Notre critique du nouveau livre de Mélissa Da Costa

Notre critique du nouveau livre de Mélissa Da Costa
Notre
      critique
      du
      nouveau
      livre
      de
      Mélissa
      Da
      Costa
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Au moment de son accident, François (42 ans) n'est plus avec Isabelle (48 ans). Il est tombé amoureux d'Eléonore (24 ans). Après ce drame qui l'a laissé handicapé, Léo restera-t-il à ses côtés ? C'est encore Isabelle, sa femme, qui a signé “pour le meilleur et pour le pire” peut-on lire à un moment.

Tenir debout est dédié à Yann et Pauline, un couple dont le mari est paraplégique. Dans les « Remerciements », Mélissa Da Costa raconte que c’est de lui qu’elle a puisé de nombreuses informations. « Des sujets aussi précis et divers que les soins postopératoires, le processus de rééducation, la spasticité, les douleurs neurologiques, le fonctionnement des orthèses. » En s’appuyant sur ce précieux témoignage, la romancière française de 34 ans a réussi à donner une crédibilité profonde à son récit, sur 600 pages – un récit qui n’est pas fait pour être déposé : il se lit donc d’une traite, ou presque.

Entretien avec Mélissa Da Costa pour « Femmes du bout du monde »

Chœur romain

Mélissa Da Costa donne la parole, au sein d'un même chapitre (il y en a 60) à l'un ou l'autre des protagonistes. A chaque fois à la première personne : leurs sentiments transparaissent alors mais aussi le peu de communication qu'ils ont. Avant l'accident, lorsque ce jeune couple (ils venaient à peine de se rencontrer) s'était donné rendez-vous, tout était encore très charnel.

Au début, François vit dans le déni : même s’il ne les sent plus, il a toujours ses jambes ! Non seulement il ne marchera plus jamais, mais il va devoir repenser sa sexualité. Sa colère explose, ses provocations blessent, les disputes s’accélèrent, le couple avance sur le fil du rasoir. « Quel monstre suis-je devenu ? », s’interroge François.

De l’hôpital au centre de rééducation, de l’appartement parisien à la maison bourguignonne, Mélissa Da Costa décrit tout avec force détails. Elle n’a pas son pareil pour convoquer tel ou tel personnage (Ryan, le colocataire hilarant ; Elsa, la kiné douce et compréhensive) qui permet de désamorcer le drame de la situation. Bien qu’elle multiplie les embûches, tout revient vite à la normale. Quand, devenus enfin parents, Léo quitte la maison en voiture avec le bébé à l’arrière, on entend les pneus crisser sur le gravier, on craint le pire… qui n’arrivera pas mais qu’on aura redouté.

Ce n’est pas un hasard si Mélissa Da Costa est l’auteure française la plus vendue du moment – ​​après avoir détrôné Guillaume Musso. Elle équilibre subtilement éléments factuels et émotionnels dans la mise en scène de ce couple qui surmonte l’adversité. Inarrêtable.

Se lever | Roman | Mélissa Da Costa | Albin Michel, 602 pp., 22,90 €, numérique 16 €

EXTRAIT

« – Suis-je laide ? Suis-je laide en plus d’être incontinente, paraplégique et impuissante ?

– Arrête, c’est juste…

– Qu’est-ce que c’est ?

– Sans tes cheveux…

– Bien?

J'appuie dessus, ça se stabilise.

– Sans tes cheveux, ce n’est plus vraiment toi.

– Ah oui ? Eh bien, imagine que sans mes jambes, sans ma queue, ce n’est plus vraiment moi non plus. Mauvaise nouvelle, chérie ! Il ne reste plus qu’une pâle copie de moi !

 
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