Certains additifs alimentaires ruinent votre microbiote intestinal et favorisent le diabète de type 2

Certains additifs alimentaires ruinent votre microbiote intestinal et favorisent le diabète de type 2
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En Europe et en Amérique du Nord, 30 à 60 % de l’apport énergétique alimentaire des adultes provient d’aliments ultra-transformés. Un nombre croissant d’études épidémiologiques suggèrent un lien entre une consommation élevée d’aliments ultra-transformés et un risque accru de diabète et d’autres troubles métaboliques.

Les aliments ultra-transformés seraient également impliqués dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Décryptage avec Julie Kern dans La Santé sur Listen. © Futura

Les émulsifiants font partie des additifs les plus couramment utilisés dans ces aliments. Ils sont souvent ajoutés aux aliments industriels transformés et conditionnés tels que certaines pâtisseries, gâteaux et desserts, yaourts, glaces, barres chocolatées, pains industriels, biscottes, margarines et plats préparés, afin d’en améliorer l’apparence, le goût, texturetexture et leur duréedurée conservation. Ils comprennent notamment les mono- et diglycérides d’acides gras, les carraghénanes, les amidons modifiés, les lécithines, phosphatesphosphatesLE cellulosecellulosegommes et pectinespectines.

Comme pour tous les additifs alimentaires, la sécurité des émulsifiants a été préalablement évaluée sur la base des preuves scientifiques disponibles au moment de leur évaluation. Cependant, certaines recherches récentes suggèrent que les émulsifiants pourraient perturber le microbiote intestinal et augmenter le risque d’inflammation et de perturbation métabolique, conduisant potentiellement à résistance à l’insulinerésistance à l’insuline et la survenue du diabète.

Analyser les mécanismes liant les additifs émulsifiants et la survenue du diabète de type 2

Pour la première fois au niveau international, une équipe de chercheurs français de l’Inserm, de l’INRAE, de l’Université Sorbonne Paris Nord, de l’Université Paris Cité et du Cnam, regroupés au sein de l’Equipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren-Cress), s’est intéressée à la relations entre l’apport alimentaire en émulsifiants, cumulé sur un suivi maximum de 14 ans, et le risque de développer un diabète de type 2 dans une vaste étude en population générale. .

Les scientifiques ont entrepris d’étudier les liens possibles entre les habitudes alimentaires contenant des additifs émulsifiants et la survenue du diabète de type 2 entre 2009 et 2023. Ils ont analysé les données de santé de 104 139 adultes participant à l’étude de cohortecohorte l’entreprise française NutriNet-Santé, en évaluant spécifiquement leur consommation de ce type d’additif au travers d’enquêtes alimentaires tous les 6 mois. Les résultats de cette recherche suggèrent une association entreingestioningestion consommation chronique de certains additifs émulsifiants et risque accru de diabète. Ils sont publiés dans la revue Lancet Diabète et endocrinologie.

Les résultats s’appuient sur l’analyse des données françaises de 104 139 adultes (âge moyen 43 ans ; 79 % de femmes) ayant participé à l’étude de cohorte NutriNet-Santé (voir encadré ci-dessous) entre 2009 et 2023.

Les participants ont enregistré en ligne tous les aliments et boissons consommés ainsi que leur marque (pour les produits industriels), sur au moins deux jours d’enregistrement des aliments. Ils ont été régulièrement interrogés sur leur consommation alimentaire, tous les 6 mois pendant 14 ans. Ces enregistrements étaient liés à base de donnéesbase de données afin d’identifier la présence et la dose d’additifs alimentaires (y compris les émulsifiants) dans les produits consommés. De la dosagesdosages des tests en laboratoire ont également été effectués pour fournir des données quantitatives. Cela a permis de calculer l’exposition chronique dans le temps à ces émulsifiants.

Effets nocifs potentiels sur le microbiote intestinal

Lors du suivi, les participants ont déclaré la survenue d’un diabète (1 056 cas diagnostiqués), et les déclarations ont été validées selon une stratégie multi-sources (incluant déclaration et remboursement des antidiabétiques). Plusieurs facteurs de risquefacteurs de risque bien connu pour le diabète, notamment l’âge, le sexe, le poids (IMCIMC), niveau d’éducation, antécédents familiaux, tabagisme,alcoolalcool et niveaux d’activité physiquephysiqueainsi que la qualité nutritionnelle globale de l’alimentation (y compris l’apport de sucresucre) ont été pris en compte dans l’analyse.

Après un suivi moyen de 7 ans, les chercheurs ont observé qu’une exposition chronique — évaluée par des données répétées — aux émulsifiants suivants était associée à un risque accru de diabète de type 2 :

  • carraghénanes (carraghénanes totaux et E407 ; risque accru de 3 % par incrémentincrément 100 mg par jour);
  • phosphate tripotassique (E340 ; augmentation du risque de 15 % par augmentation de 500 mg par jour) ;
  • estersesters Monoglycérides d’acide acétyltartrique et diglycérides d’acides gras (E472e ; risque accru de 4 % par incrément de 100 mg par jour) ;
  • citratecitrate de sodiumsodium (E331 ; augmentation du risque de 4 % par incrément de 500 mg par jour) ;
  • gomme guar (E412 ; augmentation du risque de 11 % par palier de 500 mg par jour) ;
  • gomme arabique (E414 ; augmentation du risque de 3 % par palier de 1 000 mg par jour) ;
  • gomme xanthane (E415, augmentation du risque de 8 % par palier de 500 mg par jour).

Limites de l’étude

Cette étude constitue une première exploration de ces relations mais des investigations plus approfondies sont désormais nécessaires pour établir des liens de causalité. Les chercheurs ont cité plusieurs limites de leur étude, telles que la prédominance des femmes dans l’échantillon, un niveau d’éducation plus élevé que la population générale, ainsi que des comportements généralement plus favorables à la santé parmi les participants à l’étude. NutriNet-Santé. Il faut donc se garder de généraliser les conclusions à l’ensemble de la population française.

L’étude bénéficie néanmoins d’un échantillon de taille considérable et les chercheurs ont pris en compte un grand nombre de facteurs susceptibles d’induire des biais de confusion. Ils ont également utilisé des données détaillées et uniques sur l’exposition à additifs alimentairesadditifs alimentaires, avec un niveau de détail descendant jusqu’aux marques de produits industriels consommés. De plus, les résultats restent cohérents dans diverses analyses de sensibilité, ce qui renforce leur fiabilité.

“ Ces résultats apportent des éléments clés pour enrichir le débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation d’additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs. »

[Les analyses de sensibilité en épidémiologie visent à tester la robustesse des modèles statistiques en faisant varier certains paramètres, hypothèses ou variables dans le modèle pour évaluer la stabilité des associations observées. Par exemple, dans cette étude, une prise en compte additionnelle de la consommation d’édulcorants a été réalisée, ainsi que de la prise de poids au cours du suivi et d’autres maladies métaboliques]

Ces résultats sont issus d’une seule étude observationnelle pour l’instant, et ne permettent pas à eux seuls d’établir un lien de cause à effet. Elles doivent être reproduites dans d’autres études épidémiologiques à travers le monde, et complétées par des études toxicologiques expérimentales et interventionnelles, pour mieux éclairer les mécanismes. classeurclasseur ces additifs émulsifiants et la survenue du diabète de type 2. Ils apportent des éléments clés pour enrichir le débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation d’additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs. », expliquent Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, et Bernard Srour, maître de conférences à l’Inrae, principaux auteurs de l’étude.

Qu’en est-il de l’impact du mélange d’additifs alimentaires ?

Parmi les prochaines étapes, l’équipe de recherche se concentrera sur les variations de certains marqueurs sanguins et microbiotemicrobiote intestinales liées à la consommation de ces additifs, pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents. Elle s’intéressera également aux impacts sanitaires des mélanges d’additifs et à leurs potentiels « effets cocktails ». Travailler toxicologuestoxicologues permettra également de tester l’impact de ces expositions dans le cadre d’expérimentations in vitroin vitro Et in vivoin vivorassembler davantage d’arguments en faveur d’un lien de causalité.

 
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