Soutenir aveuglément Israël ne sera plus possible

Soutenir aveuglément Israël ne sera plus possible
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Pour parler de cette terrible crise humanitaire qui se joue en Palestine, je veux faire appel à la sagesse de Clarence Avant. Celui que l’on surnomme le « parrain » de la musique noire américaine professait le pouvoir des nombres.


Publié à 1h24

Mis à jour à 7h00

Disparu en août 2023 à l’âge de 92 ans, ce chevalier au service de la justice économique dans les contrats signés avec des célébrités afro-américaines des arts et du sport disait souvent : « La vie est une chose et une seule : les chiffres. La vie commence et se termine par un chiffre. »

Même dans son engagement en faveur des droits civiques, il a répété que les chiffres étaient bien plus importants que toutes les bonnes intentions du monde que chantent les politiques et les acteurs économiques. Ce qui n’est pas faux. Surtout aux États-Unis où la politique est un foyer de pratiques clientélistes. Dans un tel système, le nombre d’électeurs détermine le pouvoir politique d’une communauté.

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PHOTO MARK VON HOLDEN, FOURNIE PAR ASSOCIATED PRESS

Clarence Avant

Mais je vais quitter l’âme de celui qui a abusé de l’expression « putain… » et revenir à mon sujet qui n’est quand même pas loin du clientélisme.

Si j’évoque la vision de Clarence, c’est simplement pour mieux expliquer à quel point Benyamin Netanyahu n’a plus les bons chiffres. Ses méthodes ont érodé le nombre de personnes favorables ou sympathiques à Israël sur la planète. Même avant l’horrible attaque du Hamas qui a conduit à cette terrible guerre, le Premier ministre israélien ne disposait plus des bons chiffres dans son pays. Raison pour laquelle il a conclu un pacte avec la frange la plus sombre et suprémaciste de la politique israélienne pour rester au pouvoir.

Il a également tenté de réformer le système judiciaire du pays pour sauver sa peau dans les causes qui l’attendent une fois hors du pouvoir. Une dérive autocratique qui avait mobilisé à plusieurs reprises des dizaines de milliers de citoyens israéliens dans les rues. Ces mêmes personnes qui recommencent à descendre dans la rue pour lui demander d’organiser des élections anticipées et de renoncer au pouvoir.

Mais, comme dirait Clarence, les chiffres ne favorisent plus les méthodes cavalières de Netanyahu et des extrémistes qui le maintiennent au pouvoir. Même son allié traditionnel et indéfectible, l’Amérique, vient de lui faire un pied de nez historique.

Il faut dire que Biden cherche aussi à ne pas éroder ses chiffres. Il voit bien qu’une invasion terrestre à grande échelle de Rafah risque de ruiner toutes ses chances de remporter l’élection présidentielle de novembre prochain et cherche à sauver sa peau.

En tout cas, même si Netanyahu prétendait être ami avec Biden au début de cette guerre, son mariage avec Donald Trump est bien plus naturel. Ces deux bandits politiques complètement accros au pouvoir semblent sortis de la même usine. Outre les nombreux procès qui pèsent sur leurs têtes, tous deux voient le pouvoir comme la seule option pour éviter la prison. Étendre, voire élargir la guerre en attendant l’arrivée probable de son ami Trump semble faire partie de sa stratégie aujourd’hui critiquée par ses alliés traditionnels.

Mais s’il est une nouvelle réalité que cette guerre nous a révélée, c’est que le soutien aveugle à Israël ne sera plus une posture acceptable dans de nombreux pays occidentaux. Pour cause, avec l’immigration, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux Etats-Unis et dans bien d’autres pays, les musulmans et militants pro-palestiniens ont aujourd’hui atteint un nombre suffisamment important pour imposer des sanctions aux hommes politiques qui refusent d’écouter leurs inquiétudes sur ce conflit.

Il faut entendre Macron, Trudeau et Biden rivaliser pour comprendre à quel point il y a désormais un prix politique à payer pour ceux qui choisissent ce soutien inconditionnel.

Joe Biden soutient depuis longtemps et sans condition le gouvernement Netanyahu dans sa guerre, mais les chiffres ont eu raison de lui. Ils lui ont fait comprendre qu’en s’aliénant une bonne partie de ce vote favorable à la cause palestinienne, il risquait grandement de mordre la poussière en novembre prochain. Le voici tiraillé entre la droite de son parti, très favorable à Israël, et sa gauche, qui menace de sanctionner cette posture s’il n’y a pas de changement.

La politique d’entêtement de Netanyahu fait perdre au gouvernement israélien la faveur des chiffres. Ce qui est une bonne chose, car même s’il faut condamner fermement l’attaque du 7 octobre 2023, nous ne pourrons plus jamais fermer les yeux sur la prédation des terres palestiniennes par des colons israéliens extrémistes tout aussi fanatiques que le Hamas. ils se battent.

Je parle de ces enthousiastes qui profitent de la catastrophe qui se déroule à Gaza pour lancer un nouveau projet d’occupation de 800 hectares de terres en Cisjordanie occupée dans le but d’y construire de nouvelles colonies. Ils poursuivent leur projet d’appropriation territoriale au mépris des lois internationales.

À la fin de cette guerre, que beaucoup d’entre nous souhaitent immédiatement après la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu, les Israéliens prendront conscience de l’ampleur des dégâts géopolitiques causés par Netanyahu à leur pays.

Comme dirait Clarence Avant, les chiffres du soutien massif à l’État juif ne seront plus jamais comme avant. Autrement dit, en voulant prolonger cette guerre dramatique qui fait trop de victimes civiles, Netanyahu fait perdre massivement à Israël sur le plan diplomatique et géopolitique.

 
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