« Les pays européens qui apparaissent les plus civilisés sont ceux qui ont commis le plus d’atrocités, comme la France ou la Belgique » – .

« Les pays européens qui apparaissent les plus civilisés sont ceux qui ont commis le plus d’atrocités, comme la France ou la Belgique » – .
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Si elle a attendu l’aube des années 2020 pour décider de coucher cette histoire sur papier, c’est parce que ce livre est un assemblage. « Je ne pars jamais d’une page blanche. Dans ce cas, je me suis inspiré de trois projets que j’avais laissés de côté : celui sur mon ancêtre, celui sur l’infidélité de mon père et celui sur ma vie polyamoureuse”détaille celui qui s’est également inspiré de son expérience de « migrant originaire d’une ancienne colonie espagnole, faisant partie d’une diaspora consciente de la ‘colonialité’ qui imprègne encore tout ».

« Portrait Huaco » de Gabriela Wiener : quête d’identité d’une arrière-arrière-petite-fille de colon

Gabriela Wiener a un engagement inculqué dans le corps – jusqu’au radicalisme. Lorsqu’elle a choisi de travailler comme journaliste et écrivain, elle considère qu’elle n’aurait pas pu le faire dans son pays d’origine, le Pérou, « sans se sentir exploité, en insécurité ou sans l’impression de travailler pour l’ennemi. Je suis allé en Espagne pour faire un master, mais je ne voulais pas devenir universitaire, sinon je serais allé aux États-Unis. explique-t-elle avant de préciser, “J’écris contre le racisme, le colonialisme, sur le désir, la gauche, la maternité et l’amour.” Tous les sujets trouvés dans Portrait de Huaco.

Retour des œuvres

Un livre qu’elle commence par décrire le trouble qu’elle ressent, au Musée des civilisations et des arts premiers du quai Branly à Paris, lorsque son propre reflet se mêle aux statuettes qui lui ressemblent tant. Que pense Gabriela Wiener de ce type de musée ? « Ce sont des espaces où une sorte de manipulation (« manipulation ») a eu lieu sur la réflexion sur le colonialisme alors que ce qui est sous-jacent est un ethnocide pur et dur, le démantèlement culturel des peuples autochtones. Les musées ont été utilisés et le patrimoine de ces territoires pillés est exposé comme une partie du trésor impérial de la conquête sans aucun commentaire ni dispositif critique.

Quant aux pièces qu’elles contiennent, doivent-elles être restituées aux personnes auxquelles elles appartiennent ? « Oui, bien sûr, mais cela prendrait une éternité. Les pays européens qui semblent les plus civilisés et cultivés sont ceux qui ont commis le plus d’atrocités, comme la France ou la Belgique.»

“Personne n’a jamais traité Charles Wiener de ‘huaquero’, seulement moi”précise Gabriela Wiener qui n’a jamais pensé à changer de nom de famille même si on lui pose régulièrement des questions à ce sujet : « Écrire des livres pour le remettre en question »ça lui suffit, nous dit-elle.

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Huaco, huaquero

« Le huaquero est celui qui pille, vole les huacos, les trésors indigènes. Tout au long du livre, il y a une identification constante entre le huaco et le protagoniste pour souligner que l’autre, au XIXe siècle, était perçu comme subordonné. Et c’est toujours d’actualité aujourd’hui. Cet autre qui était le sauvage, le cannibale, le monstre. Dans son livre, Gabriela Wiener rappelle qu’en 1958 la Belgique abritait un zoo humain ! “Je pense que Portrait de Huaco dépeint différents niveaux de déshumanisation. Les plus extrêmes sont sans doute ces zoos. Mais ce paternalisme envers les femmes sud-américaines qui nettoient les maisons européennes et s’occupent des personnes âgées persiste encore aujourd’hui..

Outre la restitution des œuvres, Gabriela Wiener souscrit également au fait, lorsqu’on lui suggère, qu’entre-temps, « les collections sont contextualisées et commentées par les descendants des territoires pillés. L’œuvre de la Péruvienne Sandra Gamarra (premier artiste sud-américain choisi pour représenter l’Espagne à la Biennale de Venise, NDLR) va dans ce sens qui remet en question l’idée même du musée.

Gabriela Wiener a posté sur son profil WhatsApp : « Muero et vivo de scriber ». Explications de l’intéressé : « Parce qu’écrire donne un sens à ma vie, mais ça me tue aussi à petit feu

RENDEZ-VOUS

Regards croisés sur la vieille Europe. Gabriela Wiener et Akos Verboczy (auteur de My Father’s House) parleront de leur quête à la fois familiale et identitaire. Samedi 6 avril, 13h, Place de l’Europe.

 
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