En 2018, à l’âge de 46 ans, Stéphane Lachance se sentait fatigué en enseignant. Cependant, la fatigue était si soudaine et si intense qu’il s’est immédiatement rendu aux urgences après avoir terminé sa journée de travail. Le diagnostic est tombé aussi vite que sa fatigue est arrivée : il était diabétique de type 2, croyait-on à l’époque.
Avec le recul, il reconnaît désormais les signes avant-coureurs de la maladie. Les semaines avant cet épisode, je me levais la nuit, j’avais soif, je devais aller aux toilettes
.
Si on ne prend pas soin de soi en tant que diabétique, les conséquences sont très graves et durent longtemps donc c’est un peu comme si ça me giflait ! Ensuite, j’ai fait un 180 degrés.
Il décide donc de suivre les recommandations de son médecin de famille, trouvé in extremis grâce à sa sœur, et d’apporter des changements importants à son hygiène de vie, notamment pour modifier son alimentation et reprendre une activité physique.
Mon message est que [le diabète] Ce n’est pas une “phrase” […]. Je l’ai utilisé davantage comme motivation.
Ça m’a fait peur
avoue celui qui décide alors de se lancer dans la course.
Depuis son diagnostic, Stéphane Lachance s’est mis à la course à pied et en est devenu accro.
Photo : gracieuseté de Lisa Lachance
Faire face à la maladie un kilomètre à la fois
Bien qu’au départ rempli d’une grande motivation, M. Lachance, en surpoids et plus sédentaire, reconnaît combien ses débuts ont été difficiles.
J’ai eu du mal à courir un kilomètre, j’ai dû m’arrêter, j’ai dû marcher
il se souvient.
Au bout de trois semaines, j’ai failli abandonner et un de mes collègues, qui est un excellent coureur, m’a convaincu de continuer.
C’est alors qu’il entame la préparation d’une première épreuve locale de course à pied avec le soutien de son collègue et ami Cédrick Jean-Pierre, dans le but de participer à une course locale sur route de 10 milles, soit 16 kilomètres.
Ces 10 milles, quand j’ai fini, je pensais avoir fait quelque chose de si génial ! J’étais fier de moi, mais je ne me suis pas arrêté
dit M. Lachance.
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Stéphane Lachance attribue son succès en course à son ami Cédrick Jeanpierre, qui l’a encouragé à continuer et avec qui il s’entraîne toujours. Ils détiennent la boucle de ceinture tant convoitée, que seuls les coureurs qui parcourent 100 miles en 24 heures peuvent gagner.
Photo: Courtesy Donna Jeanpierre
Les kilomètres et les exploits sportifs s’accumulent alors : semi-marathons, marathons et courses de 50 km.
Le tout culminant au printemps 2024 lorsqu’il réussit l’exploit extraordinaire de courir 100 milles (160,93 km) en 24 heures.
Ajuster, encore et encore
Cette histoire pourrait ainsi se terminer, avec cet exploit remarquable, mais Stéphane Lachance tient aussi à partager le fait que les choses ne sont pas toujours faciles.
Il décrit son dernier marathon, cet automne à Toronto, comme dur
et décevant
. Il a parcouru les 12 derniers kilomètres avec des crampes sévères, incapable de courir plus de trois ou quatre cents mètres à la fois
.
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Gérer le diabète n’est pas facile. Stéphane Lachance explique recevoir l’aide et les conseils de plusieurs spécialistes, dont une nutritionniste.
Photo : Avec l’aimable autorisation de Mélanie Opaski
Le diabète prend 180 décisions de plus qu’une personne normale par jour
dit-il, et sa maladie évolue constamment.
À chaque repas, à chaque fois que l’on mange, à chaque fois que l’on bouge un peu, il faut penser à tout cela.
S’il a passé deux ans sans prendre de médicaments, il a désormais besoin d’insuline.
Compte tenu de son niveau d’activité physique élevé, il utilise depuis avril une pompe à insuline, plutôt que de s’injecter à chaque fois, parce que c’est le diabète, c’est une gestion constante
souligne-t-il.
Depuis cette première visite aux urgences en 2018, les médecins ont enfin précisé son diagnostic qui leur échappait. Il souffre de diabète de type 1,5, une forme hybride de la maladie qui touche environ 10 % des diabétiques.
Son pancréas, qui produit toujours un peu d’insuline, il est peut-être arrivé à sa fin
selon ses médecins. Il ne peut pas courir sans son téléphone et doit toujours avoir du sucre avec lui.
Une réflexion s’impose peut-être aussi sur le nombre de kilomètres qu’il parcourt, lui qui court près de 3000 km annuels depuis 2 ans.
J’ai besoin de bouger, ça me fait du bien mentalement aussi !
Il espère cependant que son message brillera. L’exercice régulier et une alimentation saine sont essentiels, dit-il.
Il n’est pas nécessaire que ce soient des marathons !
dit-il. Mais il croit fermement qu’avant de développer un diabète, il faut bouger un peu plus et mieux manger.
Des chiffres qui parlent
Au Canada, environ 3,8 millions de personnes de plus d’un an vivent avec un diagnostic de diabète, selon l’Agence de la santé publique du Canada. Un chiffre qui représente 9,6% de la population.
Quant à la Fédération Internationale du Diabète, elle estime que 10,5% des personnes âgées de 20 à 79 ans seraient atteintes de la maladie et prévoit que ce sera un adulte sur 8 en 2045.
Elle recommande de pratiquer une activité physique régulière, au moins trois à cinq jours par semaine, pendant au moins 30 à 45 minutes
.
La Journée mondiale du diabète est une journée officielle des Nations Unies depuis 2006 et est célébrée chaque année le 14 novembre, jour de l’anniversaire de Frederick Banting (1891-1941), scientifique et médecin canadien qui a découvert l’insuline avec Charles Best en 1922.
Source : Site Internet des Nations Unies
L’Organisation Mondiale de la Santé considère le diabète comme l’un des grands défis de santé publique du siècle.