Claire Berget, l’archetière qui sublime le son des instruments anciens

Claire Berget, l’archetière qui sublime le son des instruments anciens
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La vision et l’ambiance du mini-atelier animé par un bijoutier lors d’un salon ne la quittent plus depuis sa classe de sixième. Une vision que Claire Berget a pu concrétiser il y a quinze ans en rédigeant sa thèse sur la viole de gambe (un instrument) pour devenir archetière d’instruments anciens. Un métier rare – il en existe une dizaine en spécialisées dans les archets anciens – et d’excellence, qu’elle a appris auprès de Craig Ryder, maître d’art.

“Pour un musicien, l’archet est aussi important que le violon lui-même”

Outre ses qualités esthétiques, l’archet doit permettre à l’artiste d’exprimer sa virtuosité. « C’est un instrument à part entière qui doit être en accord avec le musicien. En cas de stress dans l’interprétation d’un morceau difficile, il faut pouvoir s’appuyer mentalement et faites-lui confiance. Pour un musicien professionnel, l’archet est aussi important que le violon lui-même. »

De taille variable selon l’instrument auquel il est destiné, l’archet agit en duo, complice indispensable des cordes qu’il fait vibrer. Avant de trouver la meilleure solution pour un nouvel arc, il est nécessaire d’écouter la personne qui l’utilise et de diagnostiquer ses besoins. La conception et la réalisation prennent en compte différents paramètres tels que l’instrument auquel il est destiné, l’ergonomie, les mensurations du musicien, son répertoire habituel…

Claire Berget confectionne ses arcs chez elle, dans le vieux Tours.
© (Photo NR, Jocelyne Chanteguet)

L’arc est fait avec « le matériau le plus simple et le plus ancien qui soit. On part d’une planche de bois exotique comme l’amorette ou le boco, qui vient de Guyane, ou de bois européens comme le prunier, le cormier ou l’if. Nous avons découpé une bande que nous avons rabotée et poncée pendant des heures. Puis, entre la hausse et la tête de l’arc, on tend une mèche de crin de cheval de Mongolie ou de Sibérie que l’on fixe à l’intérieur d’une mortaise..

Cette étape est très importante car la mèche sur laquelle sera appliquée la colophane, un dérivé de la résine de pin, doit être parfaitement ajustée afin de faire sonner parfaitement les cordes de l’instrument. Contrairement à une majorité d’archetiers qui signent leur création de leurs initiales, Claire a choisi d’incruster une pierre cabochon dure au bout de ses arcs. Ce qui leur donne une touche de couleur, élégante et unique.

Retour en grâce

Sous l’impulsion d’une nouvelle génération de musiciens attirés par les instruments anciens, le métier d’archet baroque revient sur le devant de la scène. Les archetiers d’aujourd’hui s’inspirent des représentations du 17e et 18e siècle pour fabriquer leurs instruments. Des exemples qui « donner de précieuses informations sur la forme, la taille, les mesures et les matériaux utilisés, la position du pouce… »

Mais parfois, les circonstances et les délais ne permettent pas d’entreprendre un travail de recherche et d’analyse. Le 29 février 2024, à l’occasion du Victoires de la musique classiqueClaire Berget devait produire en urgence pour Salomé Gasselin, sacrée gambiste « révélation soliste instrumentale » : « Elle venait d’acquérir une très vieille viole de gambe datant de 1653, et elle avait du mal à trouver un archet adapté pour faire sonner correctement son instrument. Instinctivement, j’ai conçu et fabriqué un archet qui a permis de redonner toute sa noblesse à un instrument vieux de près de 400 ans. »

 
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