ce que l’on sait des cas humains observés aux Etats-Unis

ce que l’on sait des cas humains observés aux Etats-Unis
ce que l’on sait des cas humains observés aux Etats-Unis

Au 30 décembre 2024, 66 cas humains de grippe aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 ont été identifiés aux États-Unis, dont le tout premier cas grave détecté le 18 décembre. Pour l’instant, presque tous les cas sont d’intensité modérée. et seulement deux cas graves ont été signalés en Amérique du Nord, le deuxième ayant été signalé au Canada chez un jeune patient de 13 ans. Aucun décès n’est survenu.

N’ayant constaté aucune transmission interhumaine, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis maintiennent le risque pour la santé publique à un faible niveau, tout en surveillant la situation de près.

Pour le patient américain, l’hypothèse retenue est celle d’une contamination par des oiseaux sauvages morts ou malades dans son jardin, une première aux Etats-Unis, qui connaissent une recrudescence des cas humains de H5N1. En séquençant le virus présent chez ce patient, le CDC a identifié une mutation introuvable chez les volailles et le bétail. Ceci suggère que ce changement génomique viral a lieu chez le patient, à un stade avancé de l’infection.

Son génotype D1.1 est différent du virus B3.13 qui se propage aujourd’hui, mais il est particulièrement proche d’autres virus détectés en 2024 chez des oiseaux sauvages ou d’élevage aux États-Unis. Une séquence est identique au virus retrouvé chez l’adolescent canadien.

Nouvelle encourageante, la mutation semble avoir un potentiel vaccinal : les gènes HA du virus sont similaires à ceux ciblés par candidats vaccins A/Ezo red fox/Hokkaido/1/2022 et A/Astrakhan/3212/2020 à quelques acides aminés. Cela permettrait une réponse rapide en cas d’épidémie humaine.

Conjonctivite, fièvre et symptômes respiratoires

Une étude publiée le 31 décembre dans le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre (NEJM) dresse un inventaire des 46 cas enregistrés du 1est Mars au 31 octobre 2024 aux États-Unis : sources de contamination, équipements de protection et symptômes. Vingt patients ont été en contact avec des volailles contaminées et tous ont participé à des activités de dépopulation aviaire. Sur les 25 travailleurs de l’industrie laitière, 16 % ont été exposés aux vaches, 84 % aux vaches et au lait cru.

Les principaux symptômes étaient la conjonctivite (93 % des patients, un tiers sans autres symptômes), la fièvre (49 %) et les problèmes respiratoires (36 %), avec une durée médiane de maladie de 4 jours (sur la base des données disponibles). , soit 16 patients). La fièvre est plus fréquente chez les travailleurs en contact avec les volailles (60 contre 40 %), de même pour les maux de tête (55 contre 35 %), les myalgies (55 contre 32 %) et les symptômes respiratoires (45 contre 28 %). .

Le dernier patient de la série n’a pas de source identifiée. La présentation de la maladie était quelque peu différente : douleurs thoraciques aiguës, nausées et vomissements, diarrhée et faiblesse, sans symptômes respiratoires.

Utilisation « sous-optimale » des équipements de protection

Une partie des travailleurs portaient des équipements de protection individuelle (EPI) : des gants pour 71 % d’entre eux, des protections oculaires pour 60 % et des masques pour près de la moitié. Seul un tiers des patients utilisaient ensemble masques et protections oculaires. Des chiffres que les auteurs de l’étude qualifient de « sous-optimal ». Ils soulèvent la nécessité de déployer des stratégies supplémentaires pour réduire le risque d’exposition.

Trente-neuf patients ont été traités par l’oseltamivir pendant une durée médiane de cinq jours. Le CDC a récemment modifié ses instructions pour l’oseltamivir, recommandant une durée de traitement plus longue pour les personnes hospitalisées et une administration deux fois par jour à titre prophylactique. Dans un éditorial publié dans le NEJMLes Drs Michael G. Ison et Jeanne M. Marrazzo, tous deux de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), commentent : « Nous devons continuer à développer et tester des contre-mesures médicales. Les isolats de virus circulants sont sensibles à tous les inhibiteurs de la neuraminidase, aux adamantanes et au baloxavir marboxil. » En effet, ils notent que le patient canadien présentait une charge virale plus élevée au niveau des voies respiratoires inférieures et une excrétion virale prolongée malgré le traitement.

Trouver l’équilibre entre une vigilance accrue et le statu quo

Dans leur éditorial, les Drs Ison et Marrazzo sont clairs : « La collaboration entre les chercheurs en médecine humaine et vétérinaire, les décideurs de santé publique, le système de santé et les autorités agricoles est essentielle. » Ils mettent en avant la détection des cas de H5N1 rendue possible grâce à une approche de surveillance standard qui “repose sur la confiance entre de nombreuses entités mais aussi avec des patients présentant des symptômes d’intérêt, notamment la conjonctivite”.

Les deux infectiologues rappellent l’importance de One Health alors qu’à ce jour, les scientifiques manquent cruellement de données génomiques critiques pour comprendre la propagation du virus. « De telles données nous offriraient également l’opportunité de détecter précocement des mutations à fort tropisme pour l’épithélium respiratoire »ajoutent-ils.

Avec l’augmentation du nombre de cas aux Etats-Unis ces dernières semaines, les éditorialistes appellent à trouver un équilibre entre vigilance accrue et affaires comme d’habitude. « Sans une meilleure compréhension de l’étendue de l’exposition, de l’infection, de l’évolution du virus et de sa transmission, nous serons incapables de protéger nos communautés contre un agent pathogène qui s’est révélé redoutable. pour la santé humaine et animale ».

Deux nouveaux foyers de H5N1 dans les élevages français

Les 27 et 28 décembre, deux foyers de grippe aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N1 ont été détectés. dans des fermes françaises, dans l’Eure et le Calvados. Ainsi, la perd son statut indemne d’IAHP qu’elle avait retrouvé le 15 décembre. Pour l’instant, aucun cas humain n’a été observé sur le territoire. Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a indiqué dans un communiqué avoir engagé les mesures de biosécurité prévues en cas de nouveaux foyers : abattage, nettoyage et désinfection des deux sites, zone de protection de 3 km pour les élevages voisins et surveillance de 3 à 10 km autour des foyers.

La deuxième campagne de vaccination obligatoire des canards se poursuit, « un pilier de la prévention contre l’IAHP, complémentaire à la surveillance et à la biosécurité »lit-on dans un communiqué du ministère. La France reste au niveau de risque épizootique « élevé » d’IAHP, notamment au regard des possibilités d’infections liées à la migration alors que la circulation du virus parmi les oiseaux sauvages est active en Europe.

 
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