Au Bangladesh, la mer engloutit les terres à l’un des rythmes les plus rapides au monde

Au Bangladesh, la mer engloutit les terres à l’un des rythmes les plus rapides au monde
Au Bangladesh, la mer engloutit les terres à l’un des rythmes les plus rapides au monde

La faute à l’élévation du niveau de la mer au Bangladesh, à l’un des rythmes les plus rapides au monde, révèle une étude. Dans les zones côtières densément peuplées de ce pays d’Asie du Sud, “plus d’un million de personnes pourraient devoir être déplacées” d’ici 2050, au rythme actuel, selon ces travaux publiés le mois dernier.

“Peu de pays subissent les effets profonds et divers du changement climatique avec autant d’acuité que le Bangladesh”, a écrit Abdul Hamid, directeur général du ministère de l’Environnement du Bangladesh, dans l’étude.

S’appuyant sur des données satellitaires collectées pendant un quart de siècle par l’agence spatiale américaine NASA et son homologue chinoise CNSA, les chercheurs ont établi que ce pays de basse altitude connaissait par endroits une élévation du niveau de la mer de plus de 60 %. significative que la moyenne mondiale.

« Un message clair »

Sur la planète, l’élévation du niveau de la mer ne se produit pas de manière uniforme, principalement en raison du champ gravitationnel inégal de la Terre et des variations de la dynamique des océans. Les augmentations supérieures à la moyenne observées au Bangladesh sont le résultat de plusieurs facteurs, notamment la fonte des calottes glaciaires, l’augmentation des volumes d’eau due au réchauffement des océans et de grandes quantités d’eau douce s’écoulant dans le golfe du Bengale à chaque mousson, selon AKM Saiful Islam, qui a réalisé ce travail.


AKM Saiful Islam est membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et l’un des auteurs de cette étude sur l’élévation du niveau de la mer au Bangladesh.

MUNIR UZ ZAMAN/AFP

Au cours des dernières décennies, la montée du niveau de la mer sur les côtes bangladaises a été de 4,2 à 5,8 mm par an, contre 3,7 mm par an en moyenne sur la planète, note ce membre du Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique (GIEC).

L’étude donne “un message clair”, selon le chercheur : les décideurs politiques doivent se préparer à limiter les conséquences du phénomène et s’y adapter.

Même dans les puits et les lacs

Les zones côtières du Bangladesh ont généralement une altitude d’un ou deux mètres seulement. Les tempêtes contribuent à amener l’eau de mer sur la terre ferme, qui se précipite ensuite dans les puits et les lacs et détruit les récoltes.

“Lorsque la hausse est plus importante, l’eau de mer s’infiltre dans nos maisons et nos terres”, explique Ismail Howladar, un agriculteur de 65 ans cultivant du riz, des poivrons, des patates douces et des tournesols. « Cela ne nous apporte que des pertes. »


La mer gagne chaque année, malgré les mesures prises pour l’empêcher d’avancer.

MUNIR UZ ZAMAN/AFP

Shahjalal Mia possède un restaurant et voit la mer « gagner du terrain » chaque année. Mais « s’il n’y a plus de plages, il n’y aura pas de touristes », prédit-il.

Cyclones et canicules plus violents

Au Bangladesh, les menaces augmentent. Au-delà du niveau de la mer, les cyclones, qui ont tué des centaines de milliers de personnes au cours des dernières décennies, deviennent plus fréquents, violents et persistants en raison du changement climatique, estiment les experts. Les vagues de chaleur se font également de plus en plus fortes.

Lors de canicules, faisant parfois dépasser les 40 degrés Celsius au thermomètre, « notre corps ne supporte pas ça »

A 63 ans, M. Mia dit avoir vu les cyclones s’aggraver, avec « deux, trois, voire quatre » occurrences de ce phénomène chaque année.

Quant aux températures en période de canicule, conduisant le thermomètre à dépasser parfois les 40 degrés Celsius, « notre corps ne peut pas supporter ça ».

Trop tard pour les plus pauvres ?

Le Bangladesh est l’un des États les plus vulnérables au changement climatique, selon l’Indice mondial des risques climatiques (CRI). En avril, le pays de quelque 170 millions d’habitants a connu le mois le plus chaud de son histoire. Puis, en mai, un cyclone, l’un des plus persistants et des plus rapides observés au Bangladesh, a tué au moins 17 personnes et détruit 35 000 maisons, selon l’agence météorologique gouvernementale.

Ainun Nishat, spécialiste du changement climatique à l’Université Brac de Dhaka, déplore que les plus pauvres paient le prix des émissions de carbone des pays les plus riches.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV images d’inondations torrentielles qui ont déjà fait un mort
NEXT cette menace venant du Maghreb… un retour de bâton ? – La Nouvelle Tribune – .