Les chercheurs indiquent qu’une mauvaise compréhension des risques posés par « certains aliments » ainsi que « l’enthousiasme des parents pour une alimentation indépendante » chez les jeunes pourraient être l’une des principales causes de cette augmentation.
Nous avons étudié les données sur les cas d’étouffement chez des personnes âgées de 0 à 17 ans ayant nécessité une visite au Centre mère-enfant Soleil du CHU de Québec – Université Laval entre 2006 et 2020.
L’analyse a confirmé que « le nombre d’enfants nécessitant une hospitalisation suite à un épisode d’étouffement a augmenté de 87 % entre les cinq premières et les cinq dernières années de la période couverte par l’étude », précise le docteur Patrick Daigneault, qui exerce au service de pédiatrie. en tant que pneumologue et qui a participé à l’étude.
« Le Centre reçoit tous les enfants de l’Est du Québec qui ont eu un épisode d’étouffement et qui présentent des symptômes comme des difficultés respiratoires ou une toux persistante. Nous effectuons un examen des voies respiratoires sous anesthésie pour déterminer si le corps étranger est toujours présent et, si oui, nous le retirons », précise-t-il.
Pas moins de 191 enfants ont dû bénéficier de cette intervention durant la période couverte par l’étude. «Dans 101 de ces cas, un corps étranger était encore présent dans leurs voies respiratoires», ajoute le Dr Daigneault, qui souligne que les cas d’étouffement «semblent clairement en hausse chez les enfants».
L’âge moyen des patients qui ont dû subir l’intervention est d’environ 2 ans et demi.
Dans la majorité des cas (73 %), un morceau de nourriture était à l’origine de l’étouffement. « Il s’agissait principalement de carottes (20 %), de noix et graines (19 %), d’arachides (10 %), de pop-corn (8 %) et de fruits ou légumes fermes autres que les carottes (6 %). Les autres cas étaient principalement imputables à des jouets (8 %) ou à des objets divers (17 %) », précise l’étude.
Il est rapporté que la plupart des cas sont liés à un aliment auquel les parents devraient prêter une attention particulière lors de leur consommation. «Cela nous porte à croire qu’il y a un manque de connaissances chez les parents sur les recommandations de prévention de l’étouffement ou un manque d’adhésion à ces lignes directrices», souligne le Dr Daigneault.
On pense que la popularité croissante de la diversification alimentaire dirigée par les enfants, qui leur permet de participer « activement à leur alimentation », expliquerait les résultats de l’étude.
Le pneumologue pédiatre estime qu’il faudrait procéder à davantage d’interventions auprès des parents afin de mieux les informer sur les risques d’étouffement et leurs causes. Il est souligné qu’idéalement, « tous les adultes devraient connaître les manœuvres de base pour dégager les voies respiratoires d’un enfant ».
Justine Veilleux, qui était résidente en pédiatrie à l’Université Laval sous la supervision du professeur Daigneault au moment de l’étude, est la première auteure de l’article. Les autres signataires sont Sandrine Bellavance et Mahukpe Narcisse Ulrich Singbo du CHU de Québec-Université Laval. Consultez l’étude publiée dans le Journal canadien de médecine respiratoire, de soins intensifs et de médecine du sommeil ici.