Les bombardements israéliens ont de nouveau touché la bande de Gaza vendredi. La population de ce territoire palestinien assiégé est confrontée à une « famine imminente » selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près de six mois après le début de la guerre.
Le ministère de la Santé du Hamas a fait état dans la matinée de “des dizaines de morts” lors de combats et de raids aériens, notamment à Rafah (sud), ville considérée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas et où vivent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les hostilités.
Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, où la majorité des 2,4 millions d’habitants sont désormais menacés de famine selon l’ONU. Elle déplore une aide largement insuffisante pour répondre aux besoins de la population.
“Il n’y a aucun autre endroit au monde où un si grand nombre de personnes sont confrontées à une famine imminente”, a déploré jeudi sur X Matthew Hollingworth, responsable des territoires palestiniens au PAM.
CIJ : Israël est tenu de fournir une aide
Israël doit « garantir rapidement » que toutes les parties intéressées fournissent « sans restriction et à grande échelle les services de base et l’aide humanitaire dont ils ont besoin d’urgence », a déclaré jeudi la Cour internationale de Justice. justice (CIJ) basée à La Haye.
Saisi par l’Afrique du Sud, le tribunal a ordonné en janvier à Israël de tout mettre en œuvre pour empêcher un « génocide » dans le territoire palestinien, Israël jugeant de telles accusations « scandaleuses ». Dans la nuit, le Hamas a salué la décision de la CIJ et a exigé sa « mise en œuvre immédiate ».
Pas assez de parachutages
Face à l’urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et des expéditions d’aide par voie maritime, mais tous soulignent que ces voies de ravitaillement ne peuvent remplacer les voies terrestres.
La guerre a été déclenchée par une attaque menée depuis la bande de Gaza par le Hamas le 7 octobre en Israël qui a fait au moins 1.160 morts, principalement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données de responsables israéliens.
Toujours selon Israël, environ 250 personnes ont été kidnappées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes.
Près de 33 000 morts
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas et a lancé une offensive sanglante qui a fait 32 623 morts, pour la plupart des femmes et des enfants, selon un dernier rapport vendredi du ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, a indiqué vendredi qu’elle poursuivait ses opérations dans le complexe hospitalier d’Al-Chifa, au nord de la ville de Gaza, affirmant avoir “éliminé environ 200 terroristes” dans ce secteur depuis le 18 mars.
Elle a souligné qu’il fallait « éviter tout dommage aux civils, aux patients, aux équipes médicales et aux équipements ». Au centre de la bande de Gaza, l’armée a déclaré avoir « détruit de nombreuses roquettes destinées à être tirées vers Israël » et éliminé des « terroristes ».
Les opérations se poursuivent également à Khan Younes, au sud de la bande de Gaza, dans les zones d’Al-Amal et d’Al Qarara, où des combattants palestiniens ont également été tués, selon elle.
Des blessés soignés au sol
A Khan Younes, plusieurs blessés ont été transportés en ambulance vers l’hôpital européen dans la nuit, selon des images de l’AFP. Certaines victimes, dont des enfants, ont été soignées sur le terrain.
À Rafah, plus au sud, des dizaines d’hommes ont travaillé pour déblayer les décombres d’un immeuble bombardé des blessés et des corps, d’où un jeune garçon a été extrait.
Netanyahou persiste
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyhau a réaffirmé jeudi sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah malgré la pression internationale, notamment américaine.
« Nous tenons le nord de la bande de Gaza ainsi que Khan Younes (sud). Nous avons coupé la bande de Gaza en deux et nous nous préparons à entrer dans Rafah”, a-t-il déclaré.
Les Etats-Unis, principal allié d’Israël qui craint le bilan humain d’une telle opération, ont récemment demandé l’envoi d’une délégation israélienne à Washington pour discuter de ce projet.
Résolution de l’ONU ignorée
Dans le même temps, le Qatar – médiateur avec l’Égypte et les États-Unis – a accueilli cette semaine des négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un projet de trêve de plusieurs semaines couplé à un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.
Une résolution de l’ONU appelant à un “cessez-le-feu immédiat” a été adoptée lundi après l’abstention des Etats-Unis, mais “rien n’a changé” sur le terrain depuis, a déploré le président international de Médecins Sans frontières Christos Christou.
/ATS
