
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