Emel, la voix et le chemin des femmes

Emel, la voix et le chemin des femmes
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“Je dois pousser d’autres voix” : Emel, chanteuse devenue icône de la révolution tunisienne en 2011, sort un album concocté par des femmes en studio et au micro, avec notamment des rappeuses d’Iran ou d’Irak.

“Il m’a fallu tout ce temps pour me rendre compte que je n’avais pas fait jusqu’ici un gros effort pour la représentation des femmes dans la musique”, commence l’artiste, née à Tunis et qui vit désormais à New York, rencontrée à Paris par l’AFP.

Auparavant entourée de « mecs », qu’elle « aime », la chanteuse a cette fois fait appel à des collaboratrices pour concevoir « Mra » – un mot arabe qui désigne la femme – sorti récemment.

« Nous voilà en 2024, beaucoup de femmes, productrices ou chanteuses, sont encore invisibles dans l’industrie musicale, ce sont toujours les mêmes qui ont les contrats » souffle la quadragénaire.

La pièce maîtresse de l’album est « Souty », servie par un clip autour du regard des femmes. Comme cette employée de ménage, qu’on ne regarde pas, ou cette femme d’affaires pas prise au sérieux par ses collègues masculins.

“Au-delà des femmes dans la musique, j’ai un devoir de parler de tous ces travailleurs acharnés, de cette charge mentale, sociale, psychologique qui pèse sur ces femmes, j’ai voulu que nous, les femmes, soyons connectées”, dévoile l’artiste.

Au départ, Emel avait pensé à demander à des personnalités établies du showbiz comme le rappeur MIA de travailler sur cet album. Mais il est vite apparu plus judicieux de favoriser « d’autres voix », moins écoutées.

Sur « L’amour », Justina, rappeuse de l’underground iranien, vient déposer son flow. « Je me suis dit qu’il fallait porter les voix des femmes iraniennes, c’est un des duos qui m’a le plus bouleversé sur l’album », avoue Emel.

“C’est une chanson un peu folle, pas beaucoup de narration, beaucoup d’abstraction, je joue avec les codes, les langues, il y a aussi un peu de français.” Emel utilise également l’arabe et l’anglais sur le disque.

“Sénile”

Celui qui s’est fait remarquer en chantant a cappella lors des manifestations de la révolution du jasmin en 2011 en Tunisie cherchait également un rappeur en arabe.

Le choix de « Lose my mind » s’est porté sur Nayomi, d’origine irakienne. Emel vante sa « voix rauque, son débit intense », ce « dialecte irakien brut que l’on connaît peu dans le monde arabe contrairement aux dialectes égyptien et libanais ». Parmi les autres invités, Camélia Jordana, bien connue en , contribue au titre « Mazel ».

Les fans qui sont entrés dans l’univers d’Emel à travers son album le plus connu, « Kelmti Horra » (2012), seront surpris par l’énergie électro qui se dégage de « Mra ».

Un changement pas si surprenant. Emel met des morceaux « grand public » comme « Aya Nakamura, Taylor Swift, Kanye West, Michael Jackson » dans ses playlists.

« La musique folklorique tunisienne est très rythmée, mais ici il fallait qu’elle soit forte », précise celui qui adopte des vers « plus courts », chantés « plus vite ».

« Kelmti Horra » est une expression arabe signifiant « Ma parole est libre ». C’est toujours le cas, y compris lorsqu’on l’interroge sur sa double nationalité tunisienne et américaine. “Je ne crois pas à ces conneries sur les frontières ou sur la supériorité d’un passeport sur un autre, c’est stupide mais c’est le cas et je peux me déplacer librement, emmener ma musique partout où je l’emmène.”

Emel, qui peut donc voter aux Etats-Unis, est « très en colère » face au choix entre Donald Trump et Joe Biden. « C’est un pays avec des mouvements extraordinaires, sur le plan historique, culturel, social et créatif, mais malheureusement nous nous retrouvons avec deux hommes séniles… »

 
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