« Les antibiotiques ne sont pas automatiques et le bon traitement n’est pas nécessairement un médicament. » C’est par ces deux slogans que l’Assurance Maladie a conclu sa conférence de presse présentant un aperçu de l’usage du médicament. Malgré cette campagne de communication, les Français restent de très gros consommateurs de médicaments en Europe.
« Nous sommes dans les trois premiers », confirme son directeur général, Thomas Fâtome. Au total, 41 boîtes de médicaments sont achetées par an et par personne. Le tout pour un remboursement de 410 euros en moyenne. Un chiffre stable depuis plusieurs années, précise le directeur. Seule une consultation médicale sur cinq n’aboutit pas à une prescription de médicament en France, contre un tiers, voire la moitié dans les autres pays européens.
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Parmi les médicaments populaires, le Doliprane semble être le gagnant. La marque paracétamol atteindra 308,2 millions de boîtes vendues en 2023. C’est quatre fois plus que le deuxième médicament le plus vendu, Dafalgan, toujours du paracétamol. La molécule est prescrite sur ordonnance à près de 70 % des Français.
Beaucoup d’entre eux ont également bénéficié d’analgésiques dits de niveau 2, à savoir les opioïdes. Pour rappel, ils seront plus étroitement encadrés dans les prescriptions, afin de prévenir tout risque d’addiction, a rappelé le médecin. Sophie Kelley, responsable des produits de santé à l’Assurance Maladie.
Ce succès du Doliprane et du Dafalgan s’explique par le fait que les deux médicaments bénéficient d’une exception française de non-disponibilité de génériques. Un accord est conclu avec le gouvernement pour protéger ces deux marques de la concurrence de nouveaux entrants moins chers. Or, Doliprane fait partie de la filiale Opella, propriété de Sanofi, et est en passe d’être cédée majoritairement à un fonds américain.
25,5 milliards d’euros de remboursement
La grande quantité de médicaments consommés en France pèse sur l’Assurance maladie. En 2023, 25,5 milliards d’euros de médicaments ont été remboursés, soit 12 % des dépenses totales, en hausse constante depuis 2021. Des chiffres attribués à un taux de remboursement en hausse, lié à la poursuite de la croissance dans des conditions de long terme couvertes à 100 %. Surtout, le nombre de médicaments innovants et coûteux ne cesse d’augmenter.
Pour enrayer cette hausse exponentielle des dépenses, plusieurs questions sont sur la table. À commencer par le remboursement toujours croissant de médicaments apportant peu d’avantages médicaux. Cela concerne un tiers des sommes actuellement remboursées.
«C’est un phénomène, un élément qui nous interroge en termes de durabilité»a admis Thomas Fatôme, soulignant que d’autres pays ont choisi de ne pas rembourser ce type de médicaments.
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Les médicaments contre le diabète à l’honneur
L’autre enjeu sera également le suivi de la prescription de médicaments comme le sémaglutipe, plus connu sous le nom d’Ozempic, pour les personnes diabétiques. Cependant, il est prouvé que cet analogue de l’hormone Le GLP-1 favorise la sensation de satiété et réduit l’appétit pour les produits gras et sucrés. Aux Etats-Unis, les ventes ont explosé, portées par les influenceurs en quête de perte de poids. Un abus que l’Assurance maladie veut tenter de combattre par un contrôle très strict des prescriptions.
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« C’est notre molécule phare dans la lutte contre la fraude », a confirmé Marguerite Cazeneuve, directrice adjointe de l’Assurance maladie.
Depuis octobre, ce même médicament est autorisé en Europe pour les personnes obèses sous le nom de Wegovy, à un dosage plus élevé qu’Ozempic. Pour l’instant, aucun remboursement n’est possible pour Wegovy mais le dossier est actuellement à l’instruction. Nul doute que là aussi, le niveau de vigilance sera particulièrement élevé.