Cancer. « L’immense espoir » suscité par un projet de recherche inédit mené à Toulouse

Cancer. « L’immense espoir » suscité par un projet de recherche inédit mené à Toulouse
Cancer. « L’immense espoir » suscité par un projet de recherche inédit mené à Toulouse

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Lucie Fraisse

Publié le

19 décembre 2024 à 7h12

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Il s’agit d’une opération majeure dont Catherine subit encore les conséquences près de trois ans plus tard. Soignée à Toulouse, elle a été opérée en 2022, après une récidive du cancer des gencives.

« L’os avait été touché par un cancer, il a fallu l’enlever », explique-t-elle. J’ai subi une reconstruction faciale en retirant dix centimètres de mon péroné, qui était placé dans ma mâchoire. »

10 heures de fonctionnement et un long trajet

Une opération complexe de 10 heures qui a impliqué plusieurs chirurgiens. Catherine a ensuite été placée en réanimation, avec une trachéotomie pendant plusieurs jours pour pouvoir respirer, puis a eu une sonde nasogastrique pour se nourrir.

Pour Catherine, de l’association des patients de Corasso, qui a elle-même bénéficié d’une reconstruction faciale, le projet Bioface est un « immense espoir ». (©-/LF)

« J’ai dû arrêter de travailler pendant un an et demi. Aujourd’hui, je fais toujours de la rééducation avec un kiné. C’est un voyage long et éprouvant, y compris moralement. »

Un projet réunissant soignants, chercheurs et industriels

Un parcours du combattant – familier aux patients atteints d’un cancer de la bouche qui doivent recourir à une reconstruction faciale – qui pourrait bientôt appartenir au passé. Une équipe de soignants, chercheurs et industriels travaille en effet sur un projet qui pourrait tout changer dans la prise en charge des patients.

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Le projet Bioface est porté par le Professor Agnès Dupret-Boriesqui exerce au service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale de l’Oncopole, à Toulouse. Elle a notamment fait partie de l’équipe qui a réalisé une reconstruction nasale complète à l’aide d’un biomatériau imprimé en 3D, en 2022.

Avec Bioface, nous envisageons de reconstruire les os du visage touchés par le cancer, avec une technique sur mesure utilisant des biomatériaux, dont certains sont imprimés en 3D. On pourrait alors éviter les greffes et prélèvements osseux, inaccessibles à certains patients et qui échouent pour un patient sur dix.

Professor Agnès Dupret-Bories
Professeur Agnès Dupret-Bories, responsable du projet Bioface. (©CHU de Toulouse)

Combinaison de plusieurs biomatériaux

Réaliser une reconstruction faciale à l’aide de biomatériaux après un cancer constitue un véritable défi. D’autant plus que les zones à remplacer ont souvent été endommagé par la radiothérapie et que les implants doivent également résister aux séances de radiothérapie postopératoires.

Un défi que le projet Bioface veut relever en combinant plusieurs biomatériaux. Un implant d’hydroxyapatite d’abord (un biocéramiquemélange de calcium et de phosphate), Imprimé en 3D, personnalisé. Puis un implant en titane, pour un système de fixation adapté au patient.

Puis un membrane d’albumineun matériau entièrement naturel qui permet une régénération optimale des tissus. Un spray antimicrobien sera appliqué sur les différents implants, avant ou pendant leur pose, afin de prévenir les infections.

Lauréat du RHU 2023, soutenu par l’Etat

Ce projet ambitieux, qui n’en est qu’à ses balbutiements, bénéficie du label Recherche Hospitalo-Universitaire 2023 (RHU 2023), qui associe secteurs universitaire, hospitalier et commercial pour améliorer la prise en charge des patients.

A ce titre, il bénéficie d’un financement de l’Etat de 4,395 millions d’euros, pour un coût total de 13,4 millions d’euros.

Tests sur animaux de compagnie

Lancées en juin dernier, les premières études cliniques de Bioface sont en phase préparatoire. Particularité du projet : des tests seront réalisés sur des animaux de compagnie.

« Les chats et les chiens souffrent également de cancer de la bouchesouligne le professeur Agnès Dupret-Bories. Nous pourrons réaliser des tests d’implantation sur des chats et des chiens pour affiner le geste chirurgical avant de passer aux premiers tests chez l’homme, ce qui limitera les tests sur les animaux de laboratoire. »

“C’est un immense espoir”

Les premiers tests d’implantation chez l’homme devraient avoir lieu en 2029, sur douze patients.

« Pour moi, c’est trop tard, je ne vais pas tout refaire », sourit Carherine qui s’engage désormais auprès de Corasso, une association qui soutient et informe les personnes touchées par les cancers de la tête et du cou. Mais pour tous les patients qui auront besoin d’une reconstruction faciale après un cancer, c’est un immense espoir ! C’est la promesse de une reconstruction plus fiable, moins dévastatrice et moins traumatisante. »

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