Découvrez l’univers du sculpteur basque Eduardo Chillida, créateur d’espaces artistiques

En 2024, le Pays Basque célèbre le centenaire de la naissance d’Eduardo Chillida. L’espace était son objet d’étude, et il a sculpté cet espace. Sur papier, fer, acier, bois ou encore béton. Son travail entre en résonance avec son environnement, comme Chillida Leku, le domaine qu’il a créé pour partager ses créations avec le public.

Né à Saint-Sébastien, profondément enraciné dans son Pays Basque et plus particulièrement à Gipuzkoa, passionné de football (il fut gardien de but de l’équipe du « Real de Saint-Sébastien »), il étudie l’architecture à Madrid, mais abandonne cette formation pour la peinture. , dessin, sculpture, gravure.

Il part pour Paris où il rencontre Brancusi, Tapiès, Calder, Miro, avec qui il se lie d’amitié. La Fondation Maeght le remarque et l’expose au milieu des années 1950. Il côtoie Giacometti, Chagall, etc. Dès lors, sa carrière s’accélère. Le philosophe Gaston Bachelard, rien de moins, lui a écrit le catalogue de sa première exposition. Il appelle Chillida, « Le forgeron de l’espace ».

Chillida cherche alors encore et encore, à établir un dialogue entre le vide et le plein, le noir et le blanc. Tout au long de sa vie, il explorera de nouveaux espaces.

Eduardo Chillida devient l’un des artistes basques les plus importants, dont les œuvres sont exposées dans le monde entier : à Paris à l’UNESCO, à Berlin à la Chancellerie fédérale, à Francfort, Madrid, Barcelone, Séville, Gijón, Grenoble, Dallas et bien sûr le Pays Basque.

C’est aussi un artiste engagé pour son pays, témoin des mobilisations pour l’amnistie à la fin du franquisme, ou encore favorable à la création de l’Université du Pays Basque dont il a créé le logo. Il met également son art au service de la paix au Pays Basque et des droits de l’homme (Amnesty international).

Chillida travaille depuis les années 80-90 à la création d’un espace d’exposition pour ses œuvres monumentales (certaines mesurant 8 mètres de haut) ou plus intimes qu’il présentera dans la ferme Zabalaga située sur le terrain qu’il a acquis à Hernani, près de San Sébastien – Donostia. L’espace a été inauguré en 2000 : un parc de sculptures où le visiteur est invité à déambuler à travers les œuvres comme on le ferait dans une forêt, entre les arbres.

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Luis Chillida, est président de la Fondation Chillida – Belzunce, qui accueille et gère depuis 2017 Chillida Leku (le lieu Chillida) avec la galerie suisse Hauser & Wirth. Un partenariat indispensable pour maintenir ce lieu qui a temporairement fermé ses portes pendant 9 ans, de 2010 à 2019. Qui permet également de proposer des échanges entre les collections de la fondation et de la galerie.

Luis se souvient de l’amitié que son père entretenait avec les plus grands artistes plasticiens de son temps. Chacun travaillant à sa manière, poursuivant ses recherches, creusant son propre sillon, mais partageant ses idées, ses réflexions, dans un incroyable bouillon culturel.

Luis nous parle de Chillida, plus intime, du père qu’il était. Attentif au bonheur de ses enfants, les laissant jouer parmi les sculpteurs dans le parc autour de la ferme Zabalaga, dans ce qui deviendra le Chillida Leku. Une façon de laisser vos enfants s’approprier votre travail.

C’est ma mère qui a connecté mon père à la planète Terre, car il était dans son univers ! Ils étaient complémentaires.

Pilar Belzunce en 2000. Eduardo a pu suivre son voyage grâce à Pilar Belzunce, son épouse. Ils fondent une famille de 8 enfants : Eduardo crée sans relâche. Pilar, à ses côtés, un véritable pilier. Luis a récemment déclaré à la télévision espagnole que tous deux méritaient les hommages du centenaire. Quelle déclaration sensible à sa mère. Elle a encouragé Eduardo dès ses débuts, à Paris, puis tout au long de leur vie.

Mikel Chillida, est l’un des 27 petits-fils de la grande famille d’Eduardo Chillida ! Il nous explique comment il est possible d’entrer dans le monde de son grand-père, en communion avec la nature. Comme les Peignes à Vent qui défient la mer et le vent au bout de la plage d’Ondarreta à Saint-Sébastien. Chillida souhaitait que nous entrions dans son monde de manière intuitive, en suivant « le parfum de ses œuvres », comme le rappelle Mikel. Eduardo appelait également les modèles des sculptures monumentales sur lesquelles il travaillait « arômes ». Nous comprenons et mesurons le travail de Chillida à travers quatre de nos cinq sens : l’odorat, la vue, l’écoute et le toucher. Car ce qu’il souhaitait ardemment, c’était qu’on touche et caresse ses œuvres.

Notre grand-père n’a jamais donné de réponses à nos questions, mais il nous a poussé à réfléchir, à trouver nous-mêmes les réponses à nos questions. Il jouait avec nous. Et les Noëls ici étaient incroyables !

Comme son père Luis, Mikel nous présente un autre Chillida, l’incroyable grand-père qu’était Eduardo, ainsi que le basque qu’il était : « Ses racines profondément ancrées dans sa terre et comme un arbre, les branches grandes ouvertes sur le monde, aux quatre vents ».

Nausica Sánchez, chef du département de recherche et d’éducation de Chillida Leku. Elle éclaire la démarche de Chillida qui se définit comme l’architecte du vide. Elle revient sur tous les hommages aux artistes, penseurs, philosophes, écrivains que Chillida a tant aimé et qui l’ont inspiré. Références classiques et contemporaines : Cioran, Goethe, Braque, Balenciaga, Fleming, Hokusai, Ruiz Balerdi, Lizardi, Aresti entre autres. Tout un univers qui révèle l’homme de grande culture qu’était Chillida, curieux et capable de s’émerveiller toute sa vie.

Il aimait la musique, en particulier Bach. Ses suites sont nos compagnons de voyage dans cette Txirrita.

Son œuvre est musicale. Pour l’aborder, nous utilisons des termes comme rythmes, silences, vibrations, variations.

Chillida et les jeunes : on comprend et ressent la relation que Chillida entretenait avec les enfants grâce à une magnifique archive Antenne 2 de 1976, dans laquelle Chillida rencontre des enfants à la Fondation Maeght, à Saint-Paul-de-Vence. Un incroyable moment de dialogue et d’échange. Responsable du département Education de Chillida Leku Nausica nous raconte comment les enfants ont un lien fort avec le monde de Chillida et pourquoi il leur parle autant.

Pour en savoir plus, découvrez : https://www.museochillidaleku.com/en/