Un vaccin anti-grippe au cœur d’une polémique entre Sanofi et le ministère de la Santé

Un vaccin anti-grippe au cœur d’une polémique entre Sanofi et le ministère de la Santé
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Polémique entre le ministère de la Santé et le géant français de la pharmacie Sanofi. Mardi, les autorités sanitaires françaises ont annoncé l’arrêt de la commercialisation d’un de leurs vaccins contre la grippe. Une décision prise après que Sanofi a dénoncé la commercialisation par les autorités sanitaires de son médicament à un prix trop bas.

Nous souhaitons vous informer du retrait du marché du vaccin Efluelda commercialisé par le laboratoire Sanofi dans les prochaines semaines », a annoncé la Direction générale de la Santé, qui dépend du ministère, dans un message aux pharmaciens.

Baptisé « Eflueleda », ce vaccin est réservé aux personnes de plus de 65 ans et a été spécifiquement développé pour protéger les personnes les plus à risque de complications. La dose du médicament est quatre fois plus élevée que celle de son homologue « VaxigripTetra », un autre vaccin contre la grippe plus traditionnel de Sanofi.

Sanofi n’est pas d’accord

Constatant que le prix était trop bas, le groupe pharmaceutique a donc justifié son choix d’arrêter la commercialisation de l’Efluelda, en rejetant la responsabilité sur les autorités sanitaires. ” Les autorités ont décidé de fixer son nouveau prix à un niveau inférieur aux coûts de production et de distribution de ce vaccin. », a justifié Sanofi dans un communiqué.

Le groupe, qui met également en avant le fait d’avoir investi 50 millions d’euros pour maintenir une partie de la production du vaccin en France, « regrette cette décision qui rend impossible la mise à disposition de ce vaccin « .

Doute sur l’efficacité supérieure du vaccin

Cette confrontation s’inscrit dans un contexte de débats sur les bénéfices réels d’« Efluelda » sur la santé des patients, par rapport aux vaccins antigrippaux traditionnels. Si une série d’études établissait la plus grande efficacité de ce vaccin chez les personnes à risque, ce serait à une échelle relativement limitée.

Sanofi mise sur l’immunologie pour assurer son avenir

Nous disposons de plus de 10 ans d’études, dont de nombreuses études cliniques, démontrant la supériorité d’Efluelda par rapport à (ndlr : en relation avec) [des] vaccins antigrippaux à dose standard, hospitalisations attribuables à la grippe et complications cardiorespiratoires », a expliqué Sanofi à l’AFP.

N’étant pas convaincues, les autorités sanitaires françaises refusent donc, contrairement à des pays comme les Etats-Unis, de recommander ce vaccin plus qu’un autre aux plus de 65 ans. Ce qui justifie, selon elles, de ne pas le payer plus cher.

Le sujet des prix « trop bas » des médicaments sur la table

Ce débat s’inscrit également dans un contexte plus large où l’industrie pharmaceutique estime régulièrement que la France fixe les prix des médicaments trop bas. A cet égard, Sanofi a obtenu mardi le soutien d’un important syndicat de pharmaciens, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

Santé : l’enjeu de délocaliser la pharmacie de demain en France

Devant la caméra, le gouvernement assure mettre tout en œuvre pour garantir l’accès aux produits de santé ; en fait, elle persiste dans une politique tarifaire toujours plus restrictive et dans un paradigme de santé à bas prix. », a accusé le syndicat dans un communiqué. Interrogé par l’AFP, le ministère de la Santé n’a pas réagi.

Cette décision ne devrait en aucun cas affecter la quantité de vaccins contre la grippe disponibles, puisque Sanofi promet de proposer son vaccin classique en remplacement aux pharmacies ayant précommandé « Efluelda ».

Pas de chance pour Sanofi

Le géant pharmaceutique français se trouve actuellement dans une phase économique délicate, avec une rentabilité en baisse. En février dernier, Sanofi a annoncé un bénéfice net de 5,436 milliards d’euros pour l’exercice 2023, en baisse de plus d’un tiers par rapport à 2022. Son chiffre d’affaires stagne à 43,07 milliards d’euros (+0,2% en données publiées). Quant à son résultat net d’activités, indicateur privilégié par le groupe qui exclut les effets exceptionnels, celui-ci a baissé en 2023 de 1,8% à 10,15 milliards d’euros.

Ces résultats en baisse ont contraint Sanofi à revoir sa stratégie. L’entreprise concentrera désormais ses efforts de recherche en immunologie, qui traite des maladies du système immunitaire, plutôt qu’en oncologie, où les succès sont jugés insuffisants.

Une décision qui se traduira par la suppression de 1 200 postes dans son secteur R&D, dont 330 en France, principalement sur le site de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) où 298 suppressions sont prévues, et plus marginalement à Montpellier et Gentilly. (Val-de-Marne).

(Avec l’AFP)

 
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