« Annoncer sa maladie à son enfant est un défi »

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« Annoncer sa maladie à son enfant est un défi »

Par

Yann Defaque

Publié le

2 novembre 2024 à 8h16

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Faire face au diagnostic, endurer les traitements et leurs terribles effets secondaires, perdre sa féminité, se relever… Le parcours du combattant ou plutôt le parcours du combattant imposé par le le cancer, c’est toi a forcé Virginie Prudhomme, une habitante deAbbeville (Somme) pour se transformer en guerrier.

Annoncer la maladie à sa fille : une épreuve

Une guerre contre ce fléau avec une épreuve à laquelle la habitante d’Abbeville n’était pas prête : l’annonce de sa maladie à sa fille Victoire, 8 ans.

Actuellement en rémission, cette maman de 44 ans a accepté de mettre sa pudeur de côté pour revenir sur cette période douloureuse.

Quand on m’a diagnostiqué, j’étais dévasté, je me sentais même mal.

Virginie Prudhomme

Sa vie a soudainement basculé un jour de juillet 2023. « En faisant le ménage, j’ai naturellement passé ma main sur ma poitrine et j’ai senti comme une petite bille dans ma poitrine. Je n’ai pas compris parce que j’avais fait un mammographie il y a quatre mois et il n’y avait rien. Quand j’ai immédiatement fait une autre mammographie, ils ont confirmé ce que j’avais ressenti et une semaine plus tard, une biopsie a été réalisée », se souvient la mère.

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Le diagnostic a été violent et clair : « On m’a annoncé sans hésitation que j’avais un cancer et que je devais prendre rendez-vous avec mon médecin pour connaître les démarches à suivre. J’étais dévasté, je me sentais même mal. »

Virginie a dû attendre octobre pour être prise en charge. «Lorsque j’ai été opéré, ils ont découvert que la boule qui mesurait 7 mm en juillet avait atteint une taille de 7 cm. Ils ont tout enlevé et j’ai dû repartir de là chimiothérapie. J’ai suivi une quinzaine de séances sur environ cinq mois. »

Immergé dans un monde avec sa violence et ses conséquences

Un monde qu’Abbeville a découvert avec sa violence et ses conséquences. «J’étais vraiment perdu. Une semaine avant ma première séance, j’ai posé beaucoup de questions. Qu’est-ce que ça allait me faire, comment j’allais pouvoir m’occuper de ma fille… » ​​Pour protéger Victoire, Virginie décide dans un premier temps de ne pas lui révéler sa maladie.

« Au début, j’ai menti à ma fille. Je lui ai dit que les médecins devaient enlever une petite grosseur et que j’avais besoin d’injections pour guérir. Je ne pouvais pas lui dire le mot cancer. Mais je le regrette… J’ai vite compris qu’un enfant ressent tout et comprend très bien ce qui se passe », raconte la maman avec émotion.

Un jour, alors que je prenais une douche, tous mes cheveux sont tombés.

Virginie Prudhomme

« Avec le recul, je regrette de ne pas lui avoir dit dès le début et expliqué ma maladie. Je voulais la protéger mais elle a cherché elle-même des informations pour comprendre pourquoi je n’étais plus la même » poursuit Virginie qui n’a jamais trouvé la force de montrer à sa fille sa tête sans cheveux. .

« J’aimerais créer une association pour échanger, s’entraider et ne pas être seul »

Alors qu’elle lutte contre un cancer du sein, Virginie Prudhomme est confrontée à une solitude lourde et très contraignante. « En tant que mère célibataire, les tâches quotidiennes sont devenues très difficiles. J’étais tellement fatiguée que je n’avais pas la force de conduire ma fille à l’école. Faire du shopping, emporter un sac d’eau ou faire une lessive m’était impossible. »
Un constat qui a donné à l’Abbevillais l’idée de créer un groupe « pour que les femmes malades ne se retrouvent pas seules. Je sais qu’il existe des associations comme l’ACC 80 (Agir contre le cancer) qui proposent des activités et font beaucoup contre le cancer du sein. L’idée serait de permettre aux femmes touchées par cette maladie de se rencontrer, d’échanger des idées, de se donner des conseils. Nous pourrions également nous entraider pour faire les courses ou promener le chien de quelqu’un qui est physiquement faible. »

« Un jour, en prenant une douche, tous mes cheveux sont tombés… J’ai eu un carré et en un instant, je n’avais plus rien, la tête nue. Je n’oublierai jamais ce moment. J’ai pleuré pendant une heure et demie dans la salle de bain, je ne voulais pas ressortir sans cheveux. On perd toute notre féminité. Je ne voulais pas que ma fille me voie comme ça», se souvient la habitante d’Abbeville qui avait anticipé ce changement d’apparence traumatisant.

«Comme je savais que j’allais perdre mes cheveux, j’avais déjà acheté une perruque qui ressemblait à ma coiffure d’origine. »

L’esprit 80% de la réussite du traitement

Puis, tandis qu’elle lutte contre la souffrance et une fatigue générale intolérable, la mère recevra le soutien de sa fille. Une phrase qui va déclencher une vague d’émotion et lui enlever un poids devenu trop lourd.

« Un jour, ma fille m’a dit : « Tu aurais dû me dire que tu avais un cancer, maman. Je sais ce que c’est, je l’ai vu Tik Tok. « Victoire m’a été d’une grande aide. Elle était mon meilleur remède. Quand on m’a dit que l’esprit était à 80% de la réussite du traitement, je peux vous dire que c’est très vrai. »

On ne parle pas de guérison mais de rémission

Pour « ne pas sombrer », Virginie se souvient : « Je pensais à mes enfants. J’écoutais de la musique pour ne pas penser à la maladie. Physiquement, j’étais au plus mal mais psychologiquement, je me remettais sur les rails. Nous nous battons pour nos enfants. »

Un an après l’intervention, la résidente d’Abbeville va mieux. Les cheveux ont repoussé « même si je n’ai pas encore trouvé mon carré », plaisante-t-elle tout en parvenant à se projeter dans l’avenir.

« Quand quelque chose comme ça vous arrive, vous voyez la vie différemment et vous voulez la vivre pleinement. Mon objectif est d’ouvrir une boutique spa aux poissons. Une pratique qui consiste à plonger les pieds dans une piscine et à laisser des petits poissons grignoter les peaux mortes. Je recherche un local en centre ville. »

Virginie veut offrir sa perruque à une autre femme

Si cette douloureuse épreuve est derrière elle, la résidente d’Abbeville ne peut se permettre d’évoquer le mot guérison comme le lui rappelle au quotidien cette petite boîte encore présente dans sa poitrine servant au traitement.

« Ils me laissent le carton si la maladie revient. De toute façon, on ne nous parle jamais de guérison mais de rémission. C’est comme si nous étions en sursis. »

En conclusion lors de notre entretien, tel un symbole, Virginie propose d’offrir sa perruque (blonde) à une femme qui en a besoin suite à la perte de ses cheveux.

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