En Colombie, une mobilisation sans précédent contre le président Gustavo Petro

En Colombie, une mobilisation sans précédent contre le président Gustavo Petro
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« Petro, dehors ! » scandaient les cortèges, qui rassemblaient l’opposition de droite, les forces politiques centristes, d’anciens alliés libéraux mais aussi de nombreuses organisations professionnelles et citoyens non affiliés.

« J’ai voté pour le changement, pour Petro, mais nous continuons à faire la même chose. Je marche parce que je pense que la Colombie a encore de l’espoir», a déclaré Martha Estrada, une résidente de Bogota de 64 ans et retraitée, coiffée d’un chapeau tricolore à l’effigie du drapeau colombien.

Vue aérienne de la mobilisation à Medellin, en Colombie, dimanche. — © JAIME SALDARRIAGA / AFP

Une mobilisation massive et pacifique

Près de 500.000 personnes ont participé aux manifestations selon les chiffres cumulés communiqués par les mairies de Cali (sud-ouest), Bogota, Barranquilla (nord), Cartagena (nord) et Medellin (nord-ouest), deuxième ville du pays où le maire conservateur, Federico Gutierrez, s’est félicité d’une participation “historique” et “impressionnante”, photos à l’appui sur son compte X. Rien qu’à Medellín, 350 000 personnes ont manifesté, selon le médiateur public de la ville.

De son côté, le président fait état de 250 000 personnes rassemblées dans tout le pays, dont la majorité à Medellin, Bogota et Bucaramanga.

Dans la capitale, le cortège s’est élancé à 10 heures (17 heures en Suisse) paisiblement sur une artère majeure du centre-ville, piétonne dimanche matin. Malgré le mauvais temps, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé vers la place Bolivar, épicentre des manifestations colombiennes, pleine à craquer en fin de matinée, a constaté l’AFP.

En début d’après-midi, aucun incident n’était à déplorer, tout s’est déroulé dans le calme, selon le ministère de l’Intérieur.

De nombreux professionnels de santé, en tenue de travail, étaient présents aux manifestations de « la marche des blouses blanches », à l’appel de plusieurs dizaines d’associations de médecins, pour protester contre la réforme avortée du système de santé.

“La santé n’est pas un jeu, c’est un droit”, pouvait-on lire sur des pancartes et des casquettes à Bogota, en référence au récent revers politique de Gustavo Petro, dont les projets pour le système de santé ont été rejetés au Congrès début avril. Selon ce projet, désormais définitivement enterré, le gouvernement entendait évincer du système une partie des acteurs privés.

Plusieurs motifs d’insatisfaction

A Medellin, des manifestants portent un cercueil pour illustrer la mort du système de santé avec la réforme souhaitée par le gouvernement. — © Luis Eduardo Noriega Arboleda / keystone-sda.ch

Ces derniers jours, le gouvernement est toutefois intervenu dans plusieurs entités qui servent d’intermédiaires entre l’État et les hôpitaux (EPS), afin de contrôler leurs budgets, provoquant l’ire d’une partie du milieu médical.

Mais la santé n’est pas le seul motif de mécontentement : la réforme des retraites, le spectre (régulièrement évoqué par Petro) d’une révision constitutionnelle, l’insécurité et la crise énergétique sont au cœur des préoccupations des Colombiens.

“La réforme (des retraites) n’est pas tenable, les jeunes ne pourront même pas avoir de retraite”, s’inquiète Andres Amaya, 23 ans, un jeune avocat.

De nombreux panneaux enjoignent au président de « respecter la Constitution », après que celle-ci ait mis en doute la convocation d’une Assemblée constituante, fustigeante comme une menace de « coup d’État » par ses opposants ou une éventuelle tentative de se maintenir au pouvoir après la fin de la Constitution. de son mandat en 2026.

Reconnaître la légitimité des manifestants ?

“Bienvenue aux marches”, a déclaré Gustavo Petro sur un ton provocateur. Il a également demandé “au ministère de l’Intérieur et de la Défense de fournir toutes les garanties pour que les gens puissent se mobiliser et s’exprimer en toute liberté”.

Des déclarations qui agacent Betty Ospina, 67 ans, femme au foyer : « il est temps de s’unir pour qu’il comprenne que nous ne sommes pas riches, mais que nous sommes la classe moyenne ouvrière ».

« Il faut reconnaître que beaucoup de gens se sont mobilisés (…). C’est une semaine pendant laquelle, en tant que gouvernement, nous devons faire preuve de réflexion et d’autocritique”, a écrit sur X une proche collaboratrice du chef de l’Etat, Laura Sarabia.

Plusieurs anciens alliés du président ont participé à la marche d’aujourd’hui, comme l’ancien ministre de l’Éducation et centriste de gauche de Gustavo Petro, Alejandro Gaviria.

 
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