Pourquoi de nombreux journaux européens fêtent-ils leur 80e anniversaire en 2024 ? – .

Pourquoi de nombreux journaux européens fêtent-ils leur 80e anniversaire en 2024 ? – .
Pourquoi de nombreux journaux européens fêtent-ils leur 80e anniversaire en 2024 ? – .

Le Monde, Le Parisien, Le Télégramme, Sud-Ouest, Midi libre, de nombreux quotidiens français fêteront leurs 80 ans avec des articles et des livres percutants à l’automne prochain. Tous ces titres furent créés à la Libération pour remplacer une presse jugée collaborationniste. Le cas de la presse française est unique en Europe. Après la Seconde Guerre mondiale, en Belgique, aux Pays-Bas, au Danemark et dans d’autres pays occupés par les nazis, et même en Italie, la presse fut purgée des dirigeants et des journalistes qui collaboraient, mais les journaux et les entreprises retrouvèrent leur état d’avant-guerre. les propriétaires. Ainsi, à côté d’une presse issue de la résistance, la plupart des grands quotidiens de ces pays, fondés au XIXe siècle, ont repris leur vie ordinaire après la parenthèse fasciste ou nazie. Citons comme exemples parmi tant d’autres : en Belgique, Le Soir (1887), La Libre Belgique (1884), Het Laatste Nieuws (1888), aux Pays-Bas, De Telegraaf (1897), au Danemark, Ekstra Bladet (1905) , en Italie, La Stampa (1867), Corriere della Sera (1876).

Prendre le contrôle de la presse française

La France fait partie du camp des gagnants, mais il y a beaucoup de perdants. Après la libération, il fallut donc procéder à une épuration et une réorganisation, afin de laisser la place aux organes de presse issus de la Résistance. Pour les résistants, si la France a été vaincue en 1940, si elle a collaboré avec l’occupant, c’est en partie parce que la presse n’a pas su préparer le peuple au combat. Elle est perçue comme corrompue et vénale, ne pensant qu’au profit, séduisant les clients par l’artifice, et ayant oublié son noble rôle de gardienne de la démocratie et d’éducatrice du peuple.

Fin 1943, la Commission de Presse du Comité Général d’Etude de la Résistance précisait déjà : « Pour assurer la dignité et l’indépendance de la presse : 1. Un journal doit vivre au grand jour, faire contrôler ses comptes par l’État, publier son bilan ; 2. Un journal doit être financé par une masse de petits actionnaires et non par quelques grands sponsors ; 3. Un journal doit appartenir à un groupe politique ou idéologique et non à un groupe d’actionnaires ; 4. Un journal ne doit pas être considéré comme une entreprise industrielle ou commerciale, il doit s’abstenir de réaliser des bénéfices. Il faut donc, selon le député et ancien responsable de presse au sein de la Résistance Francisque Gay, « Ne laissez pas l’argent s’emparer de la presse d’une France rénovée. La suppression des journaux indignes s’est faite en un seul jour dans toute la France. »

À partir de 1944, des arrêtés du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), puis des lois de 1946, réglementent la presse, ainsi que la radio, nationalisée, l’agence Havas remplacée par l’Agence France Presse et le cinéma.

Les ordonnances de la Libération

L’ordonnance du 6 mai 1944 rétablit la liberté de la presse selon la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et la loi du 29 juillet 1881. Toutefois, en attendant la fin de la guerre, elle institue une autorisation préalable, accordée par le préfet ou le ministre de l’Information. L’arrêté du 15 juin 1945 supprime le contrôle préventif, mais les informations militaires restent soumises à la censure. L’ordonnance du 12 octobre 1945 abroge cette disposition et supprime définitivement la censure.

L’arrêté du 22 juin 1944 reprend les dispositions du « Carnet bleu » élaboré par la Résistance métropolitaine : il fixe les modalités de suspension des titres de presse ayant commencé ou continué à paraître plus de quinze jours après l’occupation, soit le 25 juin 1940 pour la zone Nord et 26 novembre 1942 pour la zone Sud. L’ordonnance décrète la mise sous séquestre des actifs des sociétés éditant un titre suspendu, la réquisition des imprimeries de presse, des sociétés de publicité et de distribution, ainsi que la dissolution des organismes de presse et d’information. Les biens réquisitionnés sont mis à disposition de la nouvelle presse.

Plus tard, l’ordonnance du 30 septembre 1944 rendit définitive l’interdiction des titres suspendus, les maisons d’édition furent soumises à des poursuites judiciaires d’office et l’ordonnance transféra le patrimoine de presse des administrateurs provisoires à l’administration des Successions. Ces dernières peuvent louer, sous-louer et conclure des contrats d’impression. La loi du 11 mai 1946 organise la transmission, la dévolution, la répartition et l’attribution des biens des sociétés de presse dont les titres ont été interdits. Le transfert des biens confisqués est confié à la Société nationale des entreprises de presse (SNEP), établissement public à caractère industriel et commercial. Il accorde la propriété ou l’usage de biens aux sociétés de presse autorisées.

Interdiction de 188 quotidiens

Il faudra ensuite attendre près de dix ans pour que la loi Moustier du 2 août 1954 règle définitivement les différends entre les anciens propriétaires et les nouvelles sociétés de presse : toutes les interdictions et toutes les décisions de transfert sont validées. Auparavant, les ordonnances de 1944 et les lois ultérieures avaient conduit à un transfert presque complet des entreprises médiatiques. Les anciens journaux, sauf ceux qui ont été rapidement sabordés, sont pour la plupart interdits, les nouveaux journaux doivent être constitués d’équipes de résistants, de partis politiques, d’associations, etc., sur des bases politiques. Au total, 188 des 206 quotidiens parus avant la guerre furent interdits, 221 autorisations de publication furent délivrées entre août 1944 et la loi du 28 février 1947 qui supprima l’autorisation de publier. Fin 1948, en application de l’ordonnance du 5 mai 1945, 538 sociétés de presse furent poursuivies, 393 bénéficièrent d’un licenciement ou d’un classement, 115 furent condamnées à la confiscation totale ou partielle, 30 acquittées et 35 procès sont encore pendants. cours d’enseignement à Paris. Il ne reste qu’une poignée de quotidiens nés avant la guerre : à Paris, Le Figaro, Les Échos, La Croix (autorisée en avril 1945 bien qu’ayant paru jusqu’en juin 1944), L’Humanité, Le Populaire, L’Aube, et aux provinces, Le Progrès (Lyon), L’Est républicain (Nancy), Le Républicain lorrain (Metz), Le Bien public (Dijon) et La Montagne (Clermont-Ferrand).

Les nouveaux médias et leur avenir

À la fin de la guerre, alors que la France sort de quatre années de censure et de propagande, la volonté d’organiser le pluralisme par l’État fait l’unanimité dans l’opinion publique. En 1945-46, 39 quotidiens paraissent à Paris et plus de 200 en région. Le tirage atteint 14 millions d’exemplaires en 1946, mais cinq ans plus tard il tombe en dessous de 10 millions.

The political commentary dailies decline and die one after the other (Ce Matin, Résistance, Le Pays, Paris-Matin, Cité-Soir, Libération-Soir, Libres, Front national, etc., soon followed by L’Aube, Le Populaire, then Libération and finally Combat in 1974), while the newspapers prospered which responded to readers’ demands for information and current affairs by slipping into the clothes of their predecessors: Ouest-France after Ouest-Eclair, Nice-Matin after Le Petit Niçois, Sud-Ouest after La Petite Gironde, Le Parisien Liberé after Le Petit Parisien, Le Monde after Le Temps, France-Soir after Paris-Soir, etc. These are all these titles which are celebrating their 80th anniversary this year.

La version originale de cet article a été publiée le La conversation

 
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