Dans la course à la présidence de la Commission européenne, Ursula von der Leyen est affaiblie, mais pas trop

Dans la course à la présidence de la Commission européenne, Ursula von der Leyen est affaiblie, mais pas trop
Descriptive text here

“Son ‘couronnement’ n’est plus garanti”, résume un diplomate. La récente affaire « Markus Pieper » n’a pas aidé. Mme von der Leyen a été accusée d’avoir favorisé cette eurodéputée allemande conservatrice – issue du même pays, du même parti, la CDU allemande, et de la même famille politique, le Parti populaire européen (PPE), qu’elle – au détriment d’autres candidats en tête. pour le nouveau poste d’envoyé spécial pour les PME.

Quatre commissaires – un libéral, Thierry Breton, et trois socialistes, Nicolas Schmit, Paolo Gentiloni et Josep Borrell – ont protesté. Le Parlement européen s’en est également mêlé, exigeant de refaire la procédure de nomination. L’Allemand a tenu bon malgré la pression avant… M. Pieper a jeté l’éponge lundi. Certains pensent qu’elle l’a sacrifié pour sa survie politique, tandis que d’autres sources, du côté du PPE, assurent qu’il a abandonné.

Nomination d’une employée bien rémunérée : Ursula von der Leyen risque le désaveu du Parlement

« Présidentialisation extrême »

Cette affaire ne risque pas de remettre en cause l’avenir politique du président. Mais elle aura exposé « ce dont on l’accusait déjà : une présidentialisation et une politisation extrêmes » de sa position, « des manœuvres pour favoriser son camp et surtout son propre intérêt »résume le diplomate précité. “Cela révèle un problème plus profond : à savoir le manque de collégialité d’Ursula von der Leyen et un exercice solitaire du pouvoir.», ajoute une autre Source européenne.

Sa capacité à se mettre en avant, quitte à voler la vedette à ses commissaires chargés des dossiers clés – Frans Timmermans en a fait les frais, lui qui fut responsable du Pacte vert – est la marque de fabrique et la grande force d’Ursula von der Leyen. Elle s’est imposée comme le visage de l’Union, la femme, la première à occuper la présidence de la Commission, qui a guidé l’Europe à travers les crises (Covid-19, guerre en Ukraine, hausse des prix de l’énergie, etc.). « Jamais un président de la Commission n’a été aussi visible »admet une Source interrogée.

Mais cette attitude est aussi l’une des causes de ses relations tendues avec le président du Conseil européen, Charles Michel, qui souhaite lui aussi incarner l’UE. Cela a parfois contrarié les États membres, qui n’apprécient guère de voir la Commission faire cavalier seul. Par exemple, la présidente n’a jamais été aussi affaiblie qu’au lendemain du 7 octobre, date de l’attaque du Hamas contre Israël, tant elle a hésité à rappeler à Tel-Aviv le devoir de respecter le droit international dans sa réponse. Les Vingt-Sept ont dû le recadrer et corriger le message européen. Mais l’image de l’UE en a pris un coup.

Le désir de briller de Mme von der Leyen lui a même joué des tours. En 2021, elle s’est vantée de New York Times avoir elle-même négocié par message avec le directeur de Pfizer l’achat de vaccins contre le Covid-19. Lorsque les médias lui ont demandé d’accéder à ces messages texte, elle a déclaré qu’elle les avait supprimés. Résultat : le 1er avril, le Parquet européen annonce ouvrir une enquête sur le sujet.

Covid-19 : le New York Times poursuit Ursula von der Leyen pour échanges de SMS avec le patron de Pfizer

Certains lui reprochent également d’être descendue dans l’arène politique, en étant officiellement élue candidate du PPE à la présidence de la Commission. D’autant que l’enthousiasme au sein de sa famille politique n’était pas au rendez-vous : sur 737 délégués, seuls 499 ont voté, dont 400 en sa faveur. Si rien n’obligeait l’Allemande à participer à cet exercice pour briguer un second mandat, il lui fallait jouer le jeu et plaire au PPE. « Elle a soudainement politisé sa position», note une Source européenne. Ses actions ne sont plus seulement celles d’un chef de l’exécutif européen, mais aussi celles d’une candidate en campagne. Le président français Emmanuel Macron n’a pas dit autre chose lorsqu’il a rappelé que “la présidence de la Commission […] doit s’élever au-dessus des partis et des pays » Et « ne doit pas être surpolitisé ». A lire : rien n’est sûr et la France entend monétiser son soutien à Ursula von der Leyen.

Le candidat marche sur une corde raide. Il doit plaire à Paris comme à Berlin – de plus en plus divisés – et accommoder tous les États membres. De même qu’elle doit séduire à la fois le PPE, les Verts et les socialistes, dont elle aura besoin pour obtenir la bénédiction du Parlement européen. « C’est la première fois depuis le traité de Lisbonne de 2009 [qui a renforcé le rôle du Parlement, NdlR], que nous avons un candidat sortant qui se présente aux élections. C’est donc un système dans lequel le Conseil européen conserve son rôle, mais il y a aussi un rôle pour les partis.» du Parlement européen. “C’est donc plus compétitif.”observe Éric Maurice, analyste au European Policy Center.

“Super Mario” exclu ?

Il faut encore qu’il y ait d’autres concurrents. C’est le grand atout d’Ursula von der Leyen : peu d’autres figures se démarquent. Sauf le très respecté Mario Draghi, ancien Premier ministre italien et ex-président de la Banque centrale européenne, connu comme l’homme qui a sauvé l’euro en 2012. Mais « Aucun dirigeant ne voudra mettre à la tête de la Commission quelqu’un de plus intelligent, qui a plus d’autorité et plus d’idées que l’ensemble du Conseil européen réuni »assure une Source du PPE.

Ursula von der Leyen critiquée pour ses voyages en jet privé

Actuellement, « Super Mario » travaille à la rédaction d’un rapport commandé par la Commission sur la compétitivité de l’UE, qui sera publié en juin. Mardi, à la veille du sommet européen de mercredi et jeudi, il a présenté des idées ambitieuses, au parfum de fédéralisme européen, pour réformer l’Union et lui permettre de survivre et de rester compétitive face à la Chine et aux Etats-Unis. « Est-ce un discours de candidature [à la présidence de la Commission] ou au contraire, de quelqu’un qui veut conserver sa liberté d’expression ? J’opterais pour la deuxième option., confie un diplomate européen. Fait, « M. Draghi représente donc une stratégie ambitieuse. Si les États membres sont prêts à soutenir cette ambition, ils pourraient opter pour lui. »confirme M. Maurice, doutant toutefois de la maturité des Vingt-Sept pour s’accorder, désormais, sur un tel choix.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Les manifestants ne veulent pas quitter le bâtiment
NEXT Guerre en Ukraine | Washington appelle ses alliés à donner des systèmes Patriot à l’Ukraine