la résilience théâtrale de la Libanaise Chrystèle Khodr

la résilience théâtrale de la Libanaise Chrystèle Khodr
la résilience théâtrale de la Libanaise Chrystèle Khodr

Autrice, comédienne et réalisatrice libanaise basée à Beyrouth, Chrystèle Khodr, née en 1983, œuvre depuis 20 ans à travers son théâtre à reconstruire la mémoire collective du Liban. Rappelons que le pays hôte de la Biennale a été ravagé par une terrible guerre civile (1975-1990, ayant fait entre 150 000 et 250 000 morts), qu’il est encore frappé par le conflit israélo-palestinien qui s’étend au sud -Liban, ainsi que depuis 2019 par une crise économique sans précédent.

Sa pièce « Ordeal » débute le 1er septembre 2020, célébrant le centenaire de la création du Grand Liban, en pleine crise politique et un mois après l’explosion du port de Beyrouth. “Ascension et chute de la Suisse orientale», est une lecture performative qui sera réalisée le 17 mai par Chrystèle Khodr dans la cour du musée Granet, le théâtre Antoine-Vitez, dans le cadre de la Biennale. Entretien.

Pourquoi avoir choisi un texte norvégien dans « Ordalie » pour évoquer la situation sociale et politique au Liban ?

Les prétendants à la couronne est l’une des dernières pièces historiques écrites par Henrik Ibsen. Il s’agit d’une pièce fantastique viking qui dépeint de nombreux royaumes et rivalités se déroulant au XIIIe siècle au cours des 20 dernières années de 400 ans de guerre civile et de division de la Norvège. La pièce se termine par la paix civile. J’ai choisi des scènes sans action, où les gens parlent, et j’ai retenu quatre personnages que j’ai confiés à mes comédiens, nés comme moi au Liban dans les années 80. « Ordalie » parle ainsi de ma génération qui a passé les sept premières années de sa vie dans un pays en guerre civile, comme dans la pièce d’Ibsen, et qui a hérité d’un pays bâti sur une loi d’amnistie générale. La pièce d’Ibsen se termine par la paix civile, tandis que la mienne commence par la fin de la paix civile, en septembre 2020.

La pièce reflète-t-elle l’histoire récente du Liban ?

Non, pas directement, l’action se concentre sur la nuit où les quatre amis se retrouvent sur un champ de ruines, comme un héritage intime qu’ils tentent de sauvegarder. Ils essaient de résister, de « passer à l’action », mais l’action n’est pas définie. Ce n’est pas une pièce historique, mais une pièce incarnée à l’échelle individuelle, sur l’amitié, le deuil et bien d’autres choses.

Est-ce une manière d’appeler au travail sur la mémoire ?

Oui, mais pas seulement. C’est d’abord une œuvre théâtrale, qui interroge ce que l’on peut faire face à tant d’impunité, quand les choses s’empilent les unes sur les autres, avec des couches et des couches et des couches. Que pouvons-nous faire face à toutes ces années d’ingérence et toutes ces années de corruption ?

 
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