L’efficace Ursula von der Leyen cultive l’art d’apparaître sur la photo

L’efficace Ursula von der Leyen cultive l’art d’apparaître sur la photo
L’efficace Ursula von der Leyen cultive l’art d’apparaître sur la photo

Les qualificatifs »bon”, ” solide”positif”remarquable” rentre dans la conversation lorsqu’il s’agit de faire le point sur le travail que le conservateur allemand né à… Bruxelles, il y a 65 ans, a accompli à la tête de la Commission. C’est pourquoi les chefs d’Etat et de gouvernement devraient la désigner pour un second mandat, lors du sommet européen qui se tiendra ces jeudi et vendredi à Bruxelles.

Conservateurs, socialistes et libéraux s’accordent sur les postes les plus importants en Europe, y compris la présidence de la Commission pour Ursula von der Leyen

Une capacité de réaction bienvenue

« Elle a su gérer avec brio les crises majeures qu’a traversées l’Union, sans doute la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale », constate avec admiration un diplomate européen. La Commission von der Leyen a réagi rapidement, dans divers domaines, à la pandémie de Covid-19 qui a paralysé l’Europe (et le monde) dès le début de l’année 2020. Grâce aux contacts étroits de l’atlantiste allemand avec Washington, l’exécutif européen avait déjà commencé à travailler sur des paquets de sanctions contre la Russie, avant même que celle-ci n’attaque l’Ukraine le 24 février 2022. L’exécutif européen a également travaillé avec diligence pour élaborer des plans visant à réduire autant que possible la dépendance de l’UE aux hydrocarbures russes.

Ursula von der Leyen dans la course pour lui succéder à la tête de la Commission : un soutien important et une difficulté, source d’incertitude

Les chefs d’Etat et de gouvernement veulent que “Bruxelles” soit non pas un problème, mais une solution.»complète un initié du Parlement européen. Le Dr von der Leyen a prouvé qu’elle pouvait y parvenir. Notre premier interlocuteur constate par ailleurs que même après s’être mise en mode « gestion de crise » dès le début de son mandat, la Commission a poursuivi son agenda législatif très copieux. Elle a proposé des dizaines de textes législatifs dans le cadre du Green Deal, des textes encadrant les géants du numérique et l’intelligence artificielle, le pacte sur la migration et l’asile, etc.

L’exercice très solitaire du pouvoir

Le mérite revient bien sûr à son président. Même si, avec beaucoup d’écho, se font entendre les critiques d’un exercice du pouvoir extrêmement solitaire et centralisé. L’ancienne ministre d’Angela Merkel est arrivée à Bruxelles avec sa garde rapprochée de compatriotes, dont son chef de cabinet historique, Bjorn Seibert, et son responsable de la communication Jens-Alexander Flosdorff, auxquels elle a ajouté la Française Stéphanie Riso. Difficile pour ceux qui n’étaient pas au courant d’être informés des projets du président. Le collège des commissaires se retrouve fragilisé. Certains de ses membres ont éprouvé les pires difficultés à y trouver leur place, asphyxiés par la manière d’agir de « l’omniprésident ». “En termes de collégialité, d’animation, d’échanges de vues, ce n’était pas ça. »admet une source communautaire.

Cette centralisation des pouvoirs fait grincer des dents d’autant plus qu’Ursula von der Leyen a tendance à s’approprier les réussites nées du travail collectif. “Elle a la capacité de prendre la visibilité du moment”, glisse ironiquement la même source. Quitte à outrepasser ses fonctions en octobre 2023, lorsqu’elle a tenu en Israël des propos sur le conflit au Moyen-Orient qui s’écartaient de la ligne fixée par le Conseil européen. Cette propension de la présidente de la Commission à rechercher la meilleure place sur la photo explique, en partie, l’âpre rivalité institutionnelle et personnelle qui l’opposa depuis cinq ans au président du Conseil européen, Charles Michel, lui aussi en quête de lumière. LE portail de canapé n’aura été que la pointe de l’iceberg de leur antagonisme.

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Le combat n’a pas tourné à l’avantage du Belge. UvdL qui, outre son allemand natal, manie l’anglais avec aisance et est plus qu’une illusion en français, gère sa communication avec un soin jaloux. Pendant cinq ans, elle a évité les interviews autres que les interviews de groupe, et n’a que très rarement trouvé le chemin de la salle de presse du Berlaymont. En revanche, cela a accru les (effets des) annonces dans les vidéos postées sur les réseaux sociaux.

Ursula von der Leyen vit au bureau, presque littéralement : elle a installé un appartement au 13e étage du Berlaymont, à côté de son bureau. Connue pour être une bourreau de travail, cette mère de famille nombreuse – sept enfants nés entre 1987 et 1999 – ne revient qu’occasionnellement chez elle, à Hanovre. Est-elle vraiment la meilleure personne pour ce poste ? Le Parti populaire européen (PPE), sa famille politique, n’en était que partiellement convaincu lorsqu’il a dû choisir son candidat à la présidence de la Commission. Ursula von der Leyen n’a obtenu que 400 des 499 suffrages exprimés, sur un total de 793 votants potentiels. Les dirigeants des Vingt-Sept répondront à la question par l’affirmative – mais peut-être pas à l’unanimité.

Pour être investi, l’UvdL devra encore réunir une majorité d’au moins 361 voix sur 720 au Parlement européen le 18 juillet. Tout sauf une formalité, en raison du rétrécissement de la « majorité von der Leyen » formée par le PPE, les socialistes et démocrates et les libéraux et centristes de Renew lors de la législature précédente. Le fait que sa nomination fasse partie d’un ensemble – qui inclut également le socialiste portugais Costa pour la présidence du Conseil européen et le libéral estonien Kallas pour diriger la diplomatie européenne – devrait jouer en sa faveur, tout comme son bilan.

La capacité de réaction de « l’UvdL » est saluée. Le doute persiste cependant quant à sa capacité à faire de la Commission le moteur de la transformation de l’Union exigée par les bouleversements de l’ordre mondial. Certaines voix déplorent que la possibilité de nommer l’ancien président de la Banque centrale européenne et ancien Premier ministre italien Mario Draghi n’ait pas été explorée. Les Vingt-Sept préfèrent l’option von der Leyen, gage d’efficacité en l’absence d’audace. “Cela correspond au niveau d’ambition des chefs d’État et de gouvernement pour l’Europe »grince une source européenne.

 
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