À l’approche du printemps, alors que les festivals vont lancer leur programmation 2025, plusieurs peinent à garder la tête hors de l’eau. Parmi ceux-ci, il y a le Festival de la chanson de Tadoussac et le festif ! qui s’inquiètent pour leur avenir.
Il y a vraiment un sentiment d’urgence
fait valoir Patrick Kearney, directeur général du refrain, le regroupement des festivals artistiques régionaux indépendants.
Par exemple, le Festival de la chanson de Tadoussac, qui entame son 41e Année d’existence, doit envisager une campagne de sociofinancement pour la première fois de son histoire.
Nous avons procédé à de nombreux ajustements internes en termes de programmation. C’est certain que j’ai des coupes budgétaires dans toutes les positions budgétaires pour essayer d’avoir une programmation qui coûte un peu moins cher, sans baisser la qualité
explains Myriam Sénéchal, director general of the festival since 2023.
La directrice générale du Festival de la chanson de Tadoussac, Myriam Sénéchal.
Photo : - / Catherine Paquette
La campagne se déroulera sur la plateforme de sociofinancement la ruche et sera lancée au printemps. Le montant demandé reste à déterminer.
Tout n’est pas prévu
said Myriam Sénéchal. Mais c’est un peu comme ça qu’on essaie d’aller dépasser les incertitudes des subventions
explique-t-elle, toujours dans l’attente des réponses des donateurs publics et privés.
Le festif ! en équilibre précaire
Il y a clairement quelque chose qui ne marche pas
lance d’emblée Clément Turgeon, directeur général et artistique et fondateur du festival Festive ! de Baie-Saint-Paul.
Il déplore l’écart entre l’augmentation des coûts liée à l’inflation et les enveloppes budgétaires qui sont accordées. Je pense parler au nom de tous les festivals, notamment de la région
souligne-t-il. Au plus tard avant-hier, nous avons eu des baisses alors que nous jouions plus que jamais
raconte Clément Turgeon, à propos de son festival qui a rapidement gagné en popularité au cours de ses 16 années d’existence.
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Le festif ! de Baie-Saint-Paul.
Photo : - / Guillaume Morin
Plusieurs des subventions attendues arriveront en avril, mai ou juin, alors que la programmation des festivals sera déjà dévoilée et la vente des billets lancée.
je suis prudent
adds Clément Turgeon. Je dis que nous allons avoir raison [cette année] En même temps, je n’avais presque pas encore de réponse financière. Peut-être que je dis ça et dans deux mois je pleurerai par terre.
La pression sur l’organisation est palpable. Cette année, ma contingence est bien moins importante que d’habitude. S’il fait beau, ça ira, mais il suffit qu’il pleuve un peu, alors je serai dans le trou des 40 000 $
donne en exemple le fondateur du festif !
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Le festif ! de Baie-Saint-Paul dévoilera sa programmation en avril.
Photo : page Facebook Le Festif de Baie-Saint-Paul
-D’un côté, il y a les financements publics, mais aussi les financements privés dont les montants accordés ont tendance à diminuer. À ce jour dans le secteur privé, il y a déjà deux coupures, une de 27 000$ et une de 12 000$ qui ne revient pas
il explique. On nous dit, on vous aime, on aimerait bien ça, mais la situation économique fait que nous avons tout supprimé de nos partenariats avec l’événementiel.
Libre en danger ?
De nombreux festivals proposent un volet gratuit aux festivaliers. On ne met pas toujours ça avant, mais c’est ultra-important d’avoir une aide financière gratuite
mentionne Patrick Kearney du refrain.
Il explique que la partie gratuite des festivals permet souvent aux citoyens locaux d’avoir accès à l’événement lorsqu’il n’y a plus de billets. La plupart du temps, ce n’est pas que les gens ne veulent pas payer, c’est qu’ils ne peuvent pas avoir de passeport parce qu’il se vend très vite.
dit-il.
C’est entre autres le cas du festif !. Si ça continue comme ça, il faudra se poser la question sur la gratuité de nos spectacles, sur l’offre, sur l’expérience globale, la qualité de l’accueil
laments Clément Turgeon.
Le festif ! ne disparaîtra pas, mais peut-être que maintenant on dira qu’on ne peut plus faire de surprises à Michel Rivard dans les cours extérieurs, gratuits et annoncés 20 minutes à l’avance.
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Clément Turgeon, directeur général et artistique du Festif ! Baie-Saint-Paul
Photo : - / Carl Marchand
Difficile de faire un événement qui ne soit pas déficitaire dans le contexte
soutient Myriam Sénéchal qui rappelle le contexte post-pandémie difficile. Les coûts ont continué à exploser. Les coûts de programmation, les pilules qui ont doublé et même triplé.
Clément Turgeon adds: Je ne nommerais personne, mais vous savez, il y a une augmentation de 300 %. Il y en a qui nous ressemblent, je ne comprends pas, mais ils ont leur raison.
Un artiste payé 25 000 $ il y a trois ans en exige maintenant 75 000 $, donne en exemple le fondateur du festif!, dont les invités viennent du Québec, du Canada et aussi de l’extérieur du pays.
Les artistes ont leurs enjeux, donc je comprends, mais c’est juste qu’il faut que quelqu’un nous aide à suivre cette croissance des cachets
soutient le réalisateur.
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Matiu en prestation lors de la 35e édition du Festival de la chanson de Tadoussac
Photo: - / Marlène Joseph-Blais
Pour Patrick Kearney, la solution passe par un état des lieux. Quel est le plan ?
J’ai des regrets. Souvent, les gouvernements n’ont aucun plan
. Il souhaite, entre autres, une plus grande équité entre les différentes fêtes.
Pour lui, la vitalité des festivals dans la région est cruciale puisque c’est là que les citoyens font des découvertes. On dit souvent que les festivals sont une porte d’entrée pour les jeunes vers la culture.
plaide le directeur général du refrain.
Il donne l’exemple de son adolescent de 19 ans. Rarement il ira immédiatement s’asseoir dans une salle de spectacle aux oignons pour voir, par exemple, Ariane Roy. Mais s’il la voit à la fête ! ou à Santa Teresa, il voudra peut-être la voir dans la pièce après
illustre Patrick Kearney.