« 27 % des créateurs disparaîtraient », estime la Sacem

« 27 % des créateurs disparaîtraient », estime la Sacem
« 27 % des créateurs disparaîtraient », estime la Sacem

Nous avons réalisé une étude pour commencer à faire des calculs sur les risques de remplacement, par des œuvres d’intelligence artificielle, d’œuvres créées par des humains. Et on arrive à un chiffre qui est terrible : 27% des créateurs disparaîtraient», alerte mardi 4 juin Cécile Rap-Veber, directrice générale de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). Et depuis l’intelligence artificielle”retravailler” Et “dilué« des œuvres originales au point qu’elles ne peuvent plus être identifiées, la question du droit d’auteur et de la rémunération est encore plus délicate.

De plus, tuUne taxe de streaming a été récemment adoptée par le Parlement dans le cadre du budget 2024, pour financer la création musicale. Pour Cécile Rap-Veber, ce qui compte, »c’est avant tout la manière dont il sera distribué et comment il participera à terme à la croissance de notre écosystème« . Elle ajoute que c’est une bonne idée d’encourager «l’émergence et l’export de nos champions français qui, grâce à la mondialisation des plateformes, ont enfin l’opportunité de toucher un public à travers le monde« .

- : Le chanteur Calogero se dit scandalisé après l’utilisation de sa chanson par le RN 1987, lors de son meeting dimanche pour les élections européennes. Comprenez-vous sa colère ?

Ce qu’il est très important de savoir, c’est qu’un compositeur, un créateur, un interprète conserve l’intégralité de ses droits moraux. Ce n’est pas quelque chose qu’il cède, par exemple, à la Sacem. Alors, heureusement, Calogero est totalement libre de décider s’il considère qu’une utilisation de son œuvre porte atteinte à ses droits moraux. C’est ce qu’il a exprimé, c’est ce qu’il pense. Et donc, dans ce contexte, il a des actions qu’il peut entreprendre tout en démontrant évidemment l’étendue de ses dégâts.

« Calogero est totalement libre de décider ce qu’il fait de ses droits moraux. Il est le seul à pouvoir décider.

Cécile Rap-Veber

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Cela pose la question de l’utilisation des chansons sans l’autorisation de leur auteur. Une question d’autant plus cruciale à l’ère de l’intelligence artificielle et notamment de l’IA générative. Nous avons vu apparaître des deep fakes plus vrais que nature, le plus connu étant une fausse chanson de Drake et The Weeknd. Ce phénomène vous inquiète ?

Ce phénomène nous inquiète. Mais j’ai presque envie de vous dire que tant qu’on peut encore identifier de quelles sources les intelligences artificielles se sont inspirées, finalement, on peut traquer, on peut poursuivre, on peut attaquer pour parasitisme ou contrefaçon. Ce qui sera pour nous un défi bien plus grand dans le futur, très proche en fait, car nous en voyons déjà les résultats, c’est que les intelligences artificielles doivent se nourrir des travaux préexistants, notamment tous les travaux de la Sacem. Elle y aspire et finalement, elle parvient à produire de nouvelles œuvres au bout du processus.

C’est exactement ce qui s’est passé avec ce nouveau titre, puisque l’auteur, Ghostwriter977, avec cette chanson, a généré des millions de vues. Cela pose la question du droit d’auteur lui-même, un nouveau droit d’auteur.

Oui. Alors, comme il s’inspire encore fortement d’œuvres préexistantes, c’est là qu’il aura sûrement à partager. La question qui se pose, c’est à partir du moment où vous auriez des intelligences artificielles qui retravaillent, diluent tellement les œuvres originales qu’elles ont initialement utilisées, qu’on n’arrive plus à trouver exactement quelles sont les œuvres sur lesquelles on doit rémunérer les créateurs originaux. Alors que faisons nous? La Sacem a été la première entreprise au monde à exercer son droit d’opposition, dit « opt out ». C’est-à-dire que nous avons informé toutes les sociétés d’intelligence artificielle que si elles venaient à se former sur notre répertoire de la Sacem, il leur était désormais interdit de le faire, sauf si elles disposaient d’une licence chez nous. .

Est-ce le cas ? Faut-il des licences ?

Évidemment, ils ne demandent jamais rien. Vous imaginez bien qu’il n’y a pas de diffuseur qui s’adresse directement à la Sacem. Mais d’un autre côté, nous avons commencé à engager des discussions avec certains d’entre eux. La Sacem a en effet cet avantage de devenir depuis dix ans le leader mondial du numérique. Toutefois, il ne vous aura pas échappé que l’intelligence artificielle est aujourd’hui principalement développée par Google, Amazon, Microsoft, Apple, Méta, qui sont déjà des personnes avec qui nous interagissons au quotidien. Alors évidemment, nous avons commencé à discuter avec toutes ces entreprises.

Mais en attendant, voyez-vous se multiplier des œuvres réalisées sans autorisation, à partir d’œuvres existantes ?

Nous ne les voyons pas encore. Cependant, nous avons mené une étude avec notre société sœur, qui s’appelle Gema en Allemagne, pour commencer à faire des calculs sur les risques de remplacement, par des œuvres d’intelligence artificielle, d’œuvres créées par des humains. Et on arrive malheureusement à un chiffre qui est terrible puisque ce serait 27% de créateurs qui disparaîtraient, ce qui représente environ 2,7 milliards d’euros cumulés d’ici cinq ans pour les seuls Français et Allemands. , donc vous imaginez au niveau mondial.

“Ce que je n’arrive pas à comprendre pleinement aujourd’hui, c’est lesquelles de ces œuvres ont été créées uniquement par l’intelligence artificielle, car pour le moment, elles sont encore soumises par des êtres humains.”

Cécile Rap-Veber

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La taxe streaming a été mise en place pour financer la création musicale. La plateforme Spotify annonce déjà une augmentation de ses abonnements de 0,13 euro par mois à partir du mois prochain. Cette taxe était-elle une bonne idée ?

L’avenir nous le dira. Car c’est avant tout la manière dont il sera distribué et comment il contribuera in fine à la croissance de notre écosystème. Car même si aujourd’hui, on peut se contenter du fait qu’il y ait du streaming, il y a quand même un taux de pénétration en France qui est très faible, on parle de 17%, ce qui est bien en dessous de celui qui a lieu en Angleterre ou aux Etats-Unis. États.

Sauf qu’en attendant, Spotify augmente ses abonnements.

C’est une très bonne nouvelle.

“Cela fait des années que nous demandons à Spotify d’augmenter ses abonnements.”

Cécile Rap-Veber

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Ils étaient encore en dessous du marché par rapport à des acteurs comme Apple et comme Deezer aux Etats-Unis. Il faut tout de même savoir qu’ils viennent d’augmenter pour la deuxième année, portant leur abonnement à 11,99$, et qu’il n’y a pas de taxe sur le streaming aux Etats-Unis.

On voit aussi des mesures de rétorsion : Spotify est absent des festivals cet été.

Oui, j’ai trouvé ça très triste. Et puis en même temps, j’ai découvert qu’il y avait une très bonne nouvelle. Spotify vient de publier ces résultats globaux avec un milliard de bénéfices. Je suis donc convaincu qu’il saura à nouveau nouer de nouveaux partenariats.

La Sacem publie ses résultats financiers. Ils sont bons : 1,5 milliard pour 2023, soit une augmentation de 5 %, un tiers pour le numérique, mais en même temps un appauvrissement de la profession.

Alors pourquoi ? Car aujourd’hui, les méthodes de création ont énormément évolué. Vous avez des créateurs qui continuent de gagner leur vie à peu près de la même manière depuis dix ans avec ce qu’on appelle la musique pour les images. Tout ce qui est audiovisuel est assez durable. Les vies se portent plutôt bien. Mais avant, quand on était sur un CD, on avait la chance d’avoir neuf ou dix titres et il y avait un marché d’albums. Aujourd’hui, c’est fini, vous avez non seulement un marché unique sur le streaming, mais aussi, là où d’habitude vous étiez un ou deux à créer une œuvre, maintenant, bien souvent, vous êtes dix ou douze à partager les revenus générés. . Alors évidemment, pour certains qui ne sont pas interprètes et qui ne peuvent pas composer seuls, c’est plus difficile qu’avant.

La taxe streaming est une bonne idée pour favoriser deux choses : l’émergence et l’exportation de nos champions français qui, grâce à la mondialisation des plateformes, ont enfin la possibilité de toucher un public partout dans le monde.

 
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