Installés le long des avenues, routes et ruelles, petits restaurants et maquis se développent dans tous les quartiers de Bangui et proposent des recettes locales pour le plus grand plaisir des consommateurs. Sauf qu’avec la saison sèche, certaines routes de la capitale étant en latérite, le passage des véhicules, motos et piétons provoque des poussières sur les produits alimentaires, pouvant provoquer de nombreuses maladies. Pour la plupart des clients, il est impossible de se détourner de ces restaurants, car les prix sont très abordables.
De notre correspondant à Bangui,
Dans une ruelle en latérite au coeur du quartier Malimaka dans le cinquième arrondissement de Banguiles restaurants de fortune poussent comme des champignons. Installé entre un caniveau et une décharge publique, le restaurant Pélagie est exposé à tous types de dangers. ” Pour exercer ce métier, il faut être fort, says Pélagie. J’ai installé ces vieux rideaux ainsi que ces morceaux de pagnes pour recouvrir le gommage. Ici, je vends des feuilles de manioc, du poulet rôti, du poisson fumé et du gnetum. Je me rends compte que c’est un endroit insalubre, mais nous allons nous débrouiller pour le moment. »
Dans ce maquis, les consommateurs sont assis sur des bancs, les uns à côté des autres. ” Je ne peux pas me permettre d’aller dans des restaurants chics, confie Juliano, qui vient de passer sa commande. Chaque jour, je mange dans ce buisson. Comme vous le voyez, il y a de la boue d’un côté, des détritus de l’autre, sans oublier les chiens qui passent entre nos jambes. Les aliments ne sont pas protégés malgré la poussière. Ce qui m’intéresse, c’est d’être satisfait. Le prix des plats varie entre 350 et 500 FCFA. »
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De graves conséquences sur la santé
Si le prix de ces plats ne dépasse pas 1 euro, les conséquences sanitaires sont parfois dramatiques pour certains clients. ” J’ai été hospitalisé pendant plusieurs semaines. La fièvre typhoïde m’a presque tué, témoigne Jonathan, est tombé malade en 2023. Les véhicules qui passent soulèvent de la poussière et émettent des fumées toxiques. Même les assiettes utilisées pour servir les clients sont parfois mal nettoyées. Après ma guérison il y a deux ans, j’ai décidé de ne plus manger dans des buissons insalubres. »
Jean-Christian Amédée Mandjeka, nutritionniste, confirme que le manque d’hygiène dans les restaurants publics peut être à l’origine de intoxication alimentaire : « Ces aliments peuvent être source de contamination pour le consommateur : poussières qui se déposent sur les aliments lorsqu’ils ne sont pas protégés, passants qui toussent, tuberculose, transmission directe par la respiration, la salive, etc. Ces points noirs sont en fait des substances cancérigènes qui peuvent s’installer dans les poumons, dans les voies respiratoires, etc., et ce sont des poisons pour les consommateurs ordinaires. »
En attendant la mise en place de mesures sévères, la mairie de Bangui et le ministère centrafricain de la Santé continuent de sensibiliser les propriétaires de ces restaurants au respect des pratiques d’hygiène.
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