nos soignants en première ligne

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l’essentiel
Depuis un an, un dispositif original, mis en place au CHU de Toulouse, accompagne les soignants en situation d’épuisement professionnel. Il a déjà accueilli plus de 200 professionnels et ne désemplit pas, témoin d’une souffrance présente depuis plusieurs années. Tous les métiers et toutes les structures sont concernés.

Créé il y a un an par le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse, le Centre de prévention du burn-out professionnel des soignants (PEPS) affiche déjà complet (1). Aujourd’hui, il faut attendre 40 jours pour obtenir un premier rendez-vous et accéder au dispositif d’aide. Et ce n’est pas une surprise. Les soignants souffrent depuis plusieurs années dans l’exercice de leur métier.

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L’association MOTS, autre initiative toulousaine, l’a souligné en ouvrant une ligne téléphonique pour soutenir les médecins en difficulté ou déjà en burn-out ; il s’est étendu à huit régions et s’adresse désormais à tous les professionnels de santé (2). Plus de 1 700 médecins et soignants en ont déjà bénéficié.

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Depuis la période Covid, on estime que 50 % à 66 % des soignants seraient concernés par le burn-out. Et l’épidémie qui a mobilisé les équipes n’en est pas la seule cause, comme l’explique le professeur Fabrice Hérin, chef du service des pathologies professionnelles et environnementales au CHU de Toulouse, porteur du projet PEPS qu’il dirige. « Le monde du soin a changé, le Covid n’a été qu’un accélérateur », explique le médecin, pris en étau entre l’explosion des demandes et les moyens limités dont dispose son équipe, composée de deux médecins et trois psychologues. « On répond à un besoin. On a accueilli 207 personnes et 59 soignants ont quitté le dispositif. Mais on manque de force pour agir en prévention primaire et empêcher que le burn-out ne survienne », poursuit le professeur Fabrice Hérin.

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Que 57 % des patients accueillis dans le cadre du PEPS viennent du CHU ou des hôpitaux n’est pas une surprise, le CHU employant à lui seul 16 000 personnes. « Mais il y a du changement avec 31 % d’employés de clinique, 5 % d’EHPAD, et 7 % de libéraux », glisse le responsable du dispositif. Le PEPS a accueilli 41 % de personnels soignants, 34 % d’aides-soignants, 8 % de médecins et sages-femmes et 6 % d’internes en médecine ou de jeunes chefs de clinique. Les paramédicaux (psychologues, kinésithérapeutes, orthophonistes, psychomotriciens) n’échappent pas non plus à l’épuisement, ils sont au nombre de 11 %. Des fonctionnaires administratifs ou directeurs de structures comme les EHPAD arrivent aussi.

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Gaëlle Pacaud, l’une des deux psychologues du travail de l’équipe du PEPS, rencontre majoritairement des profils similaires lors de ses consultations ou ateliers. « Parmi les personnes souffrant de burn-out, on retrouve celles qui ont une valeur travail très forte, qui sont perfectionnistes, avec un sens du devoir et une conscience professionnelle élevés. Elles manquent souvent d’estime de soi, ont du mal à poser des limites. Le point de bascule peut venir d’un épisode traumatique dans leur vie privée qui fragilise tout et à l’inverse, les sphères de vie sont poreuses et ces personnes n’ont pas appris à penser à elles-mêmes », explique la psychologue dont le but est de les aider à sortir du burn-out. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces patients testés ne changent pas forcément de carrière. « Ils continuent dans d’autres structures ou en empruntant d’autres voies comme la sophrologie, la formation, la supervision. Mais la plupart restent dans le soin ».

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Une journée dédiée à la santé des soignants

Le CHU de Toulouse organise une journée dédiée à la santé des soignants ce vendredi 28 juin de 8h30 à 17h au centre d’enseignement et de congrès de l’hôpital Pierre-Paul Riquet (Purpan).

Au programme : le conflit éthique, facteur de stress chez les professionnels de santé ; les différentes pathologies imputables aux métiers de santé ; la santé mentale et le burn-out ; le soignant à risque d’usage de substances psychoactives ; les troubles psychiatriques chez les soignants (troubles réactionnels) ; les problématiques addictives chez les étudiants en santé ; le management de proximité pour améliorer la santé des soignants.

Des tables rondes aborderont la question de la prise en charge des étudiants en santé à Toulouse, les dispositifs au CHU et hors CHU comme l’association MOTS.

(1) Pour prendre rendez-vous au Centre de Prévention du Burnout des Aidants (PEPS), vous pouvez appeler du lundi au samedi, de 8h30 à 16h au 05 61 77 21 90
(2) Pour contacter MOTS, 24h/24 et 7j/7 : 0 608 282 589 (processus d’assistance confidentiel)
 
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