« On ne combat pas les insectes qui font des bzzz comme les insectes qui font des crrrrr ! » Qu’il est loin (1987) le temps où Michel Leeb faisait la pub des insecticides Baygon Yellow et Baygon Green ! En ce début d’été, ce sont surtout les moustiques qui font déjà souffrir beaucoup. Créée il y a un peu plus de 20 ans par deux scientifiques allemands (les docteurs Martin Geier et Andreas Rose), la société Biogents commercialise des pièges sans insecticide qui, grâce à des leurres, sont capables d’éliminer efficacement et durablement les moustiques, mais aussi les moustiques tigres.
Comment fonctionnent ces pièges en simulant une présence humaine et quelle est leur efficacité ? Hugo Plan, co-directeur de Biogents, répond aux questions de 20 minutes.
Les solutions disponibles sur le marché pour éliminer les moustiques sont-elles efficaces ?
Dans tous les cas, ils sont multiples. Généralement, on utilise Vaporisateurs protection ou prises électriques avec des produits répulsifs qui vont soit utiliser des produits chimiques aux efficacités intéressantes, soit avec leur alter ego Bio et une efficacité, malheureusement, très faible.
Les spirales qui s’accrochent et brûlent lentement sont mauvaises pour la santé à cause des produits retardateurs qu’elles utilisent. Quant aux applications pour smartphone qui émettent des ondes, aucune étude n’atteste une quelconque efficacité, pas plus que celle de la lumière bleue qui attirerait tout sauf le moustique !
Le consommateur a donc le choix entre des solutions chimiques efficaces, ou naturelles mais très inefficaces.
Comment faire la différence ?
Nous développons des pièges à moustiques depuis vingt ans. Leur efficacité a fait l’objet de quatre cents publications à travers le monde. Avec nos produits, nous parlons de capture sélective : uniquement des moustiques, pas des abeilles, pas des papillons !
Pourquoi les moustiques veulent-ils tant nous faire du mal ?
Sachez que seules les moustiques femelles piquent. Elles ne piquent pas pour se nourrir, contrairement à la croyance populaire. Bien que le sang ne soit pas un aliment, elles en ont besoin pour pondre leurs œufs. Ainsi, ces moustiques femelles recherchent des proies humaines ou mammifères. Elles détectent leur respiration (c’est-à-dire l’émanation de CO2) jusqu’à 100 mètres de distance, et l’odeur de leur sueur.
On parle beaucoup du moustique tigre chaque été maintenant, qu’est-ce que c’est ?
On connaissait le moustique commun. C’est le moustique nocturne, celui qui sort l’été à l’heure de l’apéro et qui vous dérange en faisant un bourdonnement quand vous vous couchez. Il ne transmet pas de maladie. Le moustique tigre est invasif et bien différent.
Implanté en France depuis 2004, il peut transmettre la dengue, le chikungunya ou le Zika. Il est plus petit, plus rapide, silencieux. Il est diurne, ne pique que le jour et… se repose la nuit ! On le reconnaît facilement : ses pattes sont rayées de noir et de blanc. Le moustique tigre résiste également au grand froid et n’a besoin que de 20 ml d’eau stagnante (l’équivalent d’une cuillère à soupe et demie) pour venir se reproduire. Il trouvera donc des gîtes larvaires un peu partout.
Quelles sont vos solutions pour nous protéger ?
Pour l’extérieur, nous avons un piège qui reproduit l’odeur humaine grâce à des granulés (vendus 184 euros). C’est un leurre olfactif. Il reproduit ainsi une « proie humaine ». On peut y ajouter du CO2 (qui imite la respiration humaine) pour multiplier le taux de capture par cinq et attirer le moustique tigre. Ainsi, on est capable de réduire le taux de piqûres dans le jardin de 93 % au fil du temps avec ce piège.
Il est possible de l’associer à un modèle contre les moustiques tigres (59 euros, vendu par paire) qui imite un lieu de reproduction. Il cible les insectes qui ont déjà piqué et qui recherchent une eau stagnante pour pondre leurs œufs. Enfin, pour une utilisation en intérieur, on dispose d’un piège qui peut être utilisé avec une lumière UV pour attirer d’autres nuisibles et de notre attractif olfactif contre les moustiques (89 euros).
Cela reste un investissement qui « pique » si on veut bien se protéger !
Pas tant que ça, quand on compare le prix de ces pièges à celui des sprays ou autres produits que l’on achète tout au long d’une saison. Nos pièges ont une action continue. Et trouveront leur efficacité optimale dans le cadre d’une lutte intégrée contre les eaux stagnantes.
La concurrence semble devenir de plus en plus féroce…
On voit de plus en plus de pièges à moustiques arriver sur le marché, avec des efficacités qui ne sont pas à la hauteur, avec des produits non homologués. Les produits attractifs que certains incorporent doivent recevoir une autorisation de mise en marché. Ce n’est pas le cas de certains pièges vendus en ligne.
Quelles recommandations de base peuvent être faites ?
Evitez les eaux stagnantes, justement. Comme les jeux d’enfants (piscine, seau, etc.) qui, dans le jardin, créent de véritables nids à moustiques. Et positionnez les pièges dans des endroits adaptés : zones ombragées, humides, près de la végétation. Les moustiques détestent la chaleur. On les voit moins quand il fait très chaud.
Peut-on contenir le moustique tigre, déjà présent dans 71 départements* ?
Le moustique tigre nécessite une vigilance particulière. Alors que le moustique commun peut parcourir des kilomètres, le moustique tigre ne se déplacera pas à plus de 200 mètres autour de son rayon de naissance. Il est donc possible de lutter efficacement, mais en luttant collectivement. Certaines communes prennent également ce problème à bras-le-corps, comme Toulouse, qui a lancé en mai une campagne de sensibilisation avec le prêt de 500 de nos pièges BG-GAT aux habitants de certains quartiers.
Nous travaillons donc avec les collectivités locales, les crèches, les écoles… nous installons des pièges dans les parcs. Nous sommes même le « Protecteur exclusif » du Tour de France pour lequel nous protégeons les Fan Parks des villes de départ et d’arrivée (Florence et Nice). Et nous protégerons les épreuves olympiques à Marseille avec quinze pièges couvrant la marina olympique d’une superficie d’un hectare. Cela devrait permettre aux athlètes d’être en paix.
* Il existe un portail en ligne pour signaler leur présence et les cartographier : https://signalement-moustique.anses.fr/signalement_albopictus/
