Au Niger, le français Orano suspend la production d’uranium de sa filiale

Au Niger, le français Orano suspend la production d’uranium de sa filiale
Au Niger, le français Orano suspend la production d’uranium de sa filiale
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La mine d’uranium du géant nucléaire français Areva, aujourd’hui Orano, à Arlit, au nord du Niger, en septembre 2010. ISSOUF SANOGO / AFP

Face à une situation « fortement dégradé »la filiale nigérienne du spécialiste français de l’uranium Orano va “suspendre” sa production à partir du 31 octobre, faute de courant “continuer à travailler” dans ce pays dirigé par un régime militaire depuis quinze mois. « Les difficultés financières croissantes de Somaïr contraignent cette entreprise »situé dans la région d’Arlit au nord du Niger, “de suspendre ses activités”a annoncé mercredi 23 octobre à l’Agence -Presse (AFP) le porte-parole d’Orano à Paris.

Le gouvernement nigérien, issu d’un coup d’État mené en juillet 2023, a répété à plusieurs reprises sa volonté de revoir en profondeur le système d’exploitation des matières premières sur leur sol par les entreprises étrangères. Tout en se rapprochant de nouveaux partenaires comme la Russie et l’Iran, ils rompent avec Paris en obtenant notamment le départ des militaires français et de l’ambassadeur, et font de la souveraineté un de leurs mantras.

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Selon Orano, la production de concentré d’uranium du site sera « arrêté à partir du 31 octobre »faute de pouvoir exporter cette matière première. « Malgré tous les efforts déployés » avec le régime militaire “pour essayer de régler la situation” et obtenir les autorisations d’exportation, “toutes nos propositions sont restées sans réponse”a expliqué le porte-parole du groupe, spécialiste français du combustible nucléaire.

Création d’une société d’État nigérienne

« Les frontières sont toujours fermées » avec le Bénin, “il est donc impossible d’exporter”a-t-elle déclaré, soulignant que d’autres propositions d’exportation par voie aérienne via la Namibie étaient également «resté sans suite». Au-delà du 31 octobre “la maintenance va continuer, mais il n’y aura plus de production”a-t-elle ajouté. Mercredi soir, les autorités nigériennes n’avaient pas communiqué à ce sujet.

En juin, le Niger a retiré à Orano le permis d’exploitation de l’un des plus grands gisements au , celui d’Imouraren, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes. Tout récemment, le 19 septembre, le Conseil des ministres du Niger a adopté un projet de décret créant une société d’État, la Timersoi National Uranium Company (TNUC), sans aucun détail.

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Orano exploite de l’uranium au nord du Niger depuis 1971. Seul le site de Somaïr était encore actif, depuis la fermeture de la société Akokan Mines (Cominak) en 2021. Le spécialiste français du cycle de l’uranium détient 63,4% de Somaïr, le reste étant détenu par Sopamin, une entreprise publique au Niger. Leurs représentants étaient absents mercredi lors d’une « Conseil d’administration extraordinaire dédié à la situation de Somaïr ».

Le site Somaïr emploie quelques « 780 salariés et autant de sous-traitants », « 99% Nigériens »qui continuera à être «payé jusqu’au 31 décembre 2024»Orano a déclaré mercredi. Au total, 1 050 tonnes de concentré d’uranium provenant des stocks de 2023 et 2024, soit près de la moitié de la production annuelle moyenne du site, sont actuellement bloquées, avec une valeur marchande estimée à “300 millions d’euros”selon le groupe dont le capital est détenu à 90% par l’Etat français.

« Renégocier un nouvel accord »

“Nous sommes d’accord pour qu’Orano parte” le pays “mais sous de nombreuses conditions”a déclaré à l’AFP le président de la coordination de la société civile d’Agadez (Cresca), Amobi Arandishu. Il s’attend notamment à ce que « réaménagement du site » comme celui de Cominak, le « lutte contre la pollution des eaux souterraines »le « réinsertion des anciens travailleurs » et s’inquiète de « des tonnes de déchets radioactifs ».

« Le Niger et Orano doivent profiter de cette situation pour renégocier un nouvel accord qui permettrait à chaque partie de participer à l’exploitation de l’uranium »estime Ali Idrissa, secrétaire exécutif du Réseau des organismes pour la transparence et l’analyse budgétaire (Rotab), une ONG nigérienne.

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La suspension de l’activité de Somaïr « sera statué à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire qui se tiendra dans quelques jours »selon Orano. Le groupe a déjà terminé le premier semestre 2024 dans le rouge avec une perte de 133 millions d’euros, plombé par les difficultés de ses activités minières au Niger.

Selon Orano, l’approvisionnement des clients « reste assuré grâce à la diversité de ses sources d’approvisionnement »en particulier au Canada et au Kazakhstan. Le Niger fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel, loin derrière le Kazakhstan (45,2 %), selon les chiffres 2021 de l’agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA).

Le Monde avec l’AFP

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