Un an de guerre à Gaza : témoignages émouvants d’habitants

A cause de la guerre, Fares al-Farra a dû abandonner ses objectifs.

AFP

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre, dans la bande de Gaza, les habitants ont tout perdu. A l’approche du premier anniversaire, l’AFP s’est entretenu avec trois d’entre eux qui racontent à quel point leur vie a changé.

L’étudiant s’est arrêté net

Fares al-Farra, 19 ans, était aussi brillant à l’école qu’ambitieux. Deux mois avant le 7 octobre, il a obtenu son diplôme d’études secondaires et s’est inscrit à l’École supérieure des sciences appliquées de Gaza. « J’ai toujours été convaincu qu’un jour j’atteindrais mes objectifs », se souvient-il avec nostalgie dans les décombres de sa maison.

Mais avec la guerre, sa famille, déplacée de Khan Younes, leur ville au sud de la bande de Gaza, a dû vivre des mois dans un camp avant de rentrer chez elle après un ordre d’évacuation à Rafah, également dans le sud. Puis une bombe est tombée sur sa maison, détruisant les murs et tuant son ami Abou Hassan. Il s’en est sorti avec un bras cassé.

Toutes les difficultés de la guerre ont mis à mal son optimisme, a-t-il déclaré. “On a l’impression que toutes les voies sont fermées (…), les besoins fondamentaux passeront avant les études.” L’étudiant espère néanmoins que la guerre prendra fin, que les habitants de Gaza cesseront de souffrir et qu’il pourra « réaliser ses rêves et ses objectifs dans la vie universitaire » qu’il a prévue.

L’ambulancière et ses cinq enfants

Maha Wafi doit désormais élever seule ses enfants, tout en travaillant à côté.

AFP

Maha Wafi adore son métier d’ambulancière à Khan Younès. Elle aime aussi la vie avec Anis, son mari depuis vingt-quatre ans, leurs cinq enfants et leur belle maison à l’ouest de la ville. Mais après le début de la guerre, dit cette femme de 43 ans, la pression a « doublé » au travail et la vie de famille est devenue plus difficile, en raison du déplacement de sa famille dans un camp de tentes et de l’arrestation de son mari, 2 décembre.

Depuis, elle doit faire face aux difficultés de la guerre tout en travaillant et en s’occupant seule de ses cinq enfants. “Vous vivez dans une tente… vous devez apporter de l’eau, prendre de l’essence, allumer un feu et affronter toutes les difficultés”, dit-elle, se souvenant des mois d’hiver d’avant la guerre, où elle profitait du beau temps pour passer du temps avec ses enfants. . « En fin de compte, c’est la vie dans un camp », dit-elle. “Tout cela, c’est une pression mentale pour une femme qui travaille”, renchérit Maha Wafi, assise à côté de son ambulance.

Depuis le 7 octobre, elle a vu « des scènes difficiles comme des fragments de corps, des blessures, des martyrs ». Elle a échappé de peu à la mort lorsqu’une voiture a été heurtée par un choc juste à côté de son ambulance. Mais surtout, elle espère que son mari, « une personne altruiste et dévouée à aider les autres », sera libéré.

Le père est reparti de zéro plusieurs fois

Maher Zino

AFP

Avant le début de la guerre, Maher Zino, 39 ans, travaillait comme fonctionnaire. « Avec un salaire décent et une bonne situation », lui et sa femme Fatima ont élevé leurs trois enfants dans le nord de la ville de Gaza. Un an plus tard, sa famille a été déplacée « tellement de fois que je ne peux pas compter », a-t-il déclaré à l’AFP depuis son abri dans une oliveraie du centre de Gaza.

Déménageant de Gaza à Khan Yunis, Rafah et retournant au centre de Gaza, la famille a dû repartir de zéro à plusieurs reprises, “montant une tente, construisant une salle de bain, achetant des meubles et des vêtements”, raconte-t-il.

À plusieurs reprises, la famille s’est retrouvée sans ressources et a dormi dans la rue. Maher Zino se sentait impuissant, lui qui n’avait « jamais eu besoin de personne ». “Je suis devenu mendiant, je tendais la main aux gens, je devais demander des couvertures pour couvrir mes enfants, trouver des associations caritatives qui pouvaient me donner une assiette de nourriture, juste pour que mes enfants aient quelque chose à manger”, dit-il.

“C’est ce que la guerre nous a fait”, ajoute-t-il depuis son nouveau refuge où, avec sa femme, ils ont réussi à créer un semblant de vie de famille, avec un endroit pour dormir, un réservoir d’eau et des toilettes extérieures. Comme Maha Wafi, M. Zino n’espère qu’une chose : “Revenir à la situation d’avant le 7 octobre”.

(AFP)

 
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