Cannes 2024. « Le plus précieux des biens », le film plein d’humanité de Michel Hazanavicius

Cannes 2024. « Le plus précieux des biens », le film plein d’humanité de Michel Hazanavicius
Cannes 2024. « Le plus précieux des biens », le film plein d’humanité de Michel Hazanavicius

Côté cinéma, il aura tout fait pour nous : des parodies de films d’espionnage avec OSS177un hommage à l’ère du silence avec L’artisteune comédie sur Jean-Luc Godard avec Le redouté et un autre sur les zombies (Couper, présenté en ouverture du festival il y a deux ans.)

Revoici Michel Hazanavicius sur la Croisette avec un très beau Film d’animation, Le bien le plus précieux, adapté du conte du même nom, signé de l’écrivain et scénariste Jean-Claude Grumberg.

L’histoire est celle d’un pauvre bûcheron polonais qui trouve un bébé jeté d’un train de la mort, au fond d’un grand bois, « à une époque où la guerre mondiale faisait rage ». Elle décide de la garder et de la protéger “petits biens” contre toute attente : son courageux mari d’abord, mais surtout les haineux qui traitent les juifs de « sans cœur ».

« Un rapport très intime à cette histoire »

Cette histoire fait écho au passé familial de Hazanavicius. “J’ai en fait une relation très intime avec cette histoireil a dit. Je viens d’une famille juive d’Europe de l’Est. Mes grands-parents et mes parents, qui étaient enfants pendant la guerre, sont des survivants du génocide, même s’ils n’étaient pas dans les camps.. »

Jean-Claude Grumberg, c’est aussi « leur meilleur ami depuis l’âge de 15 ans. Il écrit sur ce thème depuis soixante ans et, vers l’âge de 80 ans, a trouvé une manière apparemment simple de raconter une histoire extrêmement profonde. »

Michel Hazanavicius hier à Cannes où « La plus précieuse des marchandises » a clôturé la présentation des films en compétition pour la Palme d’Or. | OUEST-FRANCE
Afficher en plein écran
Michel Hazanavicius hier à Cannes où « La plus précieuse des marchandises » a clôturé la présentation des films en compétition pour la Palme d’Or. | OUEST-FRANCE

“Je dessine depuis l’âge de 10 ans”

Adapter au cinéma ce qui est «déjà un classique» il juge, était “un gros travail”. Michel Hazanavicius a lui-même dessiné les personnages de cette fable. Leurs silhouettes et leurs traits, soulignés de noir, rappellent les estampes et illustrations des recueils de contes des années 1930. « Je dessine depuis l’âge de 10 ans, pour moi-même. Surtout les êtres humains. J’avais une idée de ce que je voulais transmettre et quand j’ai montré mes croquis au studio d’animation (Studio 3.0, à Angoulême), il a été convenu que nous partirions d’eux. »

On pense aussi à la peinture russe, aux estampes japonaises, et aux premiers Disney devant le rendu des décors, extrêmement élégants dans leur simplicité, dans une gamme de couleurs réduite. « Avec Julien Grande, le directeur artistique, nous sommes arrivés à une image que j’ai voulu modeste. » Les évocations de camps d’extermination, de fours et de charniers font l’objet d’une autre forme de stylisation. Le réalisateur a évoqué pour elle la mémoire du génocide au Rwanda.

Le pauvre bûcheron devant un train de la mort traversant sa forêt. | CANAL STUDIO
Afficher en plein écran
Le pauvre bûcheron devant un train de la mort traversant sa forêt. | CANAL STUDIO

J’ai essayé d’avoir toujours une approche délicate des choses. Il a également été réalisé par Jean-Claude. Il m’a dit : « Tu sais, c’est une histoire ; nous nous adressons également aux enfants. Nous voulons qu’ils sachent ce qui s’est passé. Mais ne leur faites pas peur non plus. »

« Le pire peut révéler le plus beau »

« Il fallait trouver une cohérence graphique avec l’idée que l’essentiel de l’histoire, au-delà de la Shoah, c’est que, même dans les pires situations, ce qu’il y a de plus beau peut se révéler chez les hommes et les femmes. » Cela a réussi.

Après Dumbode Disney, Prix du meilleur film d’animation à Cannes en 1947, Persépolis, de Marjane Satrapi, Prix du Jury en 2007, Le bien le plus précieux remportera-t-elle la prestigieuse Palme d’Or ce soir ?

La concurrence sera rude avec Émilie Pérezpar Jacques Audiard, ou Les graines du figuier sauvage, de l’Iranien Mohammad Rasoulof, autre film puissant présenté hier, dernier jour de la compétition. Résultats des courses ce soir, au Palais des Festivals.

Le bien le plus précieux, auxquels Dominique Blanc, Jean-Louis Trintignant, Denis Podalydès, Grégory Gadebois ont prêté leur voix, sortira en salles le 20 novembre.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Aliments végétaux ultra-transformés, comme les chips, liés aux maladies cardiovasculaires
NEXT L’IA de Meta refuse d’imiter Michel Houellebecq