– De nombreux mystères entourent la mort du petit Emile
La découverte des ossements et des vêtements appartenant au petit garçon porté disparu depuis neuf mois a permis d’avancer l’enquête. Des indices ravivent le scénario de l’accident, mais un meurtre n’est pas exclu.
Publié aujourd’hui à 18h56
Dans le hameau du Haut-Vernet, fermé au public, le mystère demeure. Accident, homicide ou meurtre ? Une semaine après la découverte des ossements appartenant au petit Emile, les causes du décès de l’enfant de 2 ans et demi, disparu depuis le 8 juillet, ne sont toujours pas établies.
L’enquête avance, mais les questions restent nombreuses. “Toutes les hypothèses restent ouvertes”, a souligné Jean-Luc Blachon, le procureur d’Aix-en-Provence, en charge du dossier. Certains indices recueillis ces jours-ci par les experts de la gendarmerie scientifique relancent cependant la trace d’une chute accidentelle.
Une théorie que les habitants du village, encore sous le choc de l’annonce du décès d’Emile, ont du mal à croire. Or, l’analyse du crâne du garçonnet retrouvé samedi dernier par un randonneur à 2 kilomètres à vol d’oiseau du Haut-Vernet n’a révélé “aucun traumatisme ante mortem”, a expliqué le magistrat. Celui-ci présente « de petites fractures et fissures post-mortem », ainsi que « des traces de morsures, probablement provoquées par un ou plusieurs animaux », a-t-il ajouté.
Le corps n’a pas été enterré
Autre certitude, les ossements n’ont pas été enterrés. Les investigations montrent qu’ils ont été « exposés pendant une longue période aux variations climatiques et aux intempéries ». Autrement dit, le corps de la victime n’aurait pas été enterré. Il se trouvait peut-être depuis le début près du site de la découverte macabre.
Dès lors, que penser des déclarations de la promeneuse qui a signalé le crâne à la gendarmerie et affirmé l’avoir retrouvé sur un chemin qu’elle parcourait un mois auparavant ? Selon les enquêteurs, les pluies de ces derniers jours ou des animaux pourraient être à l’origine du déplacement des dépouilles. En tout cas, a déclaré Jean-Luc Blachon, les recherches menées sur la dépouille de l’enfant ne permettent pas “de dire quelle est la cause de son décès”.
Vêtements éparpillés
Les enquêteurs scientifiques ont travaillé sur place toute la semaine. Une zone qualifiée “de très escarpée”, qu’Emile, un enfant débrouillard initié à la randonnée, selon certains habitants, aurait pourtant pu atteindre seul, estime le procureur. Le passage pour y accéder ne présente pas de difficulté particulière.
Si aucun autre ossement n’a été découvert, certains vêtements que portait le garçon au moment de sa disparition ont été retrouvés en contrebas du chemin, “près d’une rivière, à 150 m de l’endroit où se trouvait le crâne”. « Un t-shirt, ses chaussures et sa culotte », a énuméré le procureur. Ces vêtements, qui ne présentent aucune trace visible de violences, ont été confiés à des spécialistes de l’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN).
Zone non entièrement recherchée
Mais que s’est-il réellement passé le 8 juillet ? Emile est aperçu pour la dernière fois par deux voisins qui le voient quitter la maison de ses grands-parents où il est en vacances. Il est 17h15. L’alerte est donnée une heure plus tard. Des centaines de gendarmes appuyés par des hélicoptères et des équipes cynophiles ont été immédiatement mobilisés.
Dans les jours qui suivirent, de multiples chasses furent organisées. Un périmètre de près de 100 hectares est soigneusement ratissé. Mais était-ce dans tous les coins ? Pas certain. “Je ne peux pas dire que chaque mètre carré a été fouillé” en juillet, a déclaré le procureur. Et d’ajouter que « les températures à l’époque (ndlr : il faisait plus de 30 degrés) aurait pu altérer les détecteurs des drones et l’odeur des chiens lors de la recherche.
Une piste criminelle peu étayée
Autant de constatations qui « renforcent la thèse accidentelle », confie une Source proche de l’enquête au journal « Le Parisien », même si « rien ne peut être définitivement exclu à ce stade, hormis l’enlèvement ». Pour cet expert, « l’hypothèse la plus plausible est qu’il soit décédé à proximité du lieu de la découverte du crâne et des vêtements. Ensuite, les animaux peuvent avoir « nettoyé » le cadavre en emportant les os ou avoir été déplacés par les éléments météorologiques. Emile aurait pu « s’égarer dans les bois, mourir de froid ou de faim », abonde sur France Télévisions l’ancien procureur Jacques Dallest, qui, compte tenu du relief et du caractère escarpé de la zone, privilégie d’emblée le scénario accidentel.
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Durant les neuf mois d’enquête qui ont suivi la disparition d’Emile, toutes les hypothèses ont été envisagées par la police. Un rôdeur, un voisin malveillant ou encore un accident de voiture caché. L’attention s’est également portée sur la famille de l’enfant, dont le profil atypique attirait les soupçons. Puis ces derniers jours, c’est le grand-père du petit qui s’est retrouvé suspect numéro un. Depuis les révélations de « Chained Duck » sur son rôle dans une affaire de violences contre des enfants dans une communauté religieuse dans les années 90, tous les regards sont tournés vers cet homme.
Mais pour Jacques Dallest, les enquêteurs ne disposent, à ce stade, d’aucun élément étayant la thèse criminelle. Les investigations sur le terrain et en laboratoire devraient se poursuivre pendant encore plusieurs semaines. Mais en l’absence de nouveaux indices, préviennent les spécialistes, nous ne connaîtrons peut-être jamais la vérité sur cette tragédie.
Yannick Van der Schueren est journaliste à la section internationale depuis 2008. Auparavant, elle était journaliste indépendante, dans la presse écrite et à la radio. Prix Ella Maillart 2007 pour ses reportages en Tchétchénie, Afghanistan, Irak et Biélorussie.Plus d’informations
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