Le revers de l’ANC en Afrique du Sud, une opportunité pour le Maroc au Sahara occidental

Le revers de l’ANC en Afrique du Sud, une opportunité pour le Maroc au Sahara occidental
Le revers de l’ANC en Afrique du Sud, une opportunité pour le Maroc au Sahara occidental
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Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’exprime après l’annonce des résultats des élections générales, à Midrand, le 2 juin 2024. ALET PRETORIUS / REUTERS

Le Maroc observe attentivement les négociations qui se déroulent en Afrique du Sud en vue de la formation d’un nouveau gouvernement. Comme Alger, Pretoria, qui a reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 2004, est un fervent soutien du Front Polisario, branche armée du mouvement indépendantiste, qui affronte Rabat depuis un demi-siècle au Sahara occidental. .

L’affaiblissement du Congrès national africain (ANC), suite aux élections générales du 29 mai, constitue de ce point de vue une bonne nouvelle pour le Maroc. Le parti du président Cyril Ramaphosa a remporté à peine plus de 40 % des suffrages, perdant pour la première fois la majorité absolue qu’il détenait au Parlement depuis 1994. Le revers est historique et les interrogations pointent déjà sur les conséquences de cette débâcle sur la politique étrangère de l’Afrique du Sud. .

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La loi prévoit un délai de quatorze jours pour former le nouvel exécutif. Reste à savoir quelle forme prendra la future coalition gouvernementale. Deux scénarios se dessinent. L’un d’entre eux consisterait en un accord entre l’ANC et le parti Economic Freedom Fighters (EFF), arrivé quatrième avec 9 % des voix. Un rapprochement qui pourrait être étendu au parti uMkhonto we Sizwe (MK), troisième avec 15%, même si son chef, l’ancien président Jacob Zuma, a posé comme condition le départ de Cyril Ramaphosa, son successeur à la tête du parti. État avec lequel les relations sont exécrables.

«Si cette coalition prenait forme, la position de l’Afrique du Sud sur la question du Sahara occidental ne changerait pas d’un iota. L’ANC et l’EFF ont déclaré dans leurs programmes électoraux qu’ils soutenaient la tenue d’un référendum. Quant au MK, même s’il ne l’a pas explicitement mentionné dans son manifeste, Jacob Zuma s’est toujours déclaré favorable au droit à l’autodétermination.prévient l’analyste sud-africain François Conradie, du cabinet britannique Oxford Economics.

“Nous n’assisterons pas à une révolution”

Le deuxième scénario, qui pourrait être privilégié par Rabat, verrait l’ANC se rapprocher du premier parti d’opposition, l’Alliance démocratique. Une coalition de nature à desserrer les liens entre Pretoria et ses alliés traditionnels, laissant entrevoir un possible changement de position sud-africaine sur la question du Sahara occidental. Ouvertement libérale, l’Alliance démocratique, deuxième aux élections avec 22%, est considérée comme pro-occidentale, contrairement à la proximité affichée de l’ANC avec la Russie, l’Algérie et Cuba.

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L’une de ses dirigeantes, Helen Zille, ancienne maire de Cape Town, a reproché à Cyril Ramaphosa d’être « le complice » abus commis par l’armée russe en Ukraine. En 2018, elle avait déjà comparé Jacob Zuma à Donald Trump en raison de ses liens supposés avec Moscou. Plus modérée sur Israël, l’Alliance démocratique ne cache pas non plus son scepticisme à l’égard des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), mais reste discrète sur la question du Sahara occidental.

« Nous n’assisterons pas à une révolution, mais l’Afrique du Sud connaît une situation économique très difficile et a un besoin urgent de rassurer les marchés et d’attirer les investisseurs. L’image d’un pays allié à la Russie et à d’autres nations autoritaires n’aide probablement pas.estime Sanusha Naidu, analyste en politique étrangère à l’Institute for Global Dialogue de Pretoria.

L’hypothèse d’un déclin reste prématurée

Même si son leader John Steenhuisen ne s’est jamais officiellement exprimé sur ce sujet, l’émergence de libéraux au sein du gouvernement pourrait-elle avoir un impact sur le soutien de l’Afrique du Sud au Sahara occidental ? Ce ne sera pas un point de friction avec l’ANC, prédisent les observateurs, mais la question pourrait être traitée différemment.

« Tout dépend de qui sera chargé du ministère des Affaires étrangères, mais la possibilité d’une coalition avec l’Alliance démocratique rendra sans doute moins évidente une visite d’État de Brahim Ghali », prédit François Conradie. Cyril Ramaphosa et avant lui Jacob Zuma avaient reçu en grande pompe le chef du Front Polisario.

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Toutefois, l’hypothèse d’un déclin à Pretoria reste prématurée. « Le gouvernement va changer, mais pas la haute administration », note Sanusha Naidu. Nommé en 2022, Zane Dangor, le puissant directeur général du ministère des Affaires étrangères, a multiplié ces dernières années les déclarations hostiles contre le Maroc, coupable selon lui de « porter atteinte à la lutte du peuple sahraoui ».

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Prudent, Richard Newton, le directeur de la communication de l’Alliance démocratique, juge que“Il est trop tôt pour spéculer sur l’évolution des relations internationales” de son pays, tout en prévenant que l’évolution de la position de son parti “ce sera un long chemin” dans le cadre des discussions avec l’ANC.

Alexandre Aublanc (Casablanca, correspondance)

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