Kaja Kallas, une Estonienne qui ne mâche pas ses mots face à Vladimir Poutine

Kaja Kallas, une Estonienne qui ne mâche pas ses mots face à Vladimir Poutine
Kaja Kallas, une Estonienne qui ne mâche pas ses mots face à Vladimir Poutine
Lors du sommet européen de jeudi, les Vingt-Sept devraient confirmer le choix de l’ancien Premier ministre portugais pour succéder à Charles Michel, à la présidence du Conseil européen.

Kaja Kallas, qui a été députée européenne de 2014 à 2018 (trois ans après son entrée en politique en Estonie en tant que parlementaire), connaît bien les arcanes européennes. La politique est même une affaire de famille pour les Kallas : son père Sim a été commissaire européen aux Transports entre 2010 et 2014 (et Premier ministre en Estonie entre 2002 et 2003, après avoir dirigé plusieurs ministères dans son pays).

Fille et petite-fille de déportés au goulag

Fille et petite-fille de déportés du goulag en Sibérie (sa mère n’avait que six mois lorsque sa propre mère fut mise dans un wagon à bestiaux en 1940, comme des milliers d’autres Estoniens), Kaja Kallas n’hésite pas à plaider la cause de l’Ukraine dans un Union parfois timide, sur la question de l’aide militaire ou de l’adhésion de Kiev, au tout début de l’invasion russe le 24 février 2022. Une posture qui lui a permis d’atteindre le sommet de sa popularité au printemps 2022, commente Bartosz Chmielewski, analyste à l’Union. « Center for Oriental Studies », OSW, un groupe de réflexion polonais : “Le public a apprécié l’image d’un Premier ministre s’exprimant dans les salons européens, soutenant les efforts des Ukrainiens, souvent au mépris du courant dominant européen, et déplaçant le centre de gravité du débat pour aider l’Ukraine.”

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Sa nomination européenne tomberait à point nommé, alors que sa cote s’est dégradée en Estonie. La faute en revient à une série de réformes impopulaires impliquant de nouveaux impôts et à un récent scandale qui a touché son mari, une personnalité bien connue du pays. Le média de service public ERR a en effet révélé à l’été 2023 qu’Arvo Hallik détenait une participation de 25 % dans une société qui continuait indirectement à commercer avec la Russie. Une information qui cadre mal avec les plaidoiries de son épouse évoquant un « Etat sponsor du terrorisme » quand elle parle du voisin russe. « Pour une grande partie des Estoniens, il était inacceptable qu’elle puisse tolérer en privé ce qu’elle critiquait publiquement. » souligne Bartosz Chmielewski. Pour Kaja Kallas, reconduite à la tête de l’exécutif en mars 2023, et dont 71% des personnes interrogées jugeaient huit mois plus tard qu’elle ferait bien de démissionner, une fuite de Bruxelles pourrait s’avérer salvatrice.

 
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