Moustiques, tiques, mouches piqueuses… jusqu’où iront-ils ? – .

Moustiques, tiques, mouches piqueuses… jusqu’où iront-ils ? – .
Moustiques, tiques, mouches piqueuses… jusqu’où iront-ils ? – .

La recherche n’est qu’un moyen détourné d’aider les autres.

Entomologiste médicale et virologue, Marine Viglietta, 27 ans, a préparé sa thèse de doctorat au laboratoire Arbovirus et insectes vecteurs de l’Institut Pasteur. Elle parle avec enthousiasme de ses études sur les moustiques Aedes aegypti et les virus qu’ils peuvent transmettre.

Lorsque l’on croise Marine dans le laboratoire où elle travaille, on la retrouve avec une pipette à la main, signalant qu’elle termine une « manipulation ». C’est alors une course contre la montre pour la jeune chercheuse : elle n’a que quelques semaines pour terminer ses expériences avant de commencer à rédiger sa thèse de doctorat, point d’orgue de quatre années de travail. Sa soutenance aura lieu en septembre. ” J’ai besoin de vacances ! » s’exclame Marine en nous rejoignant, sans briser un sourire qui quitte rarement son visage, surtout lorsqu’elle parle de ses recherches.

Quelques années plus tôt, la jeune femme entre à l’école de médecine, attirée par la perspective du pouvoir. ” aider les gens ” avec un métier qu’elle juge ” Magnifique « . Mais elle se rend vite compte que ces études ne lui conviennent pas. C’est la recherche qui l’attire. Elle a d’abord étudié l’épidémiologie, puis la virologie à la faculté de Versailles-Saint-Quentin. « Je souhaitais travailler sur les maladies épidémiques, notamment tropicales, car j’ai passé beaucoup de temps étant enfant aux Caraïbes, en Martinique et en Guadeloupe, où il y avait principalement des épidémies de dengue. J’ai ainsi été sensibilisé aux maladies vectorielles transmises par les moustiques. »

Lors de son stage de maîtrise au sein de l’unité d’Entomologie de l’Institut Pasteur de Guadeloupe, elle a eu une révélation. « C’était la première fois que je manipulais des moustiques et j’apprenais à les élever. Cela m’a vraiment donné envie de travailler sur ces insectes. »

Tête de moustique Aedes

Pour préparer son doctorat, Marine a postulé à un appel d’offres du laboratoire d’Anna-Bella Failloux à l’Institut Pasteur de Paris, qu’elle a “repéré depuis un moment”et qui se résume à une seule question : pourquoi n’y a-t-il pas de fièvre jaune en Asie ? « Alors que le moustique vecteur de cette maladie y est présent ! » précise Marine. Dans cette unité de recherche étudiant les virus transmis par les moustiques, les « arbovirus », Marine découvre un travail au laboratoire de haute sécurité P3, qui nécessite une formation préalable. “J’ai pu manipuler des arbovirus et travailler sur mon propre projet”.

En 2022, elle est envoyée quelques semaines à l’Institut Pasteur du Cambodge pour apprendre à collecter les moustiques sur le terrain. « Nous avons réalisé des captures avec des pièges à moustiques à Phnom Penh et dans le village rural de Koh Thom. C’était très intéressant de voir la réalité sur le terrain : comment les gens vivent, interagissent avec les animaux et les insectes. Ce fut une très belle expérience, passionnante, même scientifiquement. Mais si je devais choisir entre le laboratoire et le terrain, ce serait certainement le laboratoire. Le terrain est dur et surtout aléatoire : parfois, on ne capte rien. »

Piège à moustiques

Au laboratoire, Marine dit aimer voir le résultat de ses expériences : « Il faut souvent 3 mois, voire plus, avant d’avoir les résultats : entre l’élevage des moustiques, leur infection, le traitement des échantillons et l’analyse finale… c’est un travail de longue haleine, qui me passionne.

Sur la fièvre jaune en Asie, Marine a pu montrer que la présence chez un moustique Aedes aegypti du virus de l’encéphalite japonaise, répandu dans cette région du monde, rendait l’insecte incapable de transmettre le virus de la fièvre jaune. Le virus de la dengue semble avoir le même effet bloquant. Grâce à ces premiers résultats, Marine a pu commencer à lever le voile sur ce qui était jusqu’à présent « un des grands mystères de l’arbovirologie ».

Marine en laboratoire

Après sa soutenance de thèse, son doctorat en main, elle effectuera son « post-doctorat » à l’étranger, mais n’a pas encore trouvé son point d’ancrage.

Pense-t-elle encore qu’elle peut aider les autres ? « La recherche n’est qu’un moyen détourné de procéder. » souligne le jeune chercheur. « Comprendre comment cela fonctionne aidera un jour quelqu’un à trouver un vaccin ou un moyen de bloquer un virus présent dans le moustique, ce qui empêchera des centaines de milliers de personnes d’être infectées. C’est cette perspective qui m’anime. »

 
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