Les marionnettes de la Compagnie Les Involtes tournent les pages de l’imaginaire

Depuis 10 ans, Les Involtes creusent leur sillon dans le domaine de la marionnette. A chaque spectacle, la compagnie invente de nouvelles formes pour mieux parler d’elle et du monde. Première représentation en Corrèze ce samedi 22 juin à Saint-Hilaire-Luc.

Tout commence là, dans cette ancienne ferme de Chaussac-Bas, à Chirac-Bellevue. La maison est en construction, depuis longtemps semble-t-il. Le hangar à tracteurs transformé en habitation, petit mais entièrement rénové par la main de ses propriétaires, Mathilde Defromont et Matthieu Bassahon. Enfin, la grange, que les deux artistes ont transformée en atelier ; du sol au plafond, des machines-outils, des morceaux de bois, de la mousse ou du tissu.

Et sur l’établi, Peter et Piou, les deux héros du nouveau spectacle, Le projet PPque vient de créer la compagnie de marionnettes Les Involtes, créée il y a 10 ans l’année dernière.

Imagination, liberté, réflexion, une certaine façon de regarder le monde, Les Involtes en ont fait leur marque de fabrique. Les marionnettes aussi. Elle est diplômée du lycée Queuille de Neuvic d’un BTS gestion et protection de la nature avant de multiplier les expériences, notamment comme costumière, avec une envie de théâtre profondément ancrée dans son corps ; lui, éclairagiste et directeur général de longue date, s’est initié à « de nombreuses disciplines du spectacle vivant ».

Coup de foudre pour les Anges au plafond

Leur découverte de la Cie Les Anges au Plafond, son spectacle Les mains de Camille, décidez-les. « Nous sommes tombés amoureux de ce spectacle et de ce qui y est présenté, la musique, la manipulation, la danse, le théâtre d’ombres. C’était exactement ce que nous souhaitions faire », se souvient Mathilde, les yeux pétillants de plaisir. « C’est la terre où nous avons trouvé notre liberté, d’imagination et d’esthétique ; un véritable terrain d’aventure ! », poursuit Matthieu.Mathilde Defromont et Piou, le petit oiseau qui vient bouleverser (ou embellir) le quotidien de Peter.

Leur première création, une conférence gestuelle, date de 2013. Avec leur sixième, Le projet PP, ils poursuivent leur exploration du monde des marionnettes. Fabriquer tout, décors et personnages, chercher les mécanismes et les techniques qui serviront leurs manipulations et leur ouvriront de nouvelles histoires.

Le spectacle de marionnettes est le domaine où nous avons trouvé notre liberté, d’imagination et d’esthétique ; un véritable terrain d’aventure !

Mathilde Defromont (Artiste)

Écrire des histoires, toujours portées par la musique live. « À chaque fois, nous mettons la technique au service de ce que nous voulons raconter », explique Matthieu. On se forme à plein de techniques, on multiplie les outils pour exprimer ce qu’on veut. Cela permet une multitude de possibilités. »

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Récupérer le bunraku japonais

Pour Le projet PPils se sont réappropriés la technique japonaise du Bunraku (trois personnes manipulent une marionnette, NDLR), en l’adaptant pour eux deux et le musicien noise Gabriel Papp. «C’est notre premier projet prévu pour la rue», précise Matthieu. Quand on joue dans un théâtre, avec des lumières, on contrôle ce que les gens voient et ils oublient que le personnage n’existe pas dans la vraie vie. Dans la rue, on n’a pas ce confort. »

« Nous avons donc cherché comment tout dépouiller au maximum tout en créant de la magie », poursuit Matthieu. Comme si nous montrions le film, le tournage et le making-of. On s’amuse à briser le quatrième mur, le public se retrouve dedans et dehors et le castelet devient l’espace public. »

Un défi technique et artistique

Un défi technique qui se double d’un deuxième, artistique : « Pour la première fois, quatre amis nous ont apporté leur regard extérieur lors du montage, sachant qu’il s’agit de notre première création sans texte », sourit Mathilde. « L’idée est de jouer pour absolument tout le monde. Nous faisons des gens des acteurs du spectacle. »

Nous avons donc cherché comment tout dépouiller autant que possible tout en créant de la magie. Comme si nous montrions le film, le tournage et le making-of.

Matthieu Bassahon (Artiste)

Un an et demi de travail dans leur atelier à Chaussac-Bas ou en résidence à travers la France, de nombreux ateliers de pratique artistique, cinq personnes employées en continu.Matthieu a créé des personnages les plus raffinés possibles pour laisser toute la place à l’imagination des spectateurs.

« Pour nous, l’identité d’artisan prend tout son sens. Nous sommes heureux d’avoir cette reconnaissance de la part des institutions (Centre National de la Marionnette et DRAC en tête), mais nous sommes surtout heureux qu’il y ait une reconnaissance de notre façon de faire. Peut-être que Les Involtes montrent qu’il existe une manière d’exister dans le paysage, mais différemment. »

Contact : www.lesinvoltes.fr.Le projet PP

une porte ouverte sur l’imagination et le vivre ensemble

Peter est un vieux monsieur (un grand-père ou un Peter Pan, c’est selon) au quotidien bien réglé, sauf lorsqu’il ouvre un livre. Alors tout peut arriver, les aventures les plus folles, les rencontres les plus surprenantes.

Une baleine, un éléphant… Sur terre, sur mer et dans les airs, tous les possibles se réalisent, l’imagination devient reine. Jusqu’au jour où le petit oiseau Piou (un autre P possible) bouleverse sa vie et (l’histoire le dira), la bouleverse ou l’embellit.

« Nous vivons un moment anxieux. Il est compliqué de vivre simplement, heureux et de planifier. Nous avons voulu créer un petit espace qui fait du bien, un moment léger, mais avec de la matière, qui donne au public les clés de son imaginaire », résument Mathilde et Matthieu.

Poésie, humour et liberté49ca6f981e.jpgUn espace de poésie, d’humour et de liberté. « Nous sommes des artisans de l’imaginaire, nous déroulons des histoires et des aventures, et à chaque fois, nous essayons de faire exister plein d’images que chacun pourra s’approprier. Nous rassemblons les gens avec toutes leurs références et nous créons un creuset commun. »

L’appartement de Peter ressemble à un atelier où se réalisent les rêves les plus fous. (photo Les Involtes) Dans ce dialogue à distance avec le public, “on essaie de relancer sa machine à imaginaire”, espèrent les deux artistes. Leur manière de lutter contre le repli sur soi eta priori

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« On parle du vivre ensemble, de notre parcours de parents aussi. Nous ne moralisons ni ne blâmons, nous ouvrons le débat. Nous recherchons des rencontres, des échanges, du partage. Vivre ensemble ne signifie pas forcément avoir la même vision ou les mêmes fondations, cela signifie créer des ponts. Après le spectacle, les gens repartent avec un petit morceau de ce set. » Les Involtes joueront Le projet PP

ce samedi 22 juin, à 17h, au Carré du bakel à Saint-Hilaire-Luc, ouverture des Granités de Haute Corrèze. ENTRÉE LIBRE.

 
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