Le soleil est au zénith. Ici, selon les humanitaires, 100 à 1 000 réfugiés entrent en moyenne chaque jour à cause de la crise soudanaise. Sous le pont qui marque la frontière, Mahamat Adoum, agent de protection de la CNAR, la Commission nationale d’accueil des réfugiés, est assis devant son bureau, tablette numérique à la main. Il enregistre les nouveaux réfugiés et les oriente vers un kiosque sanitaire pour les premiers examens de santé : « Nous sommes là 7 jours sur 7. Nous avons accueilli aujourd’hui près de 110 familles, elles craignent l’insécurité et la famine. »
Haran Hassan Mahamat, la quarantaine, veuve et mère de 6 enfants, est une arrivée récente d’El-Djénéina, une ville du Darfour. « Nous venons d’arriver parce qu’il n’y avait aucun moyen de transport. Et là, nous n’avons rien à manger et la guerre continue, nous ne savons plus où donner de la tête. Nous avons perdu nos maris, certains ont disparu, il est difficile de communiquer avec les autres car ils vivent cachés à cause de la crise. Face à toutes ces difficultés, nous préférons venir vivre avec nos frères ici. Nous sommes même déjà inscrits. »
“Nous n’avons plus d’argent”
Le Soudan est une crise oubliée mais la situation humanitaire y reste catastrophique, prévient Laoura Lo Castro, représentante du HCR au Tchad : « Ici, nous sommes au cœur de la crise, nous ne pouvons pas échapper à l’urgence et nous n’avons plus d’argent. L’année dernière, nous avons réussi à mobiliser 40% des besoins. Aujourd’hui, nous sommes en mai et nous n’en avons que 6 %. Comment le Tchad va-t-il absorber cette population et éviter les catastrophes humanitaires », s’inquiète le représentant du HCR.
En un an, le Tchad est devenu l’un des principaux pays d’accueil au monde avec près de 600 000 réfugiés à l’Est si l’on considère le nombre de réfugiés rapporté à la population. Les autorités plaident pour un soutien accru de la communauté internationale alors que le conflit s’enlise de l’autre côté de la frontière.
