Une chanson de l’Eurovision a contribué à la chute de la dictature au Portugal

Une chanson de l’Eurovision a contribué à la chute de la dictature au Portugal
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La chanson a terminé dernière à l’Eurovision mais a été la première à déclencher une révolution. Nous sommes au Portugal, le 24 avril 1974, il est 22h55 précises et les premières notes de E depois do adeus (« Et après l’au revoir ») résonne sur l’antenne des Emissores Associados de Lisboa.

Quelques semaines plus tôt, le 6 avril, avec cette chanson, Paulo de Carvalho représentait le Portugal sur la scène de l’Eurovision, qui s’est déroulé à Brighton (Royaume-Uni). Il n’avait que trois points. Lanterne rouge de cette édition, cette ballade ne faisait pas le poids face au Waterloo par ABBA, mémorable gagnante du concours, mais cela ne l’a pas empêché d’entrer dans l’histoire.

En ce printemps 1974, un vent de révolte flotte dans l’air portugais. La dictature qui étouffe le pays depuis 1933, d’abord sous le contrôle de Salazar puis de Marcelo Caetano, vit ses derniers jours. Le peuple a soif de liberté, les guerres coloniales dans lesquelles le Portugal s’enlise provoquent un rejet toujours plus massif. Les militaires du MFA (Mouvement des Forces Armées) préparent un coup d’Etat.

N’attirez pas l’attention des censeurs

Pour démarrer sans éveiller les soupçons, ils choisissent deux chansons comme signal. Tout d’abord E depois do adeus, la complainte de la fleur bleue d’un cœur brisé, loin d’être subversive. C’est intentionnel : il ne faut surtout pas attirer l’attention des censeurs chargés de valider la programmation. La radio sur laquelle il est diffusé n’émet pas à plus de 150 km de Lisbonne. Cela permet surtout aux officiers présents dans la capitale portugaise d’être prêts.

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Pour indiquer aux militaires qu’il est temps d’agir, il est Grândola, Vila Morena (« Grândola, ville brune ») qui a été retenu. Signé José Afonso, artiste militant et opposant déclaré au régime salazariste, c’est un hymne à l’amitié et à la fraternité.

La chanson a été diffusée à minuit vingt le 25 avril 1974 sur Radio Renascença, qui diffusait dans tout le pays. Ce n’est pas le moment de faire marche arrière. Les troupes prennent place et ce qu’on appellera bientôt la Révolution des Oeillets, en référence aux fleurs glissées dans les canons des fusils du MFA, marque le début du virage démocratique du Portugal.

Le chanteur décoré de l’Ordre de la Liberté

Les livres d’histoire ont surtout retenu Grandola, Vila Morenapeut-être parce que ce morceau a été le véritable coup d’envoi de la révolution et parce qu’il a depuis rejoint le répertoire des chants contestataires aux côtés de Bella Ciao Ou de L’Estaca. Mais il ne faut pas minimiser le rôle joué par E depois do adeusun succès populaire de l’époque, qui sert de première alerte.

Paulo de Carvalho, qui fêtera ses 77 ans en mai, a poursuivi sa carrière en se consacrant au fado. En 2009, il a été décoré de l’Ordre de la Liberté. Cette distinction décernée aux personnes ayant contribué à la défense de la démocratie et des droits de l’homme a été créée en 1976. Elle servait à l’origine à distinguer ceux qui ont participé à la révolution des œillets.

 
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