L’affaire a refait surface trente-quatre ans plus tard. En 1990, une prostituée travaillant dans une maison close de Genève, en Suisse, avait évoqué la présence régulière de l’abbé Pierre dans son établissement. La déclaration choc avait été faite en direct à la télévision française. « La propriétaire nous a dit : venez regarder par le trou de la serrure de la salle de bain, il y a quelqu’un qui attend son tour. C’était un abbé, c’était l’abbé Pierre et je l’ai vu », avait raconté Grisélidis Real dans l’émission « Ciel mon mardi ».
A l'époque, ce témoignage n'avait pas été accueilli avec beaucoup de crédibilité. Le fils de cette prostituée devenue poète explique même que sa mère avait fait l'objet de critiques acerbes et de menaces après ses révélations, assure la RTS. Alors que les accusations d'agressions sexuelles se multiplient contre celui qui se faisait appeler Henri Grouès, ce témoignage se révèle aujourd'hui plus crédible. Après trois premiers témoignages issus d'un rapport interne visant le prêtre en juillet, 17 nouvelles accusations de violences sexuelles ont été révélées début septembre.
Si la radio suisse n'apporte aucun élément nouveau concernant la présence du fondateur de la communauté Emmaüs dans le bordel, elle apporte néanmoins un élément inquiétant. Selon sa cellule d'enquête, l'abbé Pierre aurait eu une liaison avec une femme de sa communauté.
Plaques et fresques dégradées
« Ces derniers l'accompagnaient, en secret, lors de certains de ses déplacements », précisent nos confrères de la RTS sans dévoiler la nature de la relation. Une autre femme vivant à Genève précise que le prêtre avait parfois prévenu les femmes qui l'approchaient, « craignant de potentiels dérapages », précise le média suisse.
Depuis les premières accusations d'agression sexuelle contre l'abbé Pierre, de nombreuses communes ou communautés ont annoncé vouloir rebaptiser des lieux portant le nom du chef religieux. En Suisse, une plaque commémorative a même été sciée en deux. Au sein de la Fondation Emmaüs, de nombreuses communautés ont également choisi de retirer le nom de l'abbé Pierre ou d'effacer les fresques à son effigie.
