Professeur Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, spécialiste du sommeil et chercheur en médecine thermale

Professeur Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, spécialiste du sommeil et chercheur en médecine thermale
Professeur Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, spécialiste du sommeil et chercheur en médecine thermale

Chaque mois, une personnalité du monde médical, politique, sportif ou culturel nous raconte son lien avec le thermalisme. En juillet, c’est Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, psychiatre, neurophysiologiste et médecin du sommeil, qui répond à nos questions.

Basé au CHU et au Neurocampus de Bordeaux, Jean-Arthur Micoulaud-Franchi allie au quotidien pratique hospitalière, enseignement et encadrement de recherche. Depuis 2018, il travaille ponctuellement, l’Association française pour la recherche thermale (AFRETh), sur des thématiques liant thermalisme et sommeil. Entretien.

Qu’est-ce que l’hydrothérapie pour vous ?

J’ai un regard sur le thermalisme à travers la problématique de la médecine thermale, en lien avec mon point de vue de médecin. La médecine thermale est un domaine structuré de la médecine dont l’objectif est d’améliorer les parcours évolutifs des maladies par l’utilisation de techniques issues du thermalisme (bains thermaux, etc.), mais aussi d’autres disciplines de la santé (kinésithérapie, nutrition, gestion du stress, stratégies centrées sur le sommeil).

L’usage de l’eau n’est plus séparé des soins depuis l’époque romaine. Et à travers cela, la médecine thermale interroge le fait d’améliorer les maladies mais aussi le fait de prendre soin de soi dans un espace-temps donné avec des pratiques de soins corporelles spécifiques. On a trop souvent tendance à oublier que guérir, c’est aussi prendre soin de soi et pas seulement soigner la maladie.

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J’ai découvert le thermalisme en discutant avec des médecins thermaux, dont Olivier Dubois qui travaille aux thermes de Saujon. Il a collaboré avec des psychiatres bordelais et a souhaité réaliser une étude sur l’impact du thermalisme sur les troubles du sommeil, notamment l’insomnie. Nous avons été mis en relation car je travaille dans une unité de recherche du CNRS qui étudie le sommeil et les troubles du sommeil. Ensemble, nous avons développé un programme de recherche (SOMNOTHERM) financé par l’AFRETh dont les résultats finaux sont attendus prochainement.

Il est essentiel de souligner qu’aujourd’hui, à l’ère des fake news médicales (FakeMed), il y a un enjeu de remise en cause des preuves de l’efficacité des thérapies et que le thermalisme est engagé dans la recherche, notamment à travers l’AFRETh. C’est une communauté qui se structure pour évaluer rigoureusement ses pratiques. Ce qui est important en médecine, au-delà des preuves scientifiques actuelles, c’est surtout la dynamique et l’objectif de la future preuve par rapport à la pratique clinique actuelle. Ce qui m’a le plus étonné, c’est que c’est une communauté vivante qui est engagée dans la recherche clinique et cela ne peut être que bénéfique pour la poursuite du thermalisme dans le futur.

Selon vous, quels sont les plus grands bienfaits d’une cure thermale ?

Les bienfaits de l’hydrothérapie, du point de vue d’un médecin universitaire, posent la question du niveau de preuve. Pour qu’un traitement soit efficace, il est classique de considérer que son niveau de preuve doit reposer sur l’identification d’un « principe actif » précis. L’hydrothérapie est un système thérapeutique structuré, réglementé et raisonné, ayant un impact sur les personnes. Ce qui pose la question est donc d’identifier dans l’ensemble de ce système, le ou les facteurs qui apportent le bénéfice. Est-ce l’environnement ? Est-ce le soin thermal lui-même ? Est-ce la réduction du stress ?

Cela dit, les études de suivi et les études médico-économiques montrent globalement que le thermalisme, en tant que système de soins, a un impact positif sur la santé des personnes par rapport aux soins traditionnels. Je pense notamment à l’étude STOP-TAG menée par Olivier Dubois qui a mis en évidence que le thermalisme est plus efficace à long terme qu’un antidépresseur prescrit dans les conditions habituelles de soins.

Je pense que globalement, l’hydrothérapie a un impact sur la réduction du niveau de stress. Cela va permettre d’améliorer les capacités d’adaptation du corps et ainsi de restaurer les ressources physiques et psychologiques indispensables à la santé. En agissant sur l’axe du stress, l’évolution des maladies chroniques peut véritablement être améliorée.

Que diriez-vous à quelqu’un qui ne sait pas ce que sont les troubles du sommeil et vous demande de lui expliquer ?

Le sommeil est une fonction physiologique du corps fondamentale pour être en bonne santé. Il faut prendre soin de notre sommeil ! N’oubliez pas non plus qu’il ne s’agit pas d’une fonction accessoire et que rien ne se passe la nuit lorsque nous dormons. Au contraire, de nombreux processus physiologiques fondamentaux ont lieu pour être en bonne santé. Traiter les troubles du sommeil et avoir une bonne hygiène du sommeil sont des éléments fondamentaux pour être en bonne santé pendant la journée.

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Que diriez-vous à un patient qui souffre de troubles du sommeil et hésite à suivre une cure thermale ?

La première chose est de savoir d’où vient cette hésitation ! En tout cas, je lui dirai que ce temps que l’on peut prendre pour soi pendant trois semaines est un élément fondamental pour la santé. La cure thermale offre un environnement serein dans lequel la régularité des rythmes du jour et de la nuit a un effet bénéfique sur le sommeil.


Sources :

Entretien exclusif avec Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, 29 mai 2024

 
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