Par
Florent Lemaire
Publié le
16 décembre 2024 à 16h35
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Après un mois d’Octobre Rose avec de nombreuses animations dans le département pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein, Movember est passé inaperçu. Souhaitez-vous que les pouvoirs publics profitent de ce mois de sensibilisation pour parler des cancers et des maladies masculines ?
Nous avons tout à gagner en matière de détection précoce des maladies cancéreuses. Si nous parvenons à prendre des mesures générales pour sensibiliser les couches de la société qui ne sont pas concernées, nous avons beaucoup à gagner. Il y a quelques années, nous avons organisé une rencontre avec les habitants, au centre d’Évreux, sous chapiteau. Hôpitaux publics comme établissements privés, nous expliquions aux gens ce qu’était le cancer de la prostate, avec une grande maquette dans laquelle les visiteurs pouvaient pénétrer. C’était ludique et a permis à chacun d’aborder cette problématique et, pour ceux qui ne s’en inquiétaient pas, de se poser la question d’en parler à leur médecin.
De quoi parle-t-on en matière de cancers masculins ?
Celui qui retient le plus l’attention est le cancer de la prostate. Des dizaines de milliers d’hommes sont concernés chaque année. Ensuite, il y a le cancer des testicules.
Comment sont-ils détectés ?
Pour la prostate, la découverte se fait par un dépistage auprès de votre médecin généraliste, qui recherche le marqueur tumoral et, en cas de doute, une IRM de la prostate. Ce n’est ni restrictif ni compliqué. On peut également le remarquer parce que le patient a un malaise au niveau du système urinaire, ou présente des douleurs diffuses, une baisse de forme physique, etc. Dans ce cas, on découvre généralement un cancer avancé. Enfin, la découverte peut être fortuite lors d’une intervention, sur un patient qui ne se plaint de rien, avec un dépistage négatif.
Quel est le profil des patients susceptibles d’être touchés par le cancer de la prostate ?
Tout homme de plus de 55 ans est censé subir un dépistage, parfois plus tôt en cas d’antécédents familiaux de cancer de la prostate. Il n’y a pas de limite d’âge supérieure. Certains collègues arrêtent le dépistage à un certain âge. Ce qui compte, c’est l’état clinique du patient.
“Ça ne coûte rien d’aller voir son médecin”
Son dépistage est-il aujourd’hui effectué correctement et suffisamment ?
Ça dépend. Certains feront régulièrement leur dépistage avec leur médecin traitant et seront bien suivis, la maladie étant découverte assez tôt. Une certaine partie de la société ne souhaite pas avoir ce dépistage, mais ce n’est pas la plus grande. La grande majorité des hommes en France respectent les directives de dépistage, se soucient de leur santé et font le nécessaire. L’ensemble du corps médical fait également le nécessaire pour avoir des découvertes suffisamment précoces, disposer d’un traitement suffisamment efficace et éliminer correctement cette maladie. Nous disposons en France d’une excellente méthode de dépistage, de suivi et de traitement de cette maladie.
Quel est exactement le traitement ?
Il existe une catégorisation de la maladie basée sur la gravité, c’est-à-dire l’étendue de la maladie (localisée ou généralisée) et l’agressivité de la forme de la maladie. Cela conduit à un choix de traitement. Le facteur âge – âge biologique – va aussi conduire à tel ou tel traitement, chirurgical, par radiothérapie, par curiethérapie ou par HIFU (la prostate est chauffée pour tuer la maladie). Le choix est entre les mains du patient. Le cancer de la prostate peut être guéri. Si la maladie n’est pas répandue, elle peut être guérie. Le taux de guérison est d’environ 80 à 85 %.
Le cancer des testicules est moins connu. Que peut-on en dire ?
Il s’agit d’un cancer de l’homme jeune, entre la deuxième et la quatrième décennie. Au-delà, cela existe, mais très peu. En règle générale, cela passe par la découverte de soi, la palpation de soi. L’homme peut sentir un nodule, quelque chose de dur, mais pas douloureux. Vous devez aller voir votre médecin pour faire une échographie. L’urologue fera le nécessaire pour des examens complémentaires, des scanners et des prises de sang. Le cancer des testicules le plus courant, le séminome, est curable à 95 % ou plus. A l’inverse, si on le néglige, c’est fatal. Cela ne coûte rien d’aller voir votre médecin et de faire un examen. Il faut le faire tôt. Si nous nous habituons à ce qu’il y ait quelque chose d’anormal dans notre testicule, cette chose ne nous attendra pas, elle grandira, se répandra et alors nous perdrons beaucoup.
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