Lors du Forum économique de Vladivostok, jeudi 5 septembre, le président russe Vladimir Poutine a annoncé son soutien à la candidate démocrate Kamala Harris à l'élection présidentielle américaine.
Un véritable soutien à Kamala Harris ou une ingérence russe ? Le président russe Vladimir Poutine a appelé jeudi 5 septembre les électeurs américains à voter pour la candidate démocrate Kamala Harris lors de son discours au Forum économique de Vladivostok.
Le président américain Joe Biden « a recommandé à ses électeurs de soutenir Mme Harris, donc nous la soutiendrons également », a déclaré le chef de l'État russe.
Comme pour justifier son choix, Vladimir Poutine a estimé que le candidat républicain Donald Trump, ancien locataire de la Maison Blanche de 2017 à 2021, avait imposé « plus de sanctions à la Russie que n’importe quel président » avant lui. De fait, Kamala Harris « pourrait s’abstenir de faire ce genre de choses », a-t-il affirmé.
Cependant, il y a quelques mois, avant le retrait de Joe Biden Dans la course à la Maison Blanche le 21 juillet dernier, au profit de Kamala Harris, Vladimir Poutine avait exprimé une préférence pour l'actuel président américain, Donald Trump. Mais alors, pourquoi ce revirement ?
La stratégie de Moscou
« On voit un peu de malice dans son regard. Il fait clairement preuve d’ironie quand il dit ça », analyse Thierry Arnaud, chroniqueur international à BFMTV. Selon lui, il y a deux manières de lire la déclaration de Vladimir Poutine. La première, mais sûrement la moins probable, est que le président russe souhaite vraiment voir Kamala Harris entrer dans le bureau ovale de la Maison Blanche après l’élection présidentielle de janvier prochain.
Pourquoi Vladimir Poutine soutient-il Kamala Harris ?
« Ou alors il sait que la prise de position de Vladimir Poutine en faveur de Kamala Harris est en réalité une déclaration qui va avantager Donald Trump », analyse Thierry Arnaud. En effet, soutenir officiellement Kamala Harris dans la course à la présidentielle donnerait à l’ancien président américain de quoi critiquer son adversaire : « Vous voyez, les dirigeants les plus durs du monde préfèrent Kamala Harris parce qu’elle est trop faible », pourrait ainsi dire Donald Trump à ses électeurs, suggère le chroniqueur international.
« La Russie et son président sont désormais considérés comme hostiles (aux États-Unis) et donc le fait que Vladimir Poutine soutienne un candidat peut conduire à préférer l’autre », explique-t-il.
Un tour de passe-passe qui profiterait ainsi largement à Donald Trump, régulièrement accusé par ses détracteurs démocrates d'être un admirateur de Vladimir Poutine.
Donald Trump « sous influence » face à Poutine
La déclaration de Vladimir Poutine en faveur de Kamala Harris intervient au lendemain d'accusations d'ingérence électorale formulées par Washington et rejetées par Moscou. Le gouvernement américain accuse les dirigeants du média russe RT d'avoir financé la diffusion de contenus complotistes, dans la plupart des cas en faveur de Donald Trump pour l'élection de 2024, à hauteur de 10 millions de dollars.
Ce n’est pas la première fois qu’un tel incident diplomatique se produit, souligne Thierry Arnaud. En août 2020, la commission du renseignement du Sénat avait mis en évidence les liens entre le directeur de campagne de Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2016, Paul Manafort, et Konstantin Kilimnik, un « agent de renseignement russe ». Les deux hommes avaient travaillé ensemble pendant près de 10 ans en Ukraine, avant que Paul Manafort ne prenne la direction de la campagne de Donald Trump.
« La plupart de ceux qui ont été les plus proches de Donald Trump pendant sa présidence considèrent que sa relation avec Vladimir Poutine est problématique et qu'il est sous influence », estime Thierry Arnaud.
« Ils disent tous la même chose : Donald Trump est sous influence quand il est face à Vladimir Poutine, c'est un problème et c'est potentiellement dangereux pour les États-Unis », ajoute-t-il.
