Crise entre Quito et le Mexique

(Mexique) Le Mexique a annoncé son intention de saisir lundi la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, après la descente de police dans son ambassade en Équateur, qui a déclenché une rupture des relations diplomatiques et un tollé international. .


Publié à 10h25

Mis à jour à 17h23

Le personnel diplomatique mexicain basé à Quito a quitté l’Équateur dimanche, deux jours après la descente de police à l’ambassade pour arrêter un ancien vice-président qui y avait trouvé asile.

“A partir de demain, nous irons devant la CIJ où nous présenterons ce triste cas”, a déclaré la chef de la diplomatie mexicaine Alicia Barcena en saluant le personnel diplomatique mexicain rapatrié d’Equateur.

“Nous pensons que nous pouvons gagner notre cause rapidement”, a-t-elle ajouté.

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PHOTO RODRIGO BUENDIA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les autorités équatoriennes ont pris d’assaut l’ambassade du Mexique à Quito le 5 avril pour arrêter l’ancien vice-président Jorge Glas.

Les diplomates et les membres de leurs familles ont embarqué sur un vol commercial à Quito après avoir été accompagnés à l’aéroport par les ambassadeurs allemand, panaméen, cubain et hondurien, selon le ministère des Affaires étrangères.

L’intrusion, sans précédent récent dans le monde, de policiers équatoriens dans l’ambassade du Mexique à Quito pour arrêter l’ancien vice-président équatorien accusé de corruption Jorge Glas, qui y avait trouvé refuge, suscite depuis vendredi une avalanche de critiques.

Dans la foulée, le Mexique a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec l’Équateur, suivi du Nicaragua.

Le raid a été condamné par les gouvernements de gauche de toute l’Amérique latine, du Brésil au Venezuela, en passant par le Chili et même par l’Argentine du président ultralibéral Javier Milei, ainsi que par l’Organisation des États américains, l’Union européenne et l’Espagne.

“Alarmé”, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a estimé que toute violation des forums diplomatiques compromettait “la poursuite de relations internationales normales”, selon son porte-parole.

Les États-Unis – qui condamnent « toute violation de la Convention de Vienne » – ont encouragé le Mexique et l’Équateur « à résoudre leurs différends conformément aux normes internationales ». Cette convention de 1961 prévoit que les ambassades et consulats « sont inviolables ».

La présidente du Honduras, Xiomara Castro, qui assure la présidence provisoire de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a convoqué lundi une réunion d’urgence.

Enfin, le président bolivien Luis Arce a annoncé dimanche que son gouvernement avait rappelé son ambassadeur en Equateur, et a convoqué l’ambassadeur équatorien en Bolivie pour des explications.

” Extraordinaire ”

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a dénoncé une « violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Mexique » et a annoncé son intention de porter l’affaire devant la Cour internationale de Justice.

M. Glas, 54 ans, a été transféré samedi dans une prison de haute sécurité à Guayaquil (sud-ouest de l’Equateur), selon des sources gouvernementales.

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PHOTO DE LA POLICE ÉQUATEUR, FOURNIE PAR L’AGENCE FRANCE-PRESSE

L’ancien vice-président équatorien Jorge Glas escorté par des membres du Groupe spécial d’action pénitentiaire (GEAP) à son arrivée à la prison de haute sécurité de La Roca, à Guayaquil

Des images publiées dans les médias locaux montrent le chef de la mission diplomatique mexicaine, Roberto Canseco, criant « c’est un scandale ! » » alors qu’il courait derrière des véhicules sortant de son ambassade. Une bousculade s’en est suivie, au cours de laquelle M. Canseco est tombé au sol.

“C’est totalement hors norme, je suis très inquiet qu’ils puissent tuer Jorge Glas”, a déclaré M. Canseco à la télévision locale, toujours tremblant.

“Illégal”

Le Mexique a accordé vendredi l’asile à Jorge Glas, réfugié dans son ambassade à Quito depuis le 17 décembre et faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour corruption présumée.

Quito avait qualifié cette décision d’« illégale », dénonçant un « abus des immunités et privilèges » accordés à l’ambassade et une ingérence dans ses affaires intérieures. “Jorge Glas a fait l’objet d’une condamnation exécutoire et d’un mandat d’arrêt émis par les autorités compétentes”, a commenté le ministère équatorien de la Communication.

L’octroi de l’asile à M. Glas intervient au lendemain de la décision de l’Équateur d’expulser l’ambassadrice du Mexique à Quito, Raquel Serur, suite aux critiques du président mexicain sur le déroulement de l’élection présidentielle équatorienne de 2023.

Mercredi, il a accusé les autorités équatoriennes d’avoir exploité l’assassinat du candidat de l’opposition Fernando Villavicencio, le 9 août 2023, pour favoriser l’élection du libéral Daniel Noboa, au détriment de la candidate de gauche Luisa González.

Fernando Villavicencio a été abattu après un rassemblement électoral dans le nord de Quito, quelques jours avant les élections du 20 août.

Le gouvernement équatorien, qui lutte contre les bandes criminelles qui se disputent les routes du trafic de drogue, a jugé ces propos offensants.

Jorge Glas, vice-président entre 2013 et 2017 sous la présidence du socialiste Rafael Correa (2007-2017), est accusé d’avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction des villes côtières après un tremblement de terre en 2016.

Il avait déjà été condamné en 2017 à six ans de prison pour corruption dans un vaste scandale impliquant le géant brésilien du BTP Odebrecht. Il a été libéré en novembre dernier.

 
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