Les candidats à la nouvelle Commission européenne font leur présentation orale devant le Parlement. En première ligne, le nouveau chef de la diplomatie européenne et ancien Premier ministre estonien Kaja Kallas et l’Italien Raffaele Fitto, chargé de la cohésion territoriale.
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12 novembre 2024 – 10h59
(Keystone-ATS) Les six vice-présidents potentiels du nouvel exécutif bruxellois comparaîtront successivement devant les députés européens à Bruxelles pour des auditions d’au moins trois heures, avant d’être adoubés ou non lors d’un vote.
Kaja Kallas a commencé sa grande présentation orale en appelant l’Union à soutenir l’Ukraine « aussi longtemps que nécessaire, et avec autant d’aide militaire, financière et humanitaire que nécessaire ».
Raffaele Fitto a insisté sur le fait qu’il n’était « pas là pour représenter un parti politique ou un Etat membre », mais pour « affirmer son engagement envers l’Europe ».
Appartenant à l’extrême droite
Car la gauche et le centre ne peuvent pas digérer que M. Fitto ait obtenu le titre de vice-président alors même qu’il appartient aux Fratelli d’Italia, le parti d’extrême droite de la chef du gouvernement italien Giorgia Meloni.
“Cette vice-présidence est délicate” et suscitera “beaucoup de discussions”, prévient le centriste italien Sandro Gozi (Renew). “L’issue finale reste ouverte et incertaine.”
Les formations politiques se montrent cependant prudentes car faire tomber un rival les expose à des représailles lors de l’audition des candidats de leur camp le même jour.
Resté doit prouver sa valeur
Au centre, le macroniste Stéphane Séjourné affrontera les parlementaires à partir de 14h30. Considéré trop discret dans son précédent rôle de ministre des Affaires étrangères, le Français de 39 ans devra prouver qu’il est à la hauteur du vaste portefeuille sur la stratégie industrielle. dont il a hérité.
D’autant qu’il a été choisi à la dernière minute, mi-septembre, par le président français Emmanuel Macron qui avait initialement exprimé son intention de reconduire Thierry Breton malgré son conflit avec la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
Face à face avec la Chine et Trump
Ses responsabilités sont cruciales à l’heure où l’Europe est en plein bras de fer commercial avec la Chine et où l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis fait craindre une explosion des droits de douane pour accéder au marché américain.
Lors de son audition, le macroniste devrait également être taquiné sur l’accord de libre-échange controversé entre l’UE et les pays latino-américains du Mercosur, que la France conteste mais que la Commission semble encourager à signer.
Pour M. Séjourné, “tout ira bien, il est intelligent et connaît bien le Parlement”, estime l’eurodéputé néerlandais Dirk Gotink (PPE, droite), rappelant que le centriste y a dirigé le groupe Renew de fin 2021 à début 2024. .
Les auditions de la Roumaine Roxana Minzatu, chargée des affaires sociales, et de la Finlandaise Henna Virkkunen (souveraineté numérique) sont également jugées sans grand risque.
Ribera dans le viseur de la droite
L’Espagnole Teresa Ribera sera dans le viseur de la droite et de l’extrême droite. Le socialiste a hérité d’un important portefeuille sur la transition écologique et la concurrence.
Ministre de Pedro Sanchez, elle sera sans doute interrogée sur la situation politique en Espagne après les inondations meurtrières qui ont secoué le pays. Et ses adversaires comptent bien l’interpeller sur son opposition au nucléaire.
“Il sera attaqué”, craint le socialiste français Christophe Clergeau. Mais, ajoute-t-il, « si le PPE (la droite) tire sur Ribera, nous tirerons sur tout le collège » le 27 novembre, date du vote global sur la nouvelle équipe dirigeante qui pourrait prendre ses fonctions début décembre.
Séquelles possibles
Après les grandes audiences de mardi, l’analyste Sophia Russack du Centre d’études politiques européennes pense qu’« il pourrait y avoir des questions écrites supplémentaires ou des demandes de deuxième audience ».
Mais finalement, les commissaires « passeront tous, parce que c’est politiquement compliqué. Le PPE (à droite) est très puissant et les sociaux-démocrates ne voudront pas dénoncer Teresa Ribera.»
Dix-neuf premiers commissaires ont déjà reçu l’approbation des députés. Seul le Hongrois Oliver Varhelyi (santé et bien-être animal) attend encore que soit décidé son sort.
L’audition de cet ami proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban a suscité des critiques sur ses réticences à répondre aux questions sur l’accès des femmes à l’avortement ou sur les droits LGBT+. En 2019, trois commissaires ont été interpellées, dont la Française Sylvie Goulard.