minimisé, frustrant et fatiguant – rts.ch

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La dyslexie, la dysorthographie et la dyscalculie, regroupées sous le terme de troubles spécifiques des apprentissages, touchent 5 à 7 % des enfants d’âge scolaire. Il s’agit de troubles neurodéveloppementaux présents dès la naissance et persistant jusqu’à l’âge adulte. Leur impact est souvent minimisé dans l’opinion publique.

Dans le podcast Dingue, Mélody (pseudonyme), étudiante en Master à l’université, raconte comment elle vit avec la dyslexie, la dysorthographie et la dyscalculie. Elle décrit ses sentiments lorsqu’on lui fait comprendre que son orthographe est fausse : « Les gens ne sont pas tolérants, ils ne m’aident pas. C’est très humiliant.

Nous associons une bonne orthographe à une bonne éducation et à une bonne intelligence. Cependant, les troubles d’apprentissage spécifiques ne sont pas liés à l’intelligence ou à l’éducation. Cette stigmatisation peut avoir un impact très profond sur l’estime de soi.

Les « Dys » estime de soi

Luigi Viandante, psychologue et responsable de la consultation spécialisée pour le développement et les apprentissages scolaires au CHUV, explique : « Ce sont des enfants qui vont être très impactés en termes d’estime de soi, car ils sont confrontés à des échecs et pour certains, se sentent stupides, se sentent sans valeur.”

Même si Mélody a été repérée très tôt, dès sa première année scolaire, et a bénéficié de la gentillesse de ses professeurs, l’école n’a généralement pas été enrichissante pour elle, contrairement à sa relation avec son orthophoniste : « Elle m’a dit que, quand on est dyslexique, vous apprenez à développer des moyens de contrer les difficultés que les autres ne développeront pas. Cela me valorisait et j’en avais besoin car à l’école, nous étions particulièrement mis au défi. mes mauvaises notes.

Très jeune, on m’a toujours dit que les études longues seraient très difficiles. Et quelqu’un m’a clairement dit : tu es dyslexique, tu n’iras pas à l’université

Mélodie*

Mélody ne compte plus le nombre de médecins et de spécialistes qu’elle a rencontrés depuis son enfance, mais l’un d’entre eux lui a laissé un souvenir impérissable : « Très jeune, on me disait toujours que des études longues seraient très difficiles. Et quelqu’un m’a clairement dit : tu es dyslexique, tu n’iras pas à l’université. Alors, quand j’ai commencé l’université, j’avais un gros syndrome. imposteur, je ne me sentais pas du tout légitime.

Outre le monde académique, Mélody estime aussi que ses troubles ont un impact sur son quotidien : « Hier encore, je me suis trompée d’endroit car je me suis trompé de numéro dans la rue, soit je suis arrivée 2 heures avant, soit je me suis trompée de numéro. se tromper de bus au quotidien, c’est du temps que l’on perd, c’est de l’énergie donnée pour des choses qui ne servent à rien.

Un « dys » fonctionnement des automatismes

Accomplir une tâche ou une compétence avec fluidité sans avoir à y penser consciemment s’appelle l’automatisme. Apprendre à conduire une voiture illustre bien une compétence qui, au début, accapare toutes nos ressources cognitives et qui, au bout d’un certain temps, devient automatique.

Pour prendre un exemple plus académique et fondamental, si la lecture n’est pas automatique, alors elle devient très fatiguante. Surtout, puisqu’une grande partie du cerveau est utilisée pour le déchiffrement, il reste peu de ressources pour comprendre le texte lu. C’est pourquoi Mélody a besoin de plus de temps que ses pairs pour accomplir le même travail. Comme le dit succinctement Mélody : « C’est fatigant et c’est frustrant. »

Les petits super pouvoirs de Mélody

Mais l’orthophoniste de Mélody ne lui a pas menti en lui disant qu’elle allait apprendre à développer des moyens de contourner les difficultés, ce qu’on appelle des stratégies de contournement. Luigi Viandante explique : « Cela permettra aux enfants de transposer leurs difficultés avec le langage écrit. Nous essaierons de trouver des moyens visuels, par exemple, pour compenser et mémoriser des informations. Cette transformation de l’information d’une modalité à une autre entraîne une certaine mobilité interne ».

Cette mobilité interne a sans doute un lien avec la créativité de Mélody, même si elle trouve des explications plus triviales : « Tout ça m’a rendu très créatif, mais parce que je m’ennuyais. Il me fallait donc bouger ou dessiner sur une feuille de papier. On m’a toujours dit que j’étais très créatif. Souvent, c’était avec un « mais » : elle n’est pas très bonne à l’école, mais elle est créative. Donc, je dirais que je suis créatif, mais suis-je créatif parce que je souffre de dyslexie ? Je ne sais pas.”

Adrien Zerbini

 
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