« Que cette attaque ait pu avoir lieu est une démonstration convaincante de l’affaiblissement du système de sécurité dans le sud du pays, depuis que les troupes ont été déplacées pour protéger les colons en Cisjordanie », rappelle le politologue Sébastien Boussois, spécialiste du Moyen-Orient. “Cette décision correspond à un impératif politique de Benjamin Netanyahu qui était de maintenir sa majorité à la Knesset en sécurisant les colons sur ce territoire palestinien, au détriment des Israéliens sur leur propre territoire..
Échec israélien
Il s’agit, pour le chercheur, d’un «péché originel irréparable ». D’ailleurs, sur le plan militaire, le Premier ministre israélien «n’aboutit à rien » dans la poursuite de son objectif d’éradication du Hamas, hormis «éliminer quelques têtes pensantes » ainsi que des milliers de combattants. “L’histoire de l’islamisme et du djihadisme montre qu’on ne parviendra jamais à éradiquer ce type d’idéologie qui, je pense, sortira renforcée grâce à de nouvelles vocations en quête de revanche.»ajoute le chercheur associé au Cnam (Paris). « Pour la sécurité d’Israël, beaucoup pensent que la seule solution possible serait d’éradiquer tous les Palestiniens de la bande de Gaza, de les expulser vers le territoire d’autres pays arabes et de faire de Gaza une terre vierge ».
Quel objectif de sécurité poursuit Israël dans la bande de Gaza ?
Ce “observation actuelle de l’échec israélien » est partagée par le sociologue et politologue Rudolf el Kareh, qui constate pour sa part un important «changement dans l’opinion mondiale » en faveur des Palestiniens, alors que la guerre tue des civils innocents et que la situation humanitaire se détériore dans la bande de Gaza. “On voit émerger, y compris dans les États et les sociétés de l’espace atlantiste, un très large mouvement d’opinion en faveur de la question palestinienne. Cela contraste avec la participation et la responsabilité totales du gouvernement des États-Unis dans les actes de guerre israéliens. La soumission d’Israël aux États-Unis est désormais totale, comme le démontrent les mesures prises par Israël. (ce vendredi, NDLR) suite à l’appel téléphonique entre Netanyahu et Biden »analyse ce spécialiste des États et sociétés arabes du Moyen-Orient.
Une judiciarisation « en direct »
Benjamin Netanyahu, face à la colère des familles d’otages qui l’accusent de faire passer ses intérêts personnels avant le sort de leurs proches, semble lui-même devenu l’otage de ses ministres extrémistes. “Les deux partis d’extrême droite (Partenaires du Likoud, NDLR) le pouvoir du cadenas et la seule façon pour lui d’y rester, compte tenu de son ego et de ses épreuves, est de prolonger la guerre et de céder à presque toutes leurs revendications. », constate Sébastien Boussois. “Sans compter les accusations qui pourraient lui tomber un jour via la Cour pénale internationale. ».
Un autre enseignement de cette crise est la judiciarisation « en direct » de l’actualité, avec la plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de Justice, basée à La Haye. “La question palestinienne a fait irruption dans le domaine du droit international et de la justice comme jamais auparavant., estime Rudolf el Kareh. “Cela s’est manifesté par les ordonnances de la Cour internationale de Justice, au titre du chapitre de l’article deux de la Convention sur le crime de génocide de 1948. C’est aussi la première fois qu’un acte qualifié de génocide se produit devant les caméras du monde. .»
Les mesures de la CIJ, un changement historique.
Le sociologue note également le «contradictions qui ont commencé à ébranler l’État colonial israélien et la société ». Selon lui, « nNous sommes entrés dans une nouvelle phase de la question de Palestine et du problème israélien, qui se pose désormais en termes existentiels. La question qui se pose est de savoir si la dernière entité coloniale de la planète est capable de perdurer après les accusations de génocide et les massacres commis à Gaza..»
