– Les raviolis orientaux arrivent chez vous
Sous la marque Anna’s Delights, deux Ukrainiennes, une mère cordon bleu et sa fille dynamique, livrent aux Genevois des spécialités d’Europe de l’Est. Testé et aimé.
Publié aujourd’hui à 13h02
Avez-vous déjà mordu dans un khinkali? Il s’agit de tendres raviolis géorgiens à la pâte élégamment plissée, farcis de viande et généralement accompagnés de bouillon, avec un petit chapeau central. Stratégique, le bouchon. « On saisit ce petit bout et on mange les raviolis avec nos doigts. En Géorgie, utiliser des couverts est très, très mal vu », sourit Anna Kuzmina. Anna est née en Ukraine il y a une trentaine d’années. Elle vit à Genève. Avec sa mère cordon bleu, elle a lancé « Les délices d’Anna »un service de livraison à domicile de spécialités maison des pays de l’Est.
« Nous venons de Kharkiv, la deuxième ville du pays, particulièrement exposée à la guerre compte tenu de sa proximité avec la frontière russe », explique-t-elle. Les combats font toujours rage dans la métropole de l’Est. Cette semaine, les images de la destruction de la tour de télévision de 240 mètres de haut ont fait le tour du monde. «Ma mère est venue se réfugier à Genève il y a deux ans. Au début, elle avait le mal du pays. Elle est très active, tout comme moi. Nous avons trouvé quelque chose à faire.
Anna est arrivée sous nos cieux bien avant le début de l’invasion. D’abord comme pensionnaire à Villars-sur-Ollon, à l’âge de 14 ans. Elle étudie ensuite la psychologie à l’Université de Genève puis la criminologie à Lausanne. «J’étais vendeuse de bijoux chez Globus, assistante personnelle pour une famille et enfin serveuse à l’hôtel Fairmont», raconte-t-elle. «J’y travaille toujours, parallèlement à un travail de bureau.» Vaillante, la jeune femme.
Meilleures ventes
La maman cuisine donc, « parfois de 7h à 19h ». À l’ancienne : rouleau à pâtisserie et jus de coude. « Elle n’est pas très ouverte aux nouvelles technologies », s’amuse Anna, qui assure les livraisons entre deux chantiers. “Sans voiture, avec les TPG !” Les raviolis sont congelés. Il faut compter une trentaine de francs le kilo et un délai de quatre à cinq jours après la commande pour pouvoir croquer dedans. “Sauf les best-sellers, dont nous gardons toujours un petit stock.”
Des best-sellers ? Les voici : les incontournables pelmenis Russe, avec du porc ou du bœuf ; le susmentionné khinkali Géorgiens ; et le vareniki Les Ukrainiens, dans leur version salée, par exemple avec des pommes de terre, ou sucrée, farcie de petits fruits rouges. Le chef peut également concocter le smétanaune sorte de crème fraîche épaisse, et le tvorog, fromage frais, cousin du fromage blanc, qui entre dans la composition des sirniki, une sorte de beignets qu’on adore sous les cieux slaves. Sans oublier les blinis façon Anna’s Delight, de fines crêpes farcies de viande, roulées puis coupées en tronçons. Nourrissant, il va sans dire.
Bouche à oreille
Les nouvelles recettes sont testées et peaufinées par les deux Ukrainiens. Ils rêvent d’ouvrir leur bistro. Entre-temps, le bouche à oreille et le profil Instagram d’Anna leur ont valu un petit public fidèle, principalement parmi la diaspora russe et ukrainienne. Des tensions? « Vous savez, nous faisons de la cuisine et des affaires. Nous évitons de parler politique.
Jérôme Estèbe dirige la section culturelle et le supplément week-end. Il aborde notamment les thématiques gastronomiques et œnologiques. Il est lauréat du prix du journalisme local du Berner Zeitung 2002. Plus d’informations
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