découvrez l’ambitieux projet toulousain de reconstruction des visages des patients

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l’essentiel
Le CHU de Toulouse vient de lancer son projet de recherche BIOFACE. Médecins, universitaires, chercheurs et industriels unissent leurs forces pour développer un biomatériau permettant de reconstruire les os du visage après un cancer de la bouche. Espoir d’améliorer la qualité de vie de milliers de patients.

Lorsqu’il ne tue pas, le cancer endommage. En cas de cancer de la bouche, il est souvent nécessaire d’enlever les os du visage infiltrés par la tumeur. Lorsque la reconstruction est possible, un autre os du corps du patient est utilisé comme greffon : un morceau de péroné (os de la jambe) pour reconstruire une mandibule, une partie de l’omoplate pour le maxillaire. Cette chirurgie majeure, qui nécessite deux équipes au bloc opératoire pendant plus de dix heures, peut échouer (10 % des cas), se heurte à des problèmes de cicatrisation et n’est pas accessible aux patients les plus âgés ou les plus fragiles.

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« Pour ceux qui n’ont pas de reconstruction ou quand elle échoue, les conséquences sont graves : ils sont défigurés, s’isolent socialement, ont parfois besoin d’une trachéotomie pour respirer, d’une sonde pour manger. Notre ambition est d’améliorer leur qualité de vie », déclare le Professeur Agnès Dupret-Bories, chirurgienne à l’Oncopole dans le service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale (CHU de Toulouse). Ce spécialiste de la reconstruction microchirurgicale a réalisé une première mondiale en 2022 en utilisant un biomatériau imprimé en 3D, cultivé sur l’avant-bras d’une patiente pour reconstruire son nez.

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A l’Oncopole de Toulouse, l’équipe du service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale (CHU de Toulouse).
Crédit – CHU de Toulouse

Forte de cette expérience et d’années de collaboration et de recherche sur les biomatériaux avec des laboratoires, des chercheurs et des industriels, le Professeur Agnès Dupret-Bories dirige le projet BIOFACE au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Toulouse. Ce programme, sélectionné par l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre des projets d’excellence pour 2030, bénéficie d’un financement de 4,395 millions d’euros sur une enveloppe globale de 13,4 millions d’euros. Il vise à développer un biomatériau pour la reconstruction sur mesure des os du visage en oncologie. Le tout sans recourir à des greffes osseuses et sans rendre possible les traitements de radiothérapie après reconstruction.

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Les reconstructions seront proposées dans un premier - aux chiens et chats atteints de cancer

BIOFACE réunit pour les cinq prochaines années médecins, chercheurs, universitaires et industriels (1) français et belges pour développer un dispositif médical incluant l’implant biocéramique (hydroxyapatite, un matériau proche de la composition de l’os, poreux pour permettre aux tissus environnants de coloniser il), sa fixation et sa protection antimicrobienne. Pour limiter l’expérimentation animale, avant les essais cliniques sur une douzaine de patients, le projet prévoit de proposer ses solutions de reconstruction aux chiens et chats dont les cancers de la bouche présentent les mêmes caractéristiques que chez l’homme et auxquels aucune procédure de reconstruction n’est proposée pour l’instant.

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Réduire les hospitalisations, proposer des solutions orthopédiques

Du côté des patients, l’espoir est immense. Catherine Jean Decoster, membre de l’association CORASSO qui soutient les personnes touchées par les cancers de la tête et du cou, en témoigne. « Il y a trois ans, on m’a retiré l’os de la mâchoire en raison d’une récidive de mon cancer des gencives. Cet os a été remplacé par l’os du péroné. C’est une chirurgie complexe, lourde, exigeante. La rééducation de la parole et de l’alimentation se poursuit aujourd’hui, les défis sont quotidiens. Le projet BIOFACE peut répondre aux besoins des patients », déclare Catherine Jean Decoster.

« En oncologie, ce n’est pas seulement la survie qui compte, il y a aussi la qualité de vie. Notre objectif est également médico-économique en réduisant les dépenses liées aux durées d’hospitalisation et au - passé au bloc opératoire. Enfin, on peut imaginer qu’une fois testée, la procédure BIOFACE sera utilisée dans les cas de tumeurs bénignes de la face ou en orthopédie », conclut le Professeur Agnès Dupret-Bories.

En 2022, une incroyable reconstruction nasale

En 2022, Carine, une Tarnaisienne de 50 ans, a bénéficié d’une reconstruction nasale unique au monde réalisée par le Professeur Agnès Dupret-Bories et le Dr Benjamin Vairel à l’Oncopole (service d’ORL et de chirurgie tête et cou).

Cette patiente, qui avait perdu une grande partie de son nez après une radiothérapie et une chimiothérapie destinées à traiter un cancer des fosses nasales, a reçu une greffe nasale très particulière.

La prothèse, réalisée sur mesure à partir d’un biomatériau poreux, avait été cultivée dans son avant-bras pendant deux mois pour préparer la connexion des vaisseaux lors de sa pose sur le nez. Un lambeau de peau prélevé sur sa tempe a été utilisé pour recouvrir la prothèse.

Aujourd’hui, Carine n’en a pas fini avec les opérations chirurgicales nécessaires pour reconstruire son nez et son visage dont les tissus ont été endommagés. Mais elle témoigne « d’un système qui fonctionne bien » et de son bonheur « d’avoir retrouvé un nez perdu depuis dix ans et de pouvoir respirer, parler et manger ».

(1) Les principaux partenaires privés sont Cerhum, Materialise, Spartha Medical, OCRvet. Les laboratoires associés sont le CIRIMAT (CNRS Toulouse) et Biomatériaux et Bioingénierie (Inserm/Université de Strasbourg)
 
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