« Non, je n’ai pas postulé, et je ne sais même pas qui m’a recommandé : j’ai appris par lettre que j’allais recevoir les insignes de chevalier de l’Ordre national du Mérite. J’ai été la première surprise, et j’en suis très fière… » Alexandra Fregonese, présidente fondatrice des laboratoires Innovi, basés à Layrac, voit récompensées des années d’investissement dans la recherche, notamment dans le secteur de la santé. Elle recevra officiellement sa médaille mercredi 11 décembre, à Moirax, lors d’une cérémonie présidée par Henri Tandonnet.
L’Agenaise Alexandra Fregonese avait 23 ans et habitait le village de Moncaut lorsqu’elle a déposé son premier brevet dans le domaine du biomimétisme. « Je voulais voir comment la nature avait résolu ses problèmes, résoudre les nôtres… Il s’agissait de réduire les signes physiques du vieillissement. » D’autres brevets suivront (il y en a 27 actuellement) et intéressent les industriels. Les laboratoires Innovi sont fondés à Layrac, où ils continuent de se développer. Ils ont été rachetés en 2018 par le groupe Anjac (3 000 salariés, 800 millions d’euros de chiffre d’affaires). Innovi attaquera l’année 2025 avec un budget qui devrait avoisiner les 10 millions d’euros.
Nos disciplines sont complémentaires, il n’y a pas de consanguinité des savoirs entre nous »
À Layrac, Innovi compte actuellement 23 salariés permanents, dont la moitié sont des chercheurs titulaires d’un doctorat, car ici la recherche est au cœur des préoccupations. « Nos disciplines sont complémentaires, il n’y a pas de consanguinité des savoirs chez nous », assure Alexandra Fregonese. Nous avons des docteurs en biologie, en innovation pharmacologique, en neurosciences, un associé en recherche clinique, etc. »
« Nous nous intéressons particulièrement à l’impact des produits sur le métabolisme et la physiologie. C’est-à-dire que nous concevons des produits alimentaires en mesurant leur impact sur la santé humaine. Nous avons un centre de recherche qui mesure ces impacts de l’alimentation sur les signes cliniques de certaines maladies, de certaines pathologies », poursuit-elle. Le centre sera agrandi par un bloc industriel dont les travaux débuteront début décembre.
Remplacer le sucre
Parmi les brevets déposés, le dirigeant met en avant l’un des plus récents. La maison Carletti (Bourran) produit des fraises d’exception, dont certaines sont transformées en « compotes », à 17 % de sucre. « J’ai proposé à Sandrine Carlotti une fibre alimentaire qui remplace le sucre, sans changer la recette. Une fibre que je proposerai à d’autres fabricants lotet-garonnais. »
D’autres recherches s’inscrivent dans la durée, comme ces travaux pour proposer un substitut au glyphosate : « Dans ce domaine, il faut au moins dix ans pour obtenir les autorisations de mise sur le marché, avec l’approbation européenne. Nous allons de l’avant, mais la commercialisation n’est pas pour demain… »
Enfin, Alexandra Fregonese sait que son futur badge sera partagé avec ses collègues : « En fait, seule une équipe peut gagner. Une innovation est une invention qui répond à son marché. Mais pour répondre à votre marché, vous avez besoin de plusieurs compétences multiples qui nécessitent d’avoir plusieurs cerveaux. »