Depuis vingt ans, toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans sont invitées à passer une mammographie de dépistage du cancer du sein tous les deux ans. Toutefois, moins d’une personne sur deux le fait. Pourtant, « ce dépistage est une opportunité, il sauve des vies », insiste sans cesse le docteur Stéphane Cornélis, médecin coordonnateur au centre régional de coordination du dépistage des cancers.
Une femme sur huit sera confrontée au cancer du sein au cours de sa vie. Mais en cas de détection précoce, les chances de guérison sont de 90 %. Le dépistage est donc un acte essentiel dans la lutte contre cette maladie qui, avec 60 000 nouveaux cas chaque année, reste le cancer le plus répandu et le plus mortel chez les femmes.
Véritable enjeu de santé publique, le programme organisé de dépistage du cancer du sein, répandu sur tout le territoire national depuis 2004, propose une mammographie tous les deux ans à toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans dites « à risque moyen ». Mais pour observer une réduction significative de la mortalité, il faudrait que 70 % des femmes invitées y participent.
Cancer du sein : de meilleures chances de guérison et des traitements moins lourds grâce au dépistage
A peine plus d’une femme sur deux dans l’Yonne
Or, en 2022-2023, moins de la moitié des Françaises ont réussi cet examen, avec seulement 46,5 % de participation. Après avoir augmenté jusqu’en 2011-2012, la participation au programme tend à diminuer, pour toutes les tranches d’âge et toutes les régions, et cela est encore plus prononcé depuis la crise sanitaire du Covid.
« Dans l’Yonne, nous restons au-dessus de la moyenne nationale, avec 53,3 % de participation », rapporte le docteur Stéphane Cornélis, médecin coordonnateur au centre régional de coordination du dépistage des cancers (CRCDC). Par ailleurs, la région Bourgogne Franche-Comté est celle qui obtient les meilleurs résultats de France, à 54,1 %. Nous ne sommes donc pas les pires, mais c’est encore loin de l’objectif. »
Le Docteur Stéphane Cornélis est médecin coordonnateur au centre régional de coordination du dépistage des cancers de Bourgogne France Comté. Photo d’archive.
Baisse générale du nombre de dépistages
D’autant que cette participation a tendance, localement aussi, à diminuer : « On constate malheureusement une baisse de l’activité de dépistage par rapport à 2022, une campagne se déroulant sur deux ans. L’année 2024 ne sera pas aussi bonne que 2022. Nous sommes quand même assez inquiets. D’autant que je ne vois aucun impact d’Octobre Rose : les femmes ne font plus de mammographies suite à cette mobilisation… »
Les obstacles à cet examen restent encore nombreux et multifactoriels. Les femmes qui ne participent pas évoquent fréquemment « la peur de l’examen et des résultats, l’absence de symptômes ». « Pourtant, recevoir cette invitation au dépistage est une opportunité, il faut en être conscient », insiste le docteur Stéphane Cornélis. Ce courrier peut vous sauver la vie ! »
prime “Les traitements contre le cancer du sein sont de plus en plus ciblés” selon le docteur Marc Espié, l’un des spécialistes les plus reconnus en France
Avec sept centres de radiologie et 22 radiologues, l’Yonne est plutôt bien équipée : « Nous avons les moyens de réaliser tous les dépistages, et les délais restent très corrects », assure le médecin, qui constate néanmoins quelques disparités territoriales, « en Puisaye notamment ». , où le taux de participation au dépistage est bien plus faible qu’ailleurs, ou que dans le nord du Sénonais. Dans ces secteurs, le centre régional de coordination du dépistage des cancers mène des actions locales pour « tendre la main » aux populations concernées. « Nous essayons de prêcher la bonne parole toute l’année. Nous devons vraiment encourager les femmes à se faire dépister. La seule chose qu’ils risquent, c’est de sauver leur vie ! »
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Cécile Carton