Renée et Christian, « cobayes » bénévoles à Bordeaux, pour une étude scientifique sur Alzheimer

Renée et Christian, « cobayes » bénévoles à Bordeaux, pour une étude scientifique sur Alzheimer
Renée et Christian, « cobayes » bénévoles à Bordeaux, pour une étude scientifique sur Alzheimer

R.Enée et Christian sont d’heureux cobayes. Aucun lien avec les rongeurs, car ils sont les sujets consentants d’une expérience scientifique, avec 1 500 autres sujets dont le point commun est d’avoir entre 55 et 80 ans. « Nous avons appris de bouche à oreille qu’une équipe de l’Inserm à Bordeaux recherchait des volontaires pour participer à une étude sur la maladie d’Alzheimer, débute Renée. Nous nous sommes appelés banque, par curiosité. Pour être honnête, j’avais remarqué que Christian oubliait des choses : ses lunettes qu’il rangeait n’importe où, les portes de placards qu’il ne fermait plus… » Christian, son mari, affiche un sourire conquérant. « Eh bien, c’est vrai qu’elle était inquiète et donc ça m’a fait très peur aussi. J’en ai parlé à mon médecin généraliste, après un test de cinq minutes, il m’a dit : super ! » Ainsi, Renée, 75 ans, ex-esthéticienne, et Christian, 74 ans, informaticien à la retraite, sont entrés dans la cohorte B cube (pour Biobanque et Santé du Cerveau à Bordeaux) Maladie d’Alzheimer (1). Bon pied, bon œil.

Cette étude est la troisième sur la maladie d’Alzheimer réalisée par Bordeaux : la première, l’étude Paquid (1989), de renommée internationale, a réuni 3 777 participants. Elle a été suivie par celle des 3 villes (car les participants ont été recrutés dans trois villes, Bordeaux, Dijon, Montpellier) : 10 000 bénévoles. Ces travaux, menés de longue date par le professeur Jean-François Dartigues, ont beaucoup appris sur la précocité des signes de la maladie. Cette fois, l’étude B cube menée par Cécilia Samieri, neuro-épidémiologiste, avec Catherine Helmer, Catherine Feart et Coralie Delgado, vise à observer l’évolution cognitive et biologique des personnes sur le long terme. “On commence l’observation plus tôt que les études précédentes, les volontaires sont soumis à une batterie de tests biologiques, d’imagerie (IRM) sur mémoire”, explique Cécilia Samiera. Nous les interrogeons sur leur mode de vie et leur alimentation. L’IA et les données à haut débit nous aideront à trouver les premiers biomarqueurs et facteurs de risque. À partir de toutes ces trajectoires de vieillissement, nous souhaitons comprendre ce qui fait la différence entre un vieillissement réussi et des vieillissements plus compliqués. »

Bonnes nouvelles

Renée et Christian ont donc reçu un neuropsychologue à leur domicile de Pessac en octobre dernier pour un test de mémoire de deux heures, chacun à son tour. « Notre vie revue, raconte Renée, nos activités, nos déplacements. Séquences de nombres en avant et en arrière. Ce n’est pas désagréable, il n’y a vraiment aucun problème. Quoi qu’il en soit, je fais des mots croisés tous les jours. » Le mode de vie du couple Pessac est exemplaire : Renée pratique l’aquagym deux fois par semaine, la gymnastique une fois, fait du vélo, marche beaucoup. Christian, quant à lui, fait du vélo tous les jours, donne des cours de danse country et joue au golf. En famille, on mange sainement, « des fruits et légumes bio achetés au marché chaque semaine, très peu de viande, des sardines… »

« Une infirmière est venue à la maison pour faire des prélèvements de sang, d’urine, de cheveux et même d’ongles. Et en plus, nous avons été pesés sur une balance à impédance. » Clin d’oeil de Renée à Christian. « Cette balance nous permet de mesurer la masse grasse du corps en calculant le pourcentage de graisse et donne notre âge biologique… » Verdict : Renée, 75 ans au calendrier, a 60 ans biologiques, et Christian, 74 ans, n’est plus de 58. « Voyez, le côté donnant-donnant de notre participation à cette étude », commente Christian. D’un côté nous aidons la science, de l’autre nous sommes très bien soignés médicalement, nous savons que nous sommes en bonne santé et sur la bonne voie. » Les chercheurs sont d’accord : « Tous nos bénévoles ne sont pas aussi vertueux », reconnaît Coralie Delgado, responsable du projet B cube. Dans notre étude nous avons tous les profils, certains ne font aucune activité, mangent de manière déséquilibrée… La seule condition est l’âge et le fait d’habiter la région bordelaise. A ce jour, il nous manque un peu moins de 500 participants pour compléter la file. »

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Une légère baisse de l’incidence de la maladie d’Alzheimer

Trop tôt pour tirer des conclusions, les chercheurs commencent à récolter les fruits de leurs premières observations. Catherine Helmer travaillait déjà sur l’étude Paquid et celle des 3 villes. « Le niveau cognitif de la population est meilleur qu’il y a vingt ans, dit-elle, et on voit la courbe d’Alzheimer baisser significativement au même âge, notamment chez les femmes. Pour quoi ? Sans doute une meilleure gestion des facteurs de risque, alimentation, sédentarité, risques vasculaires. Par ailleurs, on voit émerger de nouvelles hypothèses de risques grâce à l’approche biologique : pesticides et divers contaminants et infections liés au virus de l’herpès. »

(1) Une cohorte est une étude qui repose sur le suivi de participants volontaires.

 
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